Diverticulose du côlon : symptômes, traitements, que manger ?

La diverticulose est l'anomalie du côlon la plus fréquente après les polypes. De quoi s'agit-il ? Quels symptômes ? Traitements ? Spécificités chez la femme ? Y-a-t-il des aliments à privilégier ? Réponses avec le Dr Didier Loiseau, gastro-entérologue.

Diverticulose du côlon : symptômes, traitements, que manger ?
© 123RF-Axel Bueckert

La diverticulose est une pathologie très fréquente, mais mal connue du grand public. Anomalie qui touche le côlon (le plus souvent à gauche), elle évolue silencieusement et est ainsi le plus souvent découverte lors d'une coloscopie. Explications avec le Dr Didier Loiseau, gastro-entérologue et auteur du livre "La diverticulose" aux éditions Medi-Text.

Définition : qu'est-ce qu'une diverticulose ?

La diverticulose est caractérisée par la formation de poches, sortes d'appendices, le long du côlon. "C'est une affection qui n'est pas congénitale mais acquise, explique le gastro-entérologue. Elle apparaît dans la vie, essentiellement après 50 ans. Mais on a de plus en plus de formes jeunes. J'avais établi une règle des 50-80 c'est-à-dire que 80% des diverticuloses se voient après 50 ans et 50% des gens qui ont 80 ans ou plus ont une diverticulose."

Quels sont ses symptômes ?

Une diverticulose, lorsqu'elle n'est pas compliquée, ne donne pas de symptômes. "On a longtemps pu confondre la diverticulose avec les troubles fonctionnels intestinaux ou le côlon irritable mais ce ne sont pas les mêmes pathologies même s'il y a peut-être une filiation entre l'un et l'autre" informe le Dr Loiseau. Ce sont les complications de la diverticulose qui font ses manifestations et sa gravité.

Quels sont les risques de la diverticulose ?

Une diverticulose peut entraîner des complications infectieuses - le plus courant en Occident - ou hémorragiques. "L'enjeu est de tout faire pour les éviter" prévient le médecin.

Diverticulite : la complication infectieuse de la diverticulose 

Les complications infectieuses de la diverticulose sont appelées "diverticulites" ou "sigmoïdites" parce qu'elles touchent préférentiellement le côlon sigmoïde. Mais parfois aussi d'autres parties du côlon. La diverticulite est un peu comme une appendicite : "On dit d'ailleurs que c'est une appendicite à gauche puisque le côlon sigmoïde est à gauche. Ce sont des douleurs très fortes, de la fièvre, une modification du transit intestinal" précise notre interlocuteur. La diverticulite peut entraîner un abcès si elle n'est pas bien prise en charge. Cet abcès peut s'ouvrir dans le péritoine et entraîner une péritonite. Il peut aussi s'ouvrir dans un organe voisin, le plus souvent la vessie ou l'intestin grêle, et causer alors des fistules. "Chez les femmes, c'est un peu particulier parce qu'entre la vessie et le colon sigmoïde, il y a l'utérus donc elles sont protégées de cette fistule colo-vésicale. Sauf quand elles n'ont plus d'utérus : le côlon repose à nouveau sur la vessie et peut donner cette complication" explique le médecin.

La diverticulite est au diverticule, ce que l'appendicite est à l'appendice.

Quelles sont les complications hémorragiques ?

La diverticulose peut entraîner des complications hémorragiques (rectorragies (saignements par l'anus) plus ou moins abondantes, anémie ou carence en fer...) mais "elles sont surtout fréquentes en Asie, moins en Occident" indique le Dr Loiseau. Pourquoi ? "Parce qu'en Occident -Europe et Etats-Unis- les diverticules siègent à gauche dans le côlon sigmoïde préférentiellement alors qu'en Asie, les diverticules prédominent à droite. Les diverticules qui sont à droite saignent plus facilement que celles qui sont à gauche. Même quand les Asiatiques émigrent en Occident, ils ont plutôt des diverticules à droite. Il y a probablement une dimension alimentaire, sociétale, anatomique ou génétique" explique le spécialiste.

diverticulose schéma diverticulite côlon
Schéma diverticulose et diverticulite © 123RF

Comment fait-on le diagnostic d'une diverticulose ?

La diverticulose est le plus souvent découverte lors d'une coloscopie. D'après les chiffres rapportés par le Dr Loiseau, sur plus de 900 000 coloscopies réalisées chaque année en France, le diagnostic de diverticulose du côlon est porté plus de 200 000 fois. "C'est un examen devenu très important et la plupart du temps c'est dans le cadre du dépistage préventif du cancer colorectal que l'on découvre une diverticulose qui, en général, n'est pas compliquée."

• Et de la diverticulite ?

Pour diagnostiquer une diverticulite, il faut faire une prise de sang. Celle-ci révèle alors un syndrome infectieux avec des globules blancs très élevés, et un syndrome inflammatoire via le taux de CRP qui est le bon marqueur de l'inflammation. "Quand on a ce tableau clinique et ces anomalies de la prise de sang, ce n'est pas une coloscopie mais un scanner abdomino-pelvien qu'il faut faire. C'est le scanner qui fait le diagnostic de diverticulite" explique le gastro-entérologue. Le médecin évalue l'importance de la diverticulite : soit elle est simple (la majorité des cas), soit elle est abcédée, soit elle est encore plus compliquée avec une péritonite.

Comment prévenir les complications de la diverticulose ?

Une alimentation spécifique ?

Des études ont avancé l'idée que ne pas manger la peau des légumes ou les pépins des fruits permettait de prévenir les complications de la diverticulose "mais il n'a jamais été prouvé que modifier son régime alimentaire pouvait limiter cela" réagit le Dr Loiseau. Par contre, la diverticulose est bien liée au mode alimentaire occidental : trop riche en viande rouge et trop pauvre en fibres alimentaires. C'est d'ailleurs pourquoi, elle est de plus en plus présente chez des personnes jeunes. Adopter une alimentation équilibrée avec au moins 30 grammes de fibres par jour est conseillé.

Eviter les médicaments "diverticulotoxiques"

Certains médicaments favorisent la diverticulite et peuvent l'aggraver. On dit qu'ils sont "diverticulotoxiques". Il s'agit notamment :

  • des anti-inflammatoires, 
  • des corticoïdes (par voie orale, pas ceux sous forme de crème), 
  • des anticoagulants,
  • des antiagrégants plaquettaires. Par exemple, la prise d'aspirine augmente le risque de diverticulite compliquée (avec des abcès).

Quand on a une diverticulose, il faut éviter de prendre ces médicaments et essayer de recourir plutôt au paracétamol si on a mal à la tête ou des douleurs. Et quand on doit prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), il faut se poser la question de savoir si c'est vraiment utile ou pas. Il est important de prévenir son médecin en cas de diverticulose. "Le médecin doit aussi demander : Est-ce que vous avez une diverticulose ?" ajoute le Dr Loiseau.

Augmenter son activité physique 

La sédentarité favorise la diverticulose du côlon alors que l'activité physique vigoureuse, très active, diminue le risque de complications "sans que l'on sache très bien pourquoi" précise notre interlocuteur.

Quelles spécificités chez les femmes ?

La diverticulose du côlon touche autant les femmes que les hommes, mais avec des spécificités chez elles :

  • La diverticulose démarre environ 10 ans plus tard chez les femmes, en comparaison aux hommes. 
  • Le diagnostic des complications infectieuses est plus difficile à cause des organes propres à la femme que sont l'utérus, les trompes et les ovaires. 
  • Le diagnostic est aussi compliqué en cas d'endométriose. 
  • Certains médicaments fréquemment utilisés par les femmes sont diverticulotoxiques : des médicaments pris contre la migraine ou les règles douloureuses. La prise d'anti-inflammatoires qui sont diverticulotoxiques est fréquente chez la femme, notamment chez les plus âgées lors de rhumatismes. 
  • Il y a des pathologies féminines particulières qui peuvent mimer ou ressembler à une diverticulite parce qu'elles entraînent aussi une douleur au niveau de l'abdomen, en bas et à gauche : "On doit se poser la question face à une telle douleur chez la femme parce que ça peut être une diverticulite, un kyste de l'ovaire, une salpingite, une endométriose. C'est là où le scanner est vraiment important. Sa finesse permet d'être sûr que c'est une diverticulite et pas une autre cause. L'échographie est déjà un bon premier examen chez les femmes alors qu'elle n'est pas rentable chez les hommes" détaille le Dr Loiseau. 

Quels sont les traitements ?

Le traitement de la diverticulose intervient en cas de complications : diverticulite, hémorragie... Au fil des années, la prise en charge a évolué parce que les connaissances sur la maladie et ses risques sont de plus en plus grandes : "On affine aujourd'hui les traitements qu'il faut faire, en particulier sur la chirurgie qu'on est en train de restreindre de façon considérable" explique le Dr Loiseau. Une diverticulite n'est ainsi plus opérée systématiquement : "La règle jusqu'à maintenant était de ne pas opérer mais de mettre en route un traitement antibiotique pour refroidir cette diverticulite. Si jamais il y a un abcès, on essaie de ne pas opérer mais de drainer cet abcès sous écho ou scanner pour retarder l'intervention chirurgicale. Quand il y a une péritonite, c'est une urgence, on opère pour drainer le péritoine et retirer cette partie infectée" poursuit le spécialiste.

Merci au Dr Didier Loiseau, gastro-entérologue et hépatologue, auteur du livre "La diverticulose. Le livre que tous ceux qui ont
une diverticulose devraient avoir lu" aux Editions MEDI-TEXT.

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