Thrombose artérielle : signes, causes, traitements

La thrombose artérielle se caractérise par l'obstruction d'une artère irriguant un organe (le coeur, le cerveau, les jambes). À quoi est-elle due ? Comment la prévenir et la guérir ? Réponses avec le Dr Jean-Pierre Laroche, médecin vasculaire.

Thrombose artérielle : signes, causes, traitements
© Christoph Burgstedt

Définition : qu'est-ce qu'une thrombose artérielle ?

La thrombose artérielle se caractérise par la formation d'un caillot de sang dans les artères qui irriguent un organe, ayant pour conséquence de faire souffrir cet organe. 
Si ce phénomène peut se produire dans toutes les artères du corps, les localisations les plus fréquentes sont :

  • Les artères des jambes avec l'apparition d'une artériopathie au niveau des jambes.
  • Les artères coronaires irriguant le muscle cardiaque : en cas d'obstruction, un infarctus du myocarde ou une angine de poitrine surviennent.
  • Les artères du cerveau : une obstruction de celles-ci entraîne un AVC.

Thrombose artérielle de l'œil

La thrombose de l'œil correspond à l'occlusion d'une veine rétinienne ou d'une artère rétinienne. Si les symptômes varient selon le degré d'obstruction et sa localisation, ces obstructions se traduisent généralement par une baisse de vision brutale, l'apparition de taches, de corps flottants et de lignes déformées dans la vision. En revanche, ces symptômes ne s'accompagnent d'aucune douleur. Cette pathologie nécessite une prise en charge en urgence pour éviter la cécité. "Un voile devant l'œil transitoire ou amaurose peut être en relation avec une sténose carotidienne, détectable à l'écho-doppler", ajoute le Dr Jean-Pierre Laroche.

Thrombose artérielle cérébrale

La thrombose artérielle cérébrale se caractérise par la présence d'un thrombus (caillot de sang) dans l'artère carotide située dans le cou ou une artère du cerveau. Elle entraîne un accident vasculaire cérébrale (AVC), qui se manifeste par des maux de tête, des troubles visuels, des troubles du langage, des vomissements, une faiblesse d'un côté du corps ou encore des crises d'épilepsie. En présence d'un ou plusieurs de ces signes, il faut immédiatement appeler le 15 (SAMU). "L'accident ischémique transitoire cérébral qui dure moins de 5 minutes est très évocateur d'une pathologie carotidienne. L'écho-Doppler, puis l'IRM cérébrale, sont les examens de référence. Les signes cliniques de l'AOT à ne pas manquer sont : faiblesse ou paralysie soudaine d'un côté du corps (par exemple, la moitié du visage, un bras ou une jambe ou la totalité d'un côté), perte de sensation subite ou sensations anormales d'un côté du corps, difficulté soudaine à parler", précise le médecin vasculaire.

Thrombose artérielle à la jambe

L'ischémie aigue des jambes désigne l'obstruction d'une artère des jambes. Celle-ci se traduit par une douleur soudaine et intense dans la jambe qui devient pâle et froide. Ces symptômes s'accompagnent parfois d'une perte de sensibilité dans le membre inférieur. "Les artères des jambes peuvent se boucher si le patient a une artérite, c'est-à-dire une atteinte de la paroi artérielle par des surcharges qui sont dues au tabac ou au cholestérol. Les traitements endovasculaires et la chirurgie représentent le traitement de base des artères. L'ischémie artérielle aigue peut entrainer amputation de membre", commente le Dr Jean-Pierre Laroche

Quels sont les signes ?

La thrombose artérielle se manifeste par une ischémie, c'est-à-dire une souffrance des muscles qui sont irrigués par les artères qui se bouchent. "Par exemple, l'infarctus au niveau du cœur se traduit notamment par une douleur intense dans la poitrine, un essoufflement et une douleur qui irradie dans le bras gauche", détaille le médecin vasculaire. 

Quelles sont les causes ?

"Les facteurs favorisant l'obstruction des artères par des caillots sanguins sont identiques, quelle que soit la localisation de la thrombose. Il s'agit des facteurs de risques cardiovasculaires, à savoir : le cholestérol, l'alcool, le tabac, l'hypertension artérielle, le diabète, la sédentarité, l'obésité et l'hérédité cardiovasculaire", explique notre expert.

Quand et qui consulter ?

Des serrements au niveau de la poitrine qui sont susceptibles d'évoluer en thrombose doivent amener à consulter en urgence. De la même manière, une douleur dans la jambe à la marche doit alerter. Face à un accident ischémique transitoire (AIT) qui se manifeste par un voile devant l'œil, la main qui ne répond plus ou un trouble du langage, il faut consulter en urgence. 

Comment se fait le diagnostic ?

"Pour les thromboses périphériques, le diagnostic se fait essentiellement par l'écho-doppler et le scanner. Pour la thrombose des coronaires, il est posé grâce à une coronographie. Au niveau des carotides, par l'écho-doppler, et dans le cerveau par l'IRM cérébrale", rapporte le médecin vasculaire.

Quelles sont les complications ? 

Les complications des thromboses artérielles sont l'accident vasculaire cérébral (AVC), l'infarctus du myocarde, l'artériopathie des membres inférieurs, l'amputation de la jambe ou une ischémie digestive.

Quels sont les traitements ?

Quand il n'y a que la paroi artérielle qui est atteinte, le traitement consiste à corriger les facteurs de risques cardiovasculaires : il faut marcher pour lutter contre la sédentarité, arrêter de fumer, arrêter de boire, perdre du poids, équilibrer son diabète, sa tension artérielle etc. Le traitement médicamenteux de la thrombose repose quant à lui sur l'administration d'antiagrégants plaquettaires. Il y en a deux principaux : l'aspirine et le clopidogrel (Plavix®). Des interventions chirurgicales sont possibles : la thrombectomie, qui consiste à lever le caillot obstruant l'artère, et le pontage coronarien pour les coronaires, mais surtout les traitements endovasculaires.

Peut-on guérir ?

Le pronostic de la thrombose est en fonction de sa localisation et du degré d'obstruction de l'artère atteinte. "La prévention reste le meilleur moyen d'éviter la thrombose, informe le Dr Jean-Pierre Laroche. La prévention primaire consiste à corriger les facteurs de risques cardiovasculaires et à dépister les personnes à risque grâce à des techniques non invasives dès l'âge de 45 ans (bilan sanguin, écho-Doppler). Il faut savoir que l'hérédité cardiovasculaire n'est significative que si le père ou la mère du patient a eu un accident cardiovasculaire avant l'âge de 60 ans. Dans le cadre de la prévention secondaire, le patient a exprimé la maladie : des traitements vont lui être administrés, en complément de l'application de conseils d'hygiène de vie pour éviter la récidive. Entre autres, une marche active quotidienne de 30 minutes est recommandée."

Merci au Dr Jean-Pierre Laroche, médecin vasculaire. Son blog : www.medvasc.info