Plasma sanguin contre le coronavirus : comment ça marche ?

Les essais cliniques s'enchaînent pour trouver un traitement capable de guérir les malades du coronavirus. L'injection de plasma sanguin d'un patient guéri à un patient malade est exceptionnellement autorisée. En quoi consiste ce traitement ? Qu'est-ce que le plasma sanguin ? Comment est-il utilisé en situation d'urgence ? Est-ce une solution de prévention ? Détails.

Plasma sanguin contre le coronavirus : comment ça marche ?
© Sitthisombat-123RF

[Mise à jour le mercredi 9 septembre à 17h05] Les scientifiques poursuivent leur recherche pour combattre le coronavirus qui continue de faire des milliers de victimes chaque jour dans le monde. Parmi les pistes de travail : l'utilisation de plasma sanguin. Un essai est en cours en France. Par ailleurs, la compilation de 20 études rassemblant 5443 participants dont 5211 ont reçu du plasma de convalescents n'a pas permis de savoir si ce plasma influait ou non sur le nombre d'événements indésirables graves, ont indiqué les chercheurs dans la revue Cochrane le 10 juillet. "Nous sommes très incertains quant à l'efficacité du plasma provenant de personnes ayant guéri de la COVID-19 pour le traitement des personnes hospitalisées pour une infection COVID-19".

Comment le plasma sanguin peut endiguer le coronavirus ?

Le plasma sanguin est un composant liquide du sang qui sert de moyens de transport pour les trois principaux types de cellules présentes dans le sang : les hématites ou globules rouges, les leucocytes ou globules blancs et les thrombocytes ou plaquettes sanguines. Le plasma représente environ 55% du volume total du sang. Celui des personnes guéries du coronavirus contient ainsi les anticorps développés par l'organisme pour combattre l'infection par le virus Sars-CoV-2. Il pourrait aider les malades en phase aiguë de la maladie à en développer par transfert d'immunité.

L'essai Coviplasm en France

Soutenu par l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), l'Inserm et l'Établissement Français du Sang, l'essai Coviplasm lancé en avril consiste à transfuser le plasma sanguin de patients guéris du Covid-19 à d'autres encore malades. L'EFS a commencé le 7 avril à prélever le plasma des premiers malades français guéris du Covid-19 dans trois régions (Ile-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté). Le prélèvement se fait comme habituellement pour les dons de plasma par plasmaphérèse. La plasmaphérèse consiste en un retrait complet du sang (généralement par prise de sang dans le pli du bras) dont le plasma sera prélevé (par centrifugation) tandis que tous les autres composants sanguins seront retournés au donneur avec un substitut du plasma, tel que l'albumine ou un mélange d'albumine et de solution saline. Au cours d'une session, trois à quatre litres de plasma peuvent être prélevés.

Quels patients Covid-19 sont retenus pour recevoir du plasma sanguin et quel protocole ? L'essai clinique Coviplasm comptabilise 60 patients. La moitié va bénéficier de l'apport en plasma-convalescent. En fonction de l'efficacité du traitement et de l'absence d'apparition d'effets secondaires délétères, l'essai clinique pourra être élargi à un nouveau groupe de patients. 

Quels sont les risques ?

L'Académie nationale de médecine rappelle aux équipes scientifiques qui travaillent à l'essai Coviplasm que : "Si l'utilisation du plasma total permet de répondre en urgence à des situations cliniques préoccupantes, elle présente cependant un certain nombre d'inconvénients : la nature, le titre et le pouvoir neutralisant des anticorps sont très variables d'un donneur à l'autre. De plus, les
risques liés à la présence de citrate, au volume perfusé chez des patients fragiles, à la possible transmission d'agents infectieux et au transfert de molécules pro-inflammatoires ne sont pas négligeables
." L'Académie recommande le 8 avril "de constituer dès à présent des pools de plasmas prélevés chez des sujets immunisés (convalescents, ou guéris), ayant des titres d'anticorps élevés, afin de préparer des immunoglobulines hyperimmunes (IGHI) dans les règles de l'art. Les avantages sont évidents : risque de transmission virale réduit grâce aux procédés d'inactivation, meilleure qualification du produit, amélioration de la qualité scientifique et du niveau de preuve des études qui seront menées du fait de la standardisation des lots, apport d'immunoglobulines antipneumococciques et antigrippales chez des sujets à risque de surinfection."

Source : Coviplasm : tester l'efficacité de la transfusion de plasma de patients convalescents du Covid-19 dans le traitement de la maladie. Inserm, 5 avril 2020.

Académie nationale de Médecine, Communiqué du 8 avril 2020.

Etude menée en Chine : Efficacité de la thérapie plasma convalescente chez les patients COVID-19 sévères, publié le 6 avril 2020 sur le site de l'Académie des sciences Américaine.

Décision du 29 avril 2020, autorisant la collecte, la préparation, la conservation, la distribution et la délivrance du plasma convalescent Covid-19, ANSM.