Pneumonie : symptômes adulte, combien de temps pour guérir ?
La pneumonie est une infection sérieuse des poumons, surtout après 65 ans.
Chaque année en France, 500 000 cas de pneumonie sont recensés. "Les pneumonies représentent la première cause de mortalité par infection dans le monde. Il faut la prendre au sérieux" nous rappelle Louis Stoffaes, interne en pneumologie de l'Association des jeunes pneumologues (AJPO2).
Définition : c'est quoi une pneumonie ?
La pneumonie est une infection aiguë des poumons causée par une bactérie ou un virus. On distingue ainsi :
► La pneumonie bactérienne provoquée le plus souvent par le Streptococcus Pneumoniae abrégé en Pneumocoque. L'Haemophilus influenzae, la Legionella pneumophila, le Mycoplasma pneumoniae, le Chlamydia pneumoniae, la Klebsiella pneumoniae ou le staphylocoque sont les autres bactéries le plus souvent en cause. Une pneumonie bactérienne touche généralement un seul lobe (on parle de "pneumonie franche lobaire aiguë") ou segment pulmonaire. Les pneumonies bactériennes peuvent aussi être de type "pneumonie atypique".
► La pneumonie virale causée par un virus dont le plus fréquemment les virus de la grippe, le virus respiratoire syncytial (VRS) ou les rhinovirus. Ce type de pneumonie touche en priorité les enfants. La plupart des pneumonies virales sont bénignes et circonscrites à un seul lobe pulmonaire.
En cas de pneumonie, l'agent infectieux atteint les alvéoles pulmonaires, zones de transfert de l'oxygène ressemblant à des ballons qui se localisent à l'extrémité des bronchioles. Les alvéoles se remplissent alors de liquide, ce qui provoque les symptômes de la pneumonie.
C'est quoi une pneumonie atypique ?
La pneumonie atypique est une infection provoquée par des germes "atypiques", souvent des bactéries telles que Legionella pneumophila, Mycoplasma pneumoniae (souvent chez les adultes jeunes) ou Chlamydophila pneumoniae. Elles concernent principalement le patient jeune. Si les bronches sont aussi touchées, on parle alors de bronchopneumonie.
C'est quoi une broncho-pneumonie ?
La broncho-pneumonie, désigne l'association d'une inflammation au niveau des bronches, mais aussi au niveau du tissu pulmonaire.
Comment attrape-t-on une pneumonie ?
Les germes présents dans l'air pénètrent dans les poumons par les voies respiratoires quand on respire. Ils peuvent aussi provenir de la cavité buccale ou la sphère ORL (oto-rhino-laryngologique). Lorsque ces bactéries pénètrent dans les alvéoles, elles provoquent une inflammation. Les alvéoles se remplissent alors de pus et de liquide, ce qui entraîne les symptômes de la pneumonie.
Quels sont les symptômes d'une pneumonie ?
Les manifestations varient selon l'intensité et la gravité de la maladie ainsi que l'âge du patient. Peuvent apparaître :
- une toux,
- une gêne respiratoire,
- une expectoration jaunâtre ou verdâtre,
- une fatigue,
- une baisse de la tension artérielle,
- une douleur thoracique,
- une fièvre qui peut atteindre 41°C,
- des frissons et l'apparition d'une couleur bleutée des ongles et des lèvres sont parfois constatés, témoignant de la gravité de l'atteinte.
Attention à la pneumonie bactérienne atypique, qui peut provoquer des symptômes peu caractéristiques d'une maladie respiratoire, comme des maux de tête, des vomissements ou des convulsions.
Comment faire la différence avec une bronchite ?
Il est possible de différencier une pneumonie d'une bronchite, car "dans une bronchite, vous aurez rarement une fièvre élevée résistante au paracétamol, explique Louis Stoffaes. De plus, la bronchite est 'épidémique', très souvent due à un simple virus." Les pneumonies sont également différentes de la BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive) qui est une affection chronique des bronches et des poumons, essentiellement liée au tabac.
La pneumonie, surtout contagieuse quand elle est virale
► Pneumonie virale : les pneumonies d'origine virale peuvent être contagieuses. "Les virus sont connus pour se transmettre via les gouttelettes aéroportées (toux, éternuements) ou même manuportées." Afin d'éviter de se faire contaminer, les précautions minimums s'imposent : aérer les chambres, porter un masque si on se trouve face au patient pendant un certain moment, éternuer dans un mouchoir, se laver les mains…
► Pneumonie bactérienne : c'est plus complexe. Certaines peuvent se retrouver dans l'environnement tandis que d'autres sont déjà présentes, dans notre gorge ou tube digestif par exemple, et profitent d'une fausse route ou d'un infléchissement du système immunitaire pour proliférer et causer une pneumonie.
Comment pose-t-on le diagnostic d'une pneumonie ?
L'interrogatoire et l'auscultation du patient orientent le médecin vers le diagnostic de pneumonie. "Vous pouvez diagnostiquer une bronchite d'une pneumonie au stéthoscope car elle produit un bruit très particulier qui témoigne de l'encombrement des alvéoles de la zone touchée : les crépitants" assure Louis Stoffaes. Une radio thoracique (radio des poumons) est indispensable pour confirmer cette hypothèse, car "elle montrera une zone de condensation du parenchyme pulmonaire". Un bilan infectieux et une analyse bactériologique des sécrétions broncho-pulmonaires complètent le diagnostic. "On peut aussi prélever les urines pour retrouver des signes d'infection de certaines bactéries."
La pneumonie est grave : quelles sont les personnes à risque ?
La pneumonie est une maladie potentiellement grave, surtout si elle survient chez une personne fragile ou âgée c'est-à-dire :
- Les personnes de plus de 65 ans
- Les personnes avec une insuffisance cardiaque
- Les personnes ayant fait un accident vasculaire cérébral (AVC)
- Les personnes ayant une maladie rénale chronique
- Les personnes ayant une maladie hépatique (cirrhose, stéatose hépatique, par exemple)
- Les personnes ayant une broncho-pneumopathie-chronique-obstructive (BPCO)
- Les personnes ayant une immunodépression (VIH, cancer...)
- Les personnes ayant la drépanocytose
- Les personnes ayant déjà eu une pneumonie bactérienne
- Les personnes qui vivent en institution (en maison de retraite, par exemple)
Quel est le traitement d'une pneumonie ?
Le traitement varie selon la cause et l'intensité de la pneumonie. "Les progrès en antibiothérapie ont permis de gérer la majorité des pneumonies aiguës à domicile entre 7 et 21 jours chez un patient jeune sans comorbidité. Mais 50 000 patients environ se trouvent hospitalisés chaque année en France et parfois même nécessitent des soins intensifs, qui peuvent durer un certain temps selon leur état général" indique Louis Stoffaes.
Quant au traitement de la pneumonie virale, il implique parfois la prise de médicaments antiviraux, mais le plus souvent le traitement est symptomatique, avec du paracétamol et du repos.
Pour les pneumonies bactériennes, une antibiothérapie s'avère indispensable. Chez les personnes âgées, les bébés ou celles qui montrent des signes indiquant une atteinte pulmonaire sévère, une hospitalisation est souvent requise. Le traitement consiste dans ce cas à envisager une antibiothérapie adaptée au microbe en cause (qui reste inconnu dans plus de 50% des cas), administrée à l'aide d'une perfusion. Une réhydratation et une assistance respiratoire comme une intubation oro-trachéale son nécessaires dans les cas les plus graves.
Existe-il un vaccin contre les pneumonies ?
Le pneumocoque est une bactérie responsable de nombreuses infections dont la pneumonie chez l'enfant et chez l'adulte. La vaccination est obligatoire chez tous les nourrissons nés depuis le 1er octobre 2018 (vaccin Prevenar®). Elle consiste en deux injections et un rappel. Les adultes de plus de 18 ans à risque d'infection par le pneumocoque peuvent également se faire vacciner. Se rapprocher du médecin traitant ou du pharmacien pour demander cette vaccination.
Evolution et durée d'une pneumonie : combien de temps pour guérir ?
La durée d'une pneumonie ne peut pas être chiffrée. Elle dépend de chaque cas, de chaque patient. La gravité d'une pneumonie dépend de l'étendue de la zone pulmonaire qui est touchée mais également du microbe en cause, de l'âge et des antécédents médicaux de la personne atteinte. Elle évolue généralement favorablement grâce au traitement antibiotique. Avec un traitement précoce et adapté, les symptômes s'améliorent rapidement, en quelques jours. Si la fièvre persiste, il convient de re-consulter son médecin. Les signes à la radiographie (ou au scanner) peuvent redevenir normaux jusqu'à trois mois après la guérison.
Merci à Louis Stoffaes, interne en pneumologie et membre de l'Association des jeunes pneumologues – AJPO2.