Allergie aux œufs : adulte, bébé, symptômes, comment faire ?
L'allergie aux œufs est l'une des allergies alimentaires les plus fréquentes, notamment chez l'enfant. Comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont ses causes ? Ses symptômes ? Traitements ? Le point avec le Dr Delphine Prince, médecin allergologue, membre expert de l'ARCAA.
Quelles sont les causes d'une allergie aux œufs ?
"L'allergie est une réaction inappropriée du système immunitaire qui se met à fabriquer des anticorps de la famille des IgE contre des éléments inoffensifs de l'environnement", explique le Dr Delphine Prince. Dans l'œuf, il y a le blanc et le jaune qui sont composés de différentes protéines et on n'est pas forcément allergique à la fois au blanc et au jaune et pas nécessairement allergique à l'œuf cru et à l'œuf cuit. "On est plus fréquemment allergique au blanc qu'au jaune, sachant que le jaune peut être contaminé par des traces de protéines du blanc. Et on est plus fréquemment allergique au cru qu'au cuit puisque certains allergènes sont détruits à la cuisson ou en tout cas dénaturés", continue-t-elle.
Quels sont les symptômes chez le bébé ?
Les symptômes de l'allergie à l'œuf surviennent fréquemment chez l'enfant. L'allergie à l'œuf représente 30% des allergies alimentaires de l'enfant. Elle apparaît en général vers l'âge d'un an et guérit spontanément aux alentours de 4 ans dans plus de 60% des cas, à condition d'avoir strictement évité les œufs. Les manifestations provoquées par une allergie à l'œuf peuvent être, isolément ou associés, une dermatite atopique, une urticaire, une conjonctivite, une rhinite, un asthme, des vomissements, des douleurs abdominales. Un choc anaphylactique peut s'observer dans de très rares cas.
Quels sont les symptômes chez l'adulte ?
Les symptômes classiques de l'allergie à l'œuf sont les suivants :
- Des réactions tout de suite en en mangeant et au plus tard 2 h après le repas ;
- Des plaques d'urticaire qui peuvent se situer autour de la bouche ou sur le corps ;
- Un angioedème (œdème de Quincke) : gonflement au niveau du visage, de la gorge, de la langue, des lèvres ;
- Une gêne respiratoire laryngée occasionnée par un œdème (gonflement) laryngé. Les signes de gonflement laryngé peuvent aussi se manifester par une difficulté à avaler et la dysphonie qui correspond à la modification de la voix s'il y a un œdème des cordes vocales ;
- Des crises d'asthme ;
- L'anaphylaxie : c'est la manifestation la plus sévère de l'allergie qui se traduit par l'exacerbation des symptômes cités ci-dessus, et une sensation de malaise souvent due à un choc anaphylactique. Les manifestations digestives peuvent également être présentes (mal au ventre, nausées).
Qui consulter ?
Il faut consulter un médecin allergologue. En complément, l'avis d'une diététicienne permet d'éviter certaines carences alimentaires provoquées par un régime sans œuf, lorsque celui-ci est recommandé.
Allergie à l'œuf et vaccin contre la grippe : comment faire ?
"Le vaccin contre la grippe est réputé pour être plus riche en protéines d'œuf mais les vaccins sont nettoyés, ils ont une teneur beaucoup plus faible en protéines de l'œuf que l'aliment en tant que tel. Seul un antécédent de réaction allergique à un vaccin recommande la pratique de tests", explique l'allergologue. Notons que le vaccin contre la fièvre jaune est lui aussi riche en protéines d'œuf et par conséquent, à éviter lorsque l'on est allergique.
Peut-on faire le vaccin ROR ?
Les vaccinations ROR restent possibles sans risque grâce aux spécialités disponibles en France.
Quels traitements contre une allergie aux œufs ?
"L'allergie à l'œuf a un bon potentiel de guérison. Elle disparaît généralement après l'âge de 6 ans. Le premier traitement de l'allergie est toujours l'éviction de l'allergène mais un bilan allergologique est nécessaire avant de se lancer dans un régime sans œuf, notamment pour distinguer s'il s'agit d'une allergie à l'œuf cru ou cuit, blanc ou jaune", prévient la spécialiste. Il faut savoir que l'œuf fait partie des 14 allergènes à déclaration obligatoire sur les produits étiquetés, les produits en vrac et en restauration. Attention également aux compléments alimentaires pour sportifs ainsi qu'aux cosmétiques (éviter les shampoings aux œufs). "Il faut avoir en permanence sur soi un kit d'urgence adapté au niveau de réactions que l'on fait. En cas de réactions légères et de troubles digestifs, un antihistaminique sera prescrit. En cas de troubles plus sévères ou d'éléments qui indiquent que la personne est à risque de développer une réaction allergique sévère (personne asthmatique), il faut être muni d'un stylo d'adrénaline (4 marques sont disponibles en France : ANAPEN, EPIPEN, EMERADE, JEXT). Parallèlement à l'injection d'adrénaline, il faut appeler le 15 (nécessité d'une surveillance de 12 heures aux urgences car risque de rebond de la réaction allergique), précise le Dr Delphine Prince.
Faut-il faire un régime sans œuf ?
Certains travaux ont démontré qu'un régime trop strict pouvait entraîner des carences alimentaires, déclencher un refus de consommer ultérieurement l'aliment exclu et même aggraver l'évolution de l'allergie alimentaire. Seul un médecin allergologue peut prendre la décision d'une restriction stricte ou plus souple, car il s'agit d'un praticien ayant suffisamment d'expérience pour conseiller les personnes allergiques. Cette décision dépend de plusieurs facteurs comme les résultats des tests cutanés (à la fois au blanc d'œuf cru , au blanc d'œuf cuit, au jaune d'œuf cru et au jaune d'œuf cuit) et du dosage des Ige spécifiques vis-à-vis de certaines protéines de l'œuf. Les seuls desserts autorisés sont les fruits crus ou cuits en compote. Utiliser des substituts d'œufs : présentés sous forme de poudre, ils sont fabriqués à partir d'amidon de maïs et de fécule de pomme de terre. Plusieurs sociétés commercialisent des desserts pour les allergiques à l'œuf.
En parallèle, il faut éviter les aliments pouvant contenir de l'œuf (produits laitiers comme le flan, la crème aux œufs…), les viandes et poissons panés, le pain, céréales et dérivés (les pains briochés, pâtes aux œufs, gnocchis, pizzas…), pommes de terre cuisinées, plats cuisinés à base de légumes (gratin dauphinois, pommes duchesse…), sucre et produits sucrés (mousse au chocolat, crème glacée…), sauces et matières grasses (mayonnaise, moutarde, bouillon cube…).
Quand peut-on réintroduire l'œuf ?
Il n'existe pas d'attitude type et unique en terme de réintroduction d'un aliment. Chaque situation et chaque enfant est différent. L'attitude dépend d'un certain nombre de facteurs, comme la sévérité des manifestations, le dosage des anticorps spécifiques, les tests cutanés, les tests de provocation. L'avis d'un professionnel est indispensable.
Merci au Dr Delphine PRINCE, allergologue, membre expert de l'ARCAA - association de Recherche Clinique en Allergologie et en Asthmologie (www.arcaa.info).