Résection endoscopique : déroulé, risques, convalescence
La résection endoscopique est la technique chirurgicale qui permet de traiter une pathologie prostatique ou vésicale, en retirant par voies naturelles une partie de l'organe touché. Le Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue, exerçant à Paris et attaché à l'hôpital Saint-Louis, nous en dit plus.
Définition : qu'est-ce qu'une résection endoscopique ?
Une résection endoscopique (RE) désigne le geste médical qui permet de retirer une partie d'une lésion ou d'un organe dans l'appareil urinaire à l'aide d'un endoscope. Ainsi, le tissu prélevé sera ensuite examiné au microscope, ce qui permettra de poser un diagnostic exact.
Quelles sont les indications ?
La résection endoscopique est pratiquée en cas d'échecs de traitements médicamenteux de l'hyperplasie bénigne de la prostate (adénome de la prostate). Elle s'utilise également pour retirer une lésion vésicale détectée lors de précédents examens (scanner, cystoscopie...).
Comment se préparer à l'intervention ?
Quelques jours avant la résection endoscopique, les patients se rendent à une consultation d'anesthésie pré-opératoire. Une analyse d'urine doit impérativement être réalisée dix jours avant l'intervention, afin de vérifier que les urines soient bien stériles.
Résection endoscopique de la prostate : comment ça se passe ?
"En cas d'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), l'urètre se retrouve comprimé, rendant l'évacuation des urines difficiles, et pouvant parfois se développer de manière excessive à l'intérieur de la vessie, donnant des symptômes irritatifs", explique le Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue. Le chirurgien réalise un forage de la glande prostatique à travers l'urètre, et en retirant l'excédent à travers la vessie, il permet d'améliorer la vidange vésicale. Le spécialiste détaille ensuite plusieurs techniques utilisées, selon le volume de la prostate à raboter, mais aussi, selon le profil du patient, l'expérience du chirurgien et les outils à sa disposition.
- "Lorsque cette prostate pèse moins de 100 grammes, cette technique de résection ancestrale qui consiste à raboter une partie et à laisser le reste, fonctionne très bien", informe-t-il.
- Mais cette méthode trouve sa limite lorsque le volume de la prostate dépasse 100 grammes. "Avec les progrès et l'avènement de la chirurgie endoscopique au laser (énucléation endoscopique au laser), les médecins peuvent enlever une partie de la glande de taille conséquente sans avoir les désavantages d'une chirurgie ouverte. On réduit là la durée d'hospitalisation et les complications post-opératoires, telles que les saignements", développe-t-il. Et d'ajouter : "L'énucléation devient la technique de référence en chirurgie endoscopique de la prostate."
- Il existe une alternative à cette énucléation : la vaporisation. "À l'aide du laser greenlight®, l'opérateur vient vaporiser l'adénome, réalisant l'équivalent d'un forage. Seul inconvénient : les médecins ne récupèrent pas de tissu prostatique pour analyses."
Le spécialiste indique que ces interventions durent en moyenne entre 40 minutes et deux heures, selon le volume de la prostate à retirer. Elles se pratiquent sous anesthésie générale ou locorégionale. Des alternatives à ces techniques endoscopiques peuvent être discutées avec le chirurgien (embolisation, UroLift®, REZUM®, stent, …)
Résection endoscopique de la vessie : comment ça se passe ?
La résection endoscopique est aussi pratiquée pour "explorer la vessie et retirer des polypes ou des tumeurs vésicales", dans la visée d'interrompre la croissance de ces dernières. Cette intervention, pratiquée sous anesthésie générale ou locorégionale, est réalisée à l'aide d'un résecteur (le même matériel que pour la résection endoscopique de la prostate) introduit par l'urètre. "Il est impératif d'avoir recours à cette intervention dès l'apparition d'un polype ou une tumeur de la vessie", insiste l'interrogé. Dans certains cas, l'opération peut se renouveler (second check) afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de résidu tumoral avant de démarrer un traitement complémentaire.
Quels sont les risques de complications ?
"Le risque de complications est minime. Il est d'abord celui de toutes chirurgies endoscopiques : l'infection urinaire", indique le médecin interrogé. Il évoque ensuite un "risque de saignements, et donc de caillots dans la vessie", lié au fait que le tissu prostatique ou vésical ait été coupé et réséqué. "Pour éviter tout risque de blocage urinaire sur saignements, on va laisser une sonde vésicale pendant 24 à 48 heures après l'intervention et instiller dans la vessie de l'eau afin de diluer le sang et d'éviter la formation de caillots pouvant boucher l'urètre", informe-t-il. Une autre complication fréquente, que le Docteur Anthony Giwerc préfère qualifier d' "effet secondaire dont il faut absolument prévenir les hommes" : le risque d'éjaculation rétrograde ou d'anéjaculation. En d'autres termes, "le sperme risque de se vider essentiellement dans la vessie, plus que par l'urètre, et va se mélanger à l'urine." Ce changement n'a pas d'incidence sur la vie sexuelle : "Le risque d'altérer la fonction érectile est quasi-nul", affirme le spécialiste interviewé.
Convalescence : quelles sont les suites d'une résection endoscopique ?
Le patient peut quitter l'hôpital au bout de 24 ou 48 heures. "Il n'a pas de cicatrice sur le ventre et urine mieux qu'avant", assure le chirurgien urologue-andrologue. "En revanche, dans les jours post-opératoires, il peut avoir des envies plus fréquentes d'uriner, parfois plus encore qu'avant l'opération. Il appelle alors en urgence son médecin, inquiet. Mais cette situation est transitoire, le temps de la guérison", rassure-t-il. Ceux-là demandent un arrêt de travail de quelques semaines, parce qu'il peut être de travailler quand l'envie d'uriner survient toutes les trente minutes, mais pour les autres, la plupart du temps, ils s'arrêtent de travailler quelques jours seulement..
Merci au Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue, exerçant à Paris et attaché à l'hôpital Saint-Louis.