Ablation de l'utérus : durée, conséquences de l'hystérectomie
L'hystérectomie est une opération qui rend stérile et peut entraîner une ménopause. La chanteuse Lorie a dû s'y résoudre pour ne plus souffrir des douleurs de l'endométriose.
L'hysterectomie est une opération qui consiste à retirer l'utérus (en partie ou en totalité). "C'est un acte important qui doit être réfléchi, car il existe plusieurs types d'hystérectomie, qui en plus de rendre stérile, peuvent entraîner ou non une ménopause", explique le Dr Brigitte Letombe, gynécologue médicale et obstétrique. "La patiente doit donc être bien informée de toutes les options possibles pour faire son choix de manière éclairée", insiste le médecin. Il existe différentes formes d'hystérectomie selon les parties de l'utérus enlevées (col, corps...). L'hystérectomie peut être partielle, totale voire radicale quand elle consiste à retirer une partie du vagin, pour les cas de cancers très invasifs.
Les indications de l'hysterectomie
Une ablation de l'utérus est principalement indiquée chez les femmes âgées de plus de 50 ans, souffrant d'une pathologie entraînant d'importants symptômes que les médicaments n'ont pas pu traiter. En effet, pour les femmes plus jeunes, elle est beaucoup moins pratiquée, cela signifie renoncer à porter un enfant bien avant la ménopause. Ces pathologies sont :
- Certains cancers de l'appareil génital féminin (col ou corps de l'utérus), de l'endomètre.
- L'adénomyose : "Il s'agit de l'endométriose à l'intérieur de la cavité utérine, qui entraîne des douleurs et saignements", rappelle la gynécologue.
- Un utérus fibromyomateux ou polymyomateux (c'est-à-dire qui a de nombreux myomes ou fibromes). Ces termes sont des synonymes, qui désignent une tumeur bénigne développée à dans le muscle utérin et le tissu fibreux de l'utérus. "Ce n'est pas toujours responsable de saignements, mais certains fibromes ont des répercussions sur la cavité utérine et peuvent donner des règles ménorragiques. On opère dans le cas où le volume est augmenté et où l'on n'arrive pas à le traiter par médicalement", précise-t-elle.
- Des pathologies fonctionnelles, comme l'hypertrophie ou hyperplasie de l'endomètre, ou des polypes (excroissances anormales), qui sont responsables de saignements abondants pendant ou en dehors des règles. "On peut les traiter sans avoir à enlever l'utérus, mais quand ça récidive, on peut arriver à pratiquer une hystérectomie pour soulager la patiente".
Ce type d'intervention est également pratiqué afin de traiter un prolapsus génital, c'est-à-dire une descente d'organes vers le vagin, dû à un relâchement des tissus et des muscles.
Hystérectomie subtotale
L'hystérectomie est dite subtotale lorsque seul le corps utérin est enlevé. Le col de l'utérus reste donc en place.
Hystérectomie totale
L'hystérectomie totale consiste à enlever le corps et le col utérin. Si cette opération (ainsi que l'hystérectomie subtotale) supprime la possibilité de porter un enfant, elle ne modifie pas le cycle hormonal ou la lubrification du vagin puisque les ovaires sont laissés en place.
Hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie
L'hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie (appelée aussi hystérectomie avec annexectomie bilatérale ou hystérectomie non conservatrice) consiste à enlever, en plus du corps utérin et le col de l'utérus, les trompes de Fallope ainsi que les ovaires. Cela entraîne une ménopause chirurgicale et supprime donc les cycles hormonaux (les règles).
Hystérectomie radicale
Cet acte est pratiqué dans le cas de cancers gynécologiques invasifs. Il associe l'hystérectomie totale avec la suppression des trompes et des ovaires, ainsi que l'ablation du 1/3 supérieur du vagin et des ganglions lymphatiques pelviens. Comme l'hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie, cette intervention entraîne une ménopause chirurgicale.
Qui pratique l'hystérectomie ?
Un chirurgien généraliste peut pratiquer une hystérectomie, mais aujourd'hui, ce sont de plus en plus les gynécologues obstétriciens qui la pratiquent, car cela nécessite des connaissances précises et une formation pour opérer au niveau des ovaires par voie vaginale.
Comment se déroule l'opération ?
Dans la pratique, l'ablation de l'utérus peut être effectuée par plusieurs techniques, sous anesthésie générale : par voie vaginale, par voie coelioscopique ou par laparotomie. "L'opération par voie vaginale (ou voie basse) est la plus utilisée, surtout pour les hystérectomies totales, explique la docteure Brigitte Letombe. Elle a l'avantage de ne pas laisser de cicatrice". Mais pour les opérations subtotale, la seconde option est préférée : il s'agit de la voie coelioscopique. Cela consiste à introduire des petits tubes à travers la paroi de l'abdomen. Il y aura alors de très légères petites cicatrices à ce niveau. On peut parfois combiner voie cœlioscopique et voie vaginale. La dernière option, la laparotomie, consiste à pratiquer une incision dans l'abdomen, comme pour une césarienne. Cela se fait quand l'utérus est trop volumineux, à cause de fibromes importants. L'opération dure généralement entre 40 et 90 minutes, cela dépend de plusieurs facteurs comme la taille de l'utérus et le type d'hystérectomie. L'hospitalisation dure rarement plus de 7 jours, mais il faut ensuite prévoir un arrêt de travail d'environ un mois.
Effets secondaires après l'hystérectomie
Après une hystérectomie, les patientes ressentent, en général, quelques douleurs qui peuvent être contrôlées par médicament, et de la fatigue. Dans moins de 10% des cas, il peut y avoir :
- des saignements vaginaux,
- une surinfection,
- des complications urinaires (incontinence) ou intestinales (une paresse du transit) passagères, surtout après une hystérectomie élargie.
Ces symptômes disparaissent le plus souvent en quelques semaines. La principale conséquence de l'hystérectomie est l'absence de règles et l'absence de possibilité de grossesse. "La plupart des patientes pensent qu'elles sont obligatoirement ménopausées après cette intervention, mais ce n'est pas forcément le cas !, rappelle la gynécologue. Cela se produit uniquement quand les ovaires sont enlevés, donc dans le cas de l'hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale et de l'hystérectomie radicale. Là, la ménopause intervient immédiatement, entraînant les effets secondaires que l'on connaît, comme les bouffées de chaleur, sécheresse vaginale…". Dans le cas d'une hystérectomie subtotale ou totale, il n'y a donc pas ces symptômes après l'opération et la ménopause interviendra naturellement plus tard. C'est pour cela qu'il faut bien réfléchir à la nécessité d'un acte entraînant une ménopause. Parfois, il est nécessaire, mais parfois non : "Certains chirurgiens, au moment de l'opération, proposent à la patiente d'enlever tout 'tant qu'on y est', mais c'est une décision à réfléchir puisque les symptômes de la ménopause par chirurgie peuvent être plus marqués que ceux d'une ménopause normale. Il ne faut pas se laisser entraîner par les médecins si on n'est pas sûr de l'acte que l'on souhaite", insiste-t-elle.
Le rétablissement complet à la suite d'une hystérectomie varie de 6 à 8 semaines.
Délai de rétablissement et convalescence
L'hystérectomie peut nécessiter une hospitalisation de plusieurs jours, surtout avec une opération par laparotomie. "Avec la coélioscopie, en général, on peut sortir le lendemain, mais cela dépend de plusieurs facteurs", précise la docteure. Dans les suites de ce geste, les deux premières semaines de convalescence en particulier demandent beaucoup de repos. "Il faut avoir une vie avec le moins d'efforts possible (sans sport excessif) pendant trois ou quatre semaines, et compter un arrêt de travail d'un mois environ", précise notre interlocutrice. Le rétablissement complet à la suite d'une hystérectomie varie de 6 à 8 semaines.
Rapports sexuels après une hystérectomie
Généralement, il mieux vaut attendre un à deux mois après l'intervention pour reprendre les rapports sexuels, mais cela dépend : "Il faut demander l'avis du chirurgien sur le délai de cicatrisation", recommande la spécialiste.
Complications
Les complications liées à une hystérectomie sont exceptionnelles : "Ce sont celles liées au geste chirurgical : saignement, infections, thrombose, phlébite… mais cela est très rare", explique la gynécologue. Les risques d'hémorragie ou d'infection peuvent aujourd'hui être résorbés par un traitement local. Les risques de phlébite ou d'embolie pulmonaire sont limités grâce à un traitement anticoagulant administré lors de l'hospitalisation.
Merci au Dr Brigitte Letombe, gynécologue médicale et obstétrique.