Cytolyse hépatique : cause, bilan, conduite à tenir, alimentation

Cytolyse hépatique : cause, bilan, conduite à tenir, alimentation

La cytolyse hépatique est la destruction des cellules du foie. Il convient d'en déterminer la cause pour pouvoir ralentir son évolution. Définition, symptômes d'alerte, bilan et taux à surveiller, traitements... Les explications du Pr Didier Samuel, chef de l'Unité d'Hépatologie et Réanimation hépatique de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif.

Définition : qu'est-ce qu'une cytolyse hépatique ?

Une cytolyse hépatique (ou hépatite cytolytique) est un processus de destruction des hépatocytes, autrement dit, des cellules du foie. Elle se manifeste par une augmentation du taux sanguin des enzymes transaminases synthétisées dans le foie. Ce type de phénomène se produit suite à des intoxications hépatiques importantes soit aiguës soit chroniques. Plus rarement, les cytolyses hépatiques peuvent survenir dans le cadre d'une grossesse et font dans ce cas leur apparition 4 à 6 semaines avant l'accouchement.

Quelles sont ses causes ?

"Il existe des causes virales aiguës et chroniques et des causes médicamenteuses, indique le Pr Didier Samuel auteur du livre "La crise de foie n'existe pas" aux éditions Marabout :

→ L'hépatite virale aiguë peut être provoquée par les virus de l'hépatite A, B, C, D, E. Il existe également des hépatites virales chroniques dues essentiellement au Virus de l'hépatite B ou C.

→ Parmi les causes de cytolyse chronique, l'alcoolisme chronique est une cause fréquente. Par ailleurs, la NASH, comprenez stéato-hépatite non alcoolique, peut engendrer une cytolyse. Il s'agit d'une inflammation du foie liée à l'accumulation de graisses dans le foie.

→ L'hépatite médicamenteuse, de son côté, est liée le plu souvent à un surdosage volontaire ou accidentel d'un médicament (exemple du Paracétamol), parfois à une réaction allergique. "Une très grande quantité de médicaments sont hépatotoxiques, c'est notamment le cas des antalgiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens", informe l'hépatologue.

Quels sont ses symptômes ? 

Les symptômes associés à une cytolyse hépatique aiguë sont :

  • des douleurs de l'hypochondre droit,
  • des nausées et des vomissements,
  • une jaunisse, due à l'augmentation du taux de bilirubine dans le sang

Ces symptômes sont présents de manière inconstante. Rapidement prises en charge, la majorité des cytolyses hépatiques aiguës évoluent vers la guérison. Dans le cadre d'une hépatite médicamenteuse, "la plupart du temps, le patient est asymptomatique", indique le Pr Didier Samuel. 

Quelles sont les complications ?

Pour une cytolyse aiguë :

"L'hépatite fulminante est une nécrose massive des cellules du foie, explique le Pr Didier Samuel. Elle entraîne une perte de la fonction hépatique". Elle constitue une urgence absolue. Ses symptômes se développent très rapidement. Le patient peut souffrir de troubles de la conscience pouvant aller jusqu'au coma et la mort. "Dans 10 à 20% des cas, elle peut guérir spontanément sans transplantation Hépatique ( le foie se régénérant). Cependant dans l'immense majorité des cas (80%) seule la transplantation hépatique d'urgence permettra de guérir le patient avec une survie supérieure à 80%", assure le médecin. Les virus de l'hépatite A et B sont les causes les plus fréquentes de l'hépatite fulminante. Mais elle peut aussi être liée à une hépatotoxicité médicamenteuse notamment au paracétamol par surdosage.

Pour une cytolyse chronique :

La cirrhose est la complication la plus fréquente des cytolyses chroniques. "La cytolyse chronique entraîne une réaction inflammatoire au niveau du foiequi génère l'apparition de fibrose. Le foie se durcit, sa structure se transforme. La cirrhose est le stade ultime de la fibrose, confie le Pr Didier Samuel. L'alcoolisme chronique en est la principale cause. Mais elle peut également survenir à la suite d'une hépatite virale chronique B ou C". L'hépatite auto-immune ou les maladies biliaires peuvent aussi dégénérer en cirrhose, qui est une maladie très grave. Le foie peut se mettre à ne plus fonctionner. Les patients peuvent avoir des symptômes tels que la jaunisse, de l'eau dans le ventre (ascite) ou encore une hémorragie digestive. La cirrhose constitue un état pré cancéreux. "Le taux de cancer primitif du Foie (Carcinome Hépatocellulaire, CHC) s'élève de 2 à 4% par an", indique le Pr Didier Samuel, un dépistage systématique du CHC chez les patients avec cirrhose est nécessaire.

Diagnostic et bilan d'une cytolyse hépatique 

"Le diagnostic se fait à l'aide d'un bilan hépatique et d'une échographie", indique le médecin. Pour réaliser un bilan hépatique, il faut :effectuer une prise de sang, qui permet de doser des enzymes produits par le foie. Les principaux marqueurs d'une cytolyse hépatique sont les Alanine aminotransferrase (ALAT) et les Aspartate aminotransferrase (ASAT). "Mais attention, leur taux ne présage pas de la gravité de la cytolyse hépatique", tient à préciser le Pr Didier Samuel.

Quelle est la conduite à tenir en cas de cytolyse hépatique ? 

En cas de cytolyse hépatique, il convient de consulter un hépatogastro-entérologue. Dans le cas d'une forme chronique, "il s'agit, avant tout, de comprendre l'origine de la cytolyse hépatique et son degré de gravité", explique le Pr Didier Samuel. Le degré de gravité est corrélé au degré de fibrose. "Il existe des méthodes non invasives d'évaluation de la fibrose. Le médecin peut réaliser un test sanguin de type fibrotest ou fibromètre. Il est aussi possible de poser une sonde à ultrasons sur la peau pour mesurer l'élasticité du foie (technique du fibroscan)". Une fois la cause déterminée, un traitement spécifique peut être mis en place. Le patient doit également suivre des règles hygiéno-diététiques comme :

  • arrêter sa consommation d'alcool
  • faire de l'exercice physique régulier
  • adapter son régime alimentaire.

Le contrôle de la cause de la cytolyse entraîne souvent une normalisation des transaminases et une réduction de l'inflammation responsable de la fibrose. Si ces traitements sont appliqués tôt dans la maladie cela peut empêcher l'évolution vers la cirrhose.

Quelle est son évolution ?

La guérison d'une hépatite virale aiguë se fait en général en 4 à 8 semaines, même en l'absence de traitement. Dans quelques cas très rares <1%, l'hépatite aiguë peut évoluer vers une forme fulminante (voir plus haut). Dans d'autres cas, l'hépatite aiguë peut évoluer à bas bruit vers une forme chronique (après 6 mois d'évolution). Le traitement de l'hépatite C permet d'éradiquer définitivement le virus, le traitement de l'hépatite B entraîne rarement la disparition du virus mais entraîne une suppression de la réplication du virus avec négativation de la charge virale sanguine.

Alimentation : que manger en cas de cytolyse hépatique ?

"Il est recommandé aux patients atteints de Nash de réduire leur consommation d'aliments riches en graisses et en sucres et de privilégier les poissons grillés et les fruits et légumes", précise le Pr Didier Samuel.

Merci au Pr Didier Samuel, chef de l'Unité d'Hépatologie et Réanimation hépatique de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif.

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