Douleur au côlon : pourquoi, symptômes, que faire, que manger ?

Douleur au côlon : pourquoi, symptômes, que faire, que manger ?

Constipation, lésions inflammatoires, cancer…De la plus bénigne à la plus grave, les douleurs au niveau du côlon peuvent avoir une origine très variée. Quelles sont les principales maladies associées à ce symptôme ? Comment les traiter ? Peuvent-elles être soulagées par l'alimentation ? Réponses avec le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue.

Définition : qu'est-ce que le côlon ?

Le côlon, également appelé gros intestin, est la partie terminale de l'appareil digestif située entre l'intestin grêle et l'anus ; sa partie terminale s'appelle le rectum. C'est lui qui assure la transformation des résidus issus des intestins en matières fécales et les stocke avant leur expulsion. Il est constitué de plusieurs segments successifs : le côlon droit ou ascendant, le côlon transverse, le côlon gauche ou descendant et le côlon sigmoïde, qui doit son qualificatif de "sigmoïde" à sa forme en "s". Le rectum sert de stockage transitoire juste avant l'expulsion lors de la défécation. 

Quels sont les symptômes d'une douleur au côlon ?

La douleur est un symptôme qui n'est spécifique ni de l'organe ni d'une maladie en particulier. "Quand il y a une douleur dans le ventre, la difficulté est de savoir à quel organe l'attribuer : estomac, pancréas, côlon ? Outre la douleur, les arguments qui font penser qu'il s'agit du côlon sont : la présence de troubles du transit associés (constipation, diarrhée), de ballonnements ou d'un excès de gaz ; la topographie en cadre de la douleur et si le fait d'évacuer un gaz ou d'aller à la selle soulage la douleur. La douleur colique est rarement une douleur continue et stable. Elle est souvent intermittente et fluctuante", indique le Dr Philippe Godeberge. 

En cas de douleurs au côlon, faut-il s'inquiéter systématiquement ?

Tout dépend du contexte, de l'âge du sujet, de l'intensité et des signes associés et bien sûr si on a affaire à une douleur aiguë ou à une douleur chronique. Pour les douleurs aiguës, il peut s'agir d'une colite infectieuse banale, d'une colite ischémique chez un patient tabagique, etc. En cas de fièvre, on pensera à l'appendicite ; en cas de vomissements, à une occlusion. "Mais habituellement ce n'est pas très grave ; en effet, le syndrome de l'intestin irritable est la première cause de douleurs coliques chroniques, rassure le gastro-entérologue. Mais on connaît aussi beaucoup d'autres causes. L'existence d'épisodes de fièvre, de diarrhées et de saignements chez des sujets jeunes va faire rechercher une maladie inflammatoire de l'intestin (maladie de Crohn) ". "Il semble utile de préciser ce qu'une douleur au côlon n'est pas", continue-t-il : 

  • Elle n'est pas liée à une allergie alimentaire, même si certains aliments peuvent déclencher des douleurs. Cela dépend des individus et des aliments, certains étant plus difficiles à tolérer que d'autres. 
  • Ce n'est pas relié à une éventuelle diverticulose. Les diverticules ne sont responsables de douleurs qu'en cas de perforation/ infection. On parle alors de diverticulite ; la douleur est aiguë et franche. 

Qui et quand consulter ?

"Même si on pense qu'une douleur est d'origine colique, certains critères doivent pousser à consulter s'ils sont présents, prévient le spécialiste : un saignement en allant à la selle (même si on est persuadé d'avoir des hémorroïdes) ; une perte de poids, des modifications récentes du transit ; des douleurs récentes et inhabituelles sans cause évidente ; une anémie ; une fièvre ; des vomissements violents". Bref, des signes de gravité qui doivent selon le contexte conduire aux urgences, chez son médecin traitant ou un gastroentérologue. 

Quel est le diagnostic ?

"Votre médecin va vous examiner et faire la synthèse pour au mieux formuler une hypothèse, et au minimum proposer des examens biologiques et morphologiques pour progresser dans le diagnostic", indique le Dr Philippe Godeberge. 

Examens 

L' examen le plus pratiqué pour explorer le côlon en cas de douleur colique est la coloscopie. Elle permet, avec un tube souple équipé d'une caméra, de visualiser la paroi du côlon, de faire des prélèvements et même de retirer des lésions. Mais d'autres examens peuvent être prescrits, comme l'échographie abdominale (qui ne visualise pas l'intestin mais les organes et les ganglions de la région afin d'éliminer d'autres diagnostics), le scanner ou l'IRM voire de simples radiographies de l'abdomen notamment aux urgences.  

Quels sont les traitements ?

"En dehors du traitement de la cause proprement dite, il est licite de traiter la douleur pour elle-même. On utilise selon les cas un antispasmodique, un antalgique non morphinique - comme le paracétamol. Dans certaines circonstances, de petites doses d'anxiolytiques sous la supervision d'un médecin peut s'avérer efficace", précise le gastro-entérologue. 

Que manger pour soulager la douleur ?

Le régime FODMAP permet de soulager les douleurs dues au syndrome de l'intestin irritable, première cause de douleurs au côlon. Ce régime alimentaire a pour but de diminuer les aliments riches en FODMAP, des glucides mal absorbés par l'intestin et donc peu digestes et qui fermentent dans le côlon. 

Autrement dit, les aliments à éviter sont : 

  • Les oligosaccharides (céréales comme l'avoine, le blé, le boulgour, le riz) ; les légumes secs (pois chiche, flageolets, haricots rouges) ; 
  • Les disaccharides (lactose) que l'on trouve dans les produits laitiers ;
  • Les monosaccharides (fructose) : on les trouve dans certains fruits : kiwi, cerise, raisin, pomme, prune, abricots secs…
  • Les polyols : chewing-gum, plats préparés…

Merci au Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue à Paris.

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