Rétention urinaire aiguë : causes et traitement chez la femme
La rétention urinaire aiguë correspond à l'impossibilité totale d'uriner. En cause, généralement, la présence d'un obstacle sous la vessie empêchant l'évacuation des urines. Un drainage par sonde urinaire ou ponction sus-pubienne s'impose en urgence. Explications avec le Dr Richard Mallet, Vice-Président de l'Association Française d'Urologie.
Définition : qu'est-ce que la rétention urinaire ?
La rétention aiguë d'urine ou RAU est définie par l'incapacité soudaine d'uriner. Même si la vessie est pleine, la patiente ne peut la vider, elle est incapable d'évacuer ses urines. La RAU provoque des douleurs au niveau du bas ventre ainsi qu'un état général d'anxiété et d'agitation. La vessie présente un volume augmenté. La RAU est un état d'urgence. Il est important de vider rapidement la vessie par sonde urinaire ou ponction sus-pubienne. "La RAU a des causes multiples, comme une inflammation des voies urinaires par exemple au décours d'une chirurgie pelvienne, pour des raisons médicamenteuses ou des raisons neurologiques ", explique le Dr Richard Mallet, Vice-Président de l'Association Française d'Urologie.
Rétention urinaire aiguë ou chronique ?
Lorsque l'on parle de rétention urinaire, on distingue deux pathologies très différentes selon qu'il s'agisse d'une rétention des urines ponctuelle, ou une rétention des urines chronique. La rétention aiguë d'urines (RAU) est l'incapacité qu'éprouve un individu à uriner en dépit du fait que sa vessie soit pleine. La rétention aiguë d'urines est différente de l'anurie, qui est l'absence d'arrivée des urines dans la vessie, fréquemment d'origine rénale. Les urines retenues dans la vessie mettent en tension les voies urinaires et sont responsables de douleurs. Par ailleurs, il existe la rétention chronique d'urines (RCU) : elle se présente comme une vidange incomplète de la vessie avec un restant d'urines appelé résidu post-mictionnel significatif.
Signes cliniques
La rétention aiguë d'urines se manifeste avec les symptômes suivants : des douleurs importantes au niveau de la partie basse de l'abdomen ; une augmentation du volume de la vessie, identifiée par une masse au-dessus du pubis, non mobile ; un état général d'agitation et d'anxiété, souvent présent du fait de l'intensité des douleurs et de l'impossibilité d'uriner et une absence d'émission d'urines depuis plusieurs heures.
Causes et facteurs de risque (après une opération, causes neurologiques, âge...)
"La RAU peut être occasionnée par une cause mécanique, comme un obstacle sur les voies urinaires lié à une descente d'organe (prolapsus), trouver son origine dans la prise de certains médicaments ou être provoquée par une atteinte neurologique ", poursuit le spécialiste.
Quand et qui consulter ?
En cas de rétention aiguë d'urines, il faut évacuer les urines de la vessie en urgence. La première tentative de sondage transurétral peut être pratiquée par un médecin urgentiste ou généraliste. En cas d'échec, un urologue pratiquera un sondage sus-pubien.
Diagnostic et examens
Le diagnostic de la rétention aiguë d'urines s'effectue par un examen physique au cours duquel le médecin détecte une masse située au-dessus du pubis. "Un toucher rectal complétera l'examen à la recherche d'une cause locale associé à un toucher vaginal, complète notre interlocuteur. Un examen neurologique du périnée est utile à ce stade afin de ne pas méconnaitre un problème neurologique ". Une fois le diagnostic posé cliniquement, l'origine de la RAU sera cherchée secondairement. La priorité reste le soulagement du patient. En cas de doute, une échographie vésicale permettra de confirmer le diagnostic. Le bilan sera alors complété après évacuation des urines, par un ECBU, Examen cytobactériologique des urines, une prise de sang avec analyse de la fonction rénale par dosage de la créatinine et le calcul du débit de filtration glomérulaire.
Que faire et quels traitements ?
La rétention aiguë d'urines se traite en urgence, par une évacuation des urines de la vessie. Deux techniques sont possibles. Habituellement, le sondage vésical par introduction d'une sonde dans l'urètre permet cette évacuation. "Cette sonde peut être laissée en place ou des sondages évacuateurs peuvent être effectués toutes les 4 heures par la patiente elle-même (auto-sondage) ou une tierce personne (hétéro-sondages) ", détaille le spécialiste. La seconde technique est le cathétérisme sus-pubien où une aiguille est introduite via la cavité abdominale dans la vessie. Elle aussi doit faire face à des contre-indications comme la prise de médicaments anticoagulants, ou la notion d'hématurie, présence de sang dans les urines. "Ce n'est pas la solution à privilégier ", conclut l'urologue.
Merci au Dr Richard Mallet, Vice-président de l'Association Française d'Urologie (AFU).