Polype du côlon : symptômes, qui saigne, bénin ou cancer ?
Si le polype colorectal est une tumeur bénigne, il est important de le retirer car il est susceptible d'évoluer en cancer, quelle que soit son origine. Quels sont les symptômes et les causes d'un polype ? Les facteurs favorisants ? Que faire quand il saigne ? État des lieux avec le Dr Franck Amoros, gastro-entérologue et hépatologue.
Définition : qu'est-ce qu'un polype du côlon ?
Le polype du côlon est une excroissance ou tumeur, souvent bénigne, qui apparaît le long de la paroi du côlon appelé aussi le "gros intestin". On parle de polypes quand ils sont peu nombreux et de polypose quand il s'agit d'un ensemble de polypes disséminés dans le colon. Les polypes du côlon peuvent être de formes aplaties (on parle dans ce cas de "polypes plan"). S'ils sont surélevés, on parle de "polypes sessile" s'ils n'ont pas de pied et de polypes pédiculés s'ils ont un pied. "Différents types de polypes peuvent survenir dans le colon. Le plus courant est le polype adénomateux, il s'agit d'une lésion précancéreuse, c'est-à-dire que cette tumeur, bénigne au départ, peut évoluer en cancer au bout d'un certain nombre d'années. Il existe d'autres types de polypes qui ne sont absolument pas dangereux tels que les polypes hyperplasiques que l'on peut laisser en place si on arrive à les caractériser de façon suffisante", explique le Dr Franck Amoros.
Quels sont les symptômes ?
Les polypes du côlon sont très souvent asymptomatiques. Leur présence peut cependant être suspectée en cas de sang ou de glaires dans les selles. "Le polype ne donne aucun signe clinique, c'est la raison pour laquelle il est important de faire des dépistages. Lorsque l'on attend les symptômes, une fois sur trois, c'est trop tard le polype est passé au stade de cancer", prévient le gastro-entérologue.
Quelles sont les causes ?
Plusieurs facteurs peuvent favoriser l'apparition de polypes au niveau du colon :
→ L'âge : après 50 ans, la fréquence des polypes devient beaucoup plus élevée. "C'est pour cela que des campagnes de dépistage par recherche de sang dans les selles grâce à un dispositif appelé FIT doit être fait tous les deux ans à partir de 50 ans, tient à préciser le spécialiste. Si la recherche de sang dans les selles est positive, une coloscopie est préconisée pour aller chercher s'il s'agit ou non de polypes. Il faut savoir que l'on en retrouve chez plus de 25% des patients présentant une recherche positive de sang dans les selles. À ce moment-là, dans le même temps que la coloscopie, on fait le traitement qui consiste à enlever les polypes. Le cancer du colon étant le premier cancer hommes femmes confondus, le deuxième chez la femme après le cancer du sein et le deuxième chez l'homme après le cancer de la prostate, c'est un cancer extrêmement fréquent. On dénombre entre 40 000 et 50 000 nouveaux cas par an en France."
→ Le sexe : les hommes font plus de polypes que les femmes.
Des antécédents familiaux de polypes ou de cancers colorectaux : il y a des familles qui présentent des gènes de prédisposition à faire des polypes. La plus classique, c'est la polypose adénomateuse familiale associées à de grandes quantités de polypes qui nécessitent une étroite surveillance. "En théorie, le dépistage du cancer du colon est conseillé à partir de 50 ans mais cela peut être plus jeune en cas d'antécédents familiaux. Par exemple, si l'un de vos parents a fait un cancer du colon à 40 ans, on va commencer le dépistage 5 ans avant chez vous parce que l'on va considérer qu'il y a une prédisposition génétique particulière, même si elle n'a pas encore été identifiée", nuance le Dr Franck Amoros.
→ Des facteurs alimentaires : une consommation excessive d'alcool, de tabac, d'aliments gras, de viande et de charcuteries favorise la survenue de polypes.
Polype qui saigne : que faire ?
Tout saignement rectal doit amener à consulter un gastro-entérologue. Celui-ci réalisera une coloscopie pour poser le diagnostic.
"Lorsqu'il a été retiré complètement, un polype ne revient pas"
Quel est le diagnostic ?
La présence de polypes peut parfois être détectée par un toucher rectal, mais l'examen de référence reste la coloscopie. Grâce à une sonde introduite dans l'anus, il permet d'examiner le rectum et le colon, de visualiser le polype, mais aussi de l'enlever ou d'effectuer des prélèvements pour savoir s'ils sont bénins ou malins. La réussite de la coloscopie est liée à l'état de préparation du colon. Non seulement il faut être à jeun pour réaliser cet examen (souvent sous anesthésie générale en France), mais il faut s'astreindre à un régime alimentaire particulier, sans pain, ni fruits, ni légumes, et procéder à une vidange complète des intestins. Ce lavage colique, se fait en général la veille et le matin de l'examen en avalant une purge de 2 a 4 litres d'eau mélangée à une préparation à base de polyéthylèneglycol (ou PEG).
Quels sont les traitements ?
Le choix du traitement se fait en fonction de l'emplacement et de la nature des polypes. Le médecin peut pratiquer une ablation pendant la coloscopie, lorsque les polypes sont bénins et faciles à retirer : on parle de polypectomie. L'ablation de la partie du côlon où se trouvent les polypes est aussi une option envisagée en cas de présence de nombreux polypes ou de tumeurs cancéreuses. "Un polype peut être adénomateux simple, c'est-à-dire en dysplasie de bas grade, ou adenomateux en dysplasie de haut grade, ce qui signifie qu'il a déjà fait une partie du chemin vers le cancer ou qu'il est déjà cancérisé. Quand la cancérisation est superficielle, le simple fait d'enlever le polype le guérit. Il n'y a pas besoin de traitement complémentaire", détaille le gastro-entérologue.
Quelles chances de guérison ?
"Lorsqu'il a été retiré complètement, un polype ne revient pas. En revanche, quelqu'un qui a fait des polypes va en refaire mais on ne sait pas à quelle vitesse. Un programme de surveillance est proposé aux patients en fonction de la nature des polypes : s'il y a 1 ou 2 polypes de petite taille, inférieurs à 1cm, un nouveau contrôle sera effectué 5 ans après. Si les polypes sont multiples ou font plus d'un centimètre, on va proposer un contrôle trois ans après. Si c'est quelqu'un qui a une prédisposition génétique familiale, on va adapter les contrôles en fonction de ça. Parfois ça peut être une fois tous les ans", indique le Dr Franck Amoros.
Prévention
Le polype du côlon peut être prévenu en adoptant une hygiène de vie particulière. Il faut arrêter de fumer, opter pour une consommation modérée d'alcool, adopter un régime alimentaire riche en fibres et pauvre en aliments gras, pratiquer une activité physique régulière et surveiller son poids.
Merci au Dr Franck Amoros, gastro-entérologue et hépatologue.