Migraine ophtalmique : répétitive, cause, durée, que faire ?
Un tiers des personnes migraineuses ont des migraines avec aura, communément appelées "migraines ophtalmiques". Les femmes sont particulièrement concernées. Médicaments, relaxation, sophrologie... Solutions pour la soulager.
La migraine ophtalmique accompagnée avec aura est une maladie neurologique qui provoque des symptômes visuels et sensitifs. Elle concerne 20 à 30% des migraineux selon l'Inserm et touche davantage les femmes. L'alcool ou le manque de sommeil font partie des facteurs favorisant les crises.
Définition : c'est quoi une migraine avec aura ?
En France, environ un adulte sur cinq souffre de migraine, avec une nette prédominance féminine (les femmes sont trois fois plus concernées que les hommes). Cette maladie neurologique se traduit pas des crises de maux de tête violents, appelés céphalées, récurrents. On distingue les migraines sans aura (80% des crises) des migraines avec aura (20%) pour lesquelles on observe des troubles visuels, sensitifs ou phasiques (le langage) avant la survenue de la céphalée. Ces différents symptômes peuvent survenir simultanément. Il y a quelques années, les migraines avec aura visuelle étaient surnommées "migraines ophtalmiques", mais cette expression n'est plus utilisée.
Qu'est-ce qui provoque une migraine avec aura ?
L'aura visuelle est un phénomène neurologique et non pas oculaire. Elle est liée à l'activation de certains neurones de la région cérébrale responsable de la vision située dans le cortex postérieur. Cette activation anormale déclenche l'apparition des tâches lumineuses parfois décrites comme des éclairs ou une vision kaléidoscopique, au cours desquelles la vision est brouillée. Ces signes sont appelés des scotomes scintillants. "Il existe certainement une composante génétique puisque plusieurs membres d'une même famille peuvent en souffrir. Toutefois aucun gène n'a encore été identifié", indique le Dr Caroline Roos, neurologue et responsable du Centre d'Urgence des Céphalées à l'hôpital Lariboisière (AP-HP). Les patients migraineux auraient donc un cerveau prédisposé à faire des crises. Une susceptibilité qui les rend plus vulnérables à de multiples facteurs déclenchants tels que :
- l'alcool,
- les changements brusques de luminosité,
- les variations hormonales,
- le manque de sommeil,
- les changements émotionnels.
Quels sont les symptômes d'une migraine avec aura ?
Les migraines avec aura se caractérisent par l'apparition de troubles visuels (scotomes scintillants, perte de la vision), sensitifs (fourmillement, picotement autour de la bouche) et/ou phasiques (trouble du langage). Ces auras précédent la céphalée migraineuse qui se manifeste par un mal de tête affectant souvent un seul côté du crâne et ressenti comme pulsatile. Elle s'accompagne d'une intolérance à la lumière et au bruit, ainsi que des nausées et des vomissements. Ce mal de tête violent, aggravé par des gestes du quotidien comme monter un escalier, peut durer de 4 heures à 3 jours.
Comment diagnostiquer une migraine avec aura ?
Pour diagnostiquer une migraine, avec ou sans aura, le médecin s'appuie sur les symptômes décrits par le patient ainsi que les examens cliniques notamment neurologiques. Les examens d'imagerie (IRM) ne sont pas nécessaires car ce trouble ne s'explique pas par l'existence d'une lésion. "Le diagnostic de la migraine avec aura repose sur au moins 2 des 6 critères suivants : présenter un des symptômes neurologiques dits symptômes positifs, l'installation progressive de l'aura, la succession des différents symptômes, la durée de l'aura doit être comprise entre 5 et 60 minutes, être unilatérale, suivie ou être accompagnée d'une céphalée", explique la neurologue.
Comment soigner une migraine ophtalmique ?
Le traitement de la migraine repose sur l'éviction des facteurs déclenchants dans la mesure du possible, le traitement de la crise et le traitement de fond. "L'efficacité du traitement de crise dépend de sa précocité. Plus le patient prend son traitement tôt, plus la crise sera soulagée rapidement. On conseille au patient de prendre 1g d'aspirine au moment de l'aura ou un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) pour limiter en durée l'aura et prévenir la céphalée", explique le Dr Roos.
Les crises de migraines ophtalmiques nécessitent une mise au repos si possible dans le noir total
Si malgré tout la céphalée survient, il est conseillé aux patients de prendre le traitement classique de la migraine, les triptans, qui agissent sur des récepteurs spécifiques du cerveau. Ils peuvent être combinés aux AINS. Toutefois, le médecin insistera sur les risques d'abus et rappellera aux patients que les AINS ne doivent pas être pris plus de 15 jours par mois et les triptans pas plus de 10 jours par mois. Lorsque ce traitement de crise n'est plus assez efficace ou que les patients présentent des crises migraineuses fréquentes, les médecins peuvent proposer un traitement de fond. "Celui-ci repose sur la prise quotidienne de 1g d'aspirine ou l'amitriptyline, un antidépresseur. Dans les cas les plus sévères, on peut proposer des médicaments qui ne sont pas initialement destinés à la migraine comme les antiépileptiques ou certains anti-hypertenseurs", décrit le Dr Roos. Des approches non pharmacologiques ont aussi fait leur preuve pour soulager les patients telles que les méthodes de relaxation-sophrologie et les thérapies cognitivo-comportementales qui permettent de mieux gérer le stress. En revanche, les techniques de chiropractie, l'ostéopathie ou encore l'homéopathie n'ont pas démontré leur efficacité. En règle générale, les crises de migraines ophtalmiques nécessitent une mise au repos du patient, si possible dans le noir total.
Merci au Dr Caroline Roos, neurologue et responsable du Centre d'Urgence des Céphalées à l'hôpital Lariboisière (AP-HP).