Drainage chirurgical : hématome, abcès, quand le faire ?
Placés dans une plaie opératoire ou une cavité naturelle (urètre, estomac…), les drains relient une cavité du corps humain à l'extérieur. Ils permettent l'évacuation d'un abcès ou de liquides. Quelles indications ? quels risques ? est-ce douloureux ? Réponses avec les docteurs Dominique Gossot et Frédéric Douane.
Définition : qu'est-ce qu'un drainage chirurgical ?
"Le drainage est un acte médical ou chirurgical qui consiste à évacuer des liquides -sang, lymphe, liquides digestifs (comme la bile), les urines, les selles…- ou des gaz produits par l'organisme vers l'extérieur du corps", explique le Dr Dominique Gossot, chirurgien thoracique. On distingue deux modes de drainage :
► Le drainage passif qui va utiliser les différences de pression existant entre la cavité concernée et l'extérieur. Le drain, soumis à l'hyperpression intra-abdominale, va permettre aux liquides de s'évacuer vers l'extérieur où règne la pression atmosphérique normale.
►Le drainage actif qui va nécessiter un système d'aspiration extérieur (aspiration centrale ou système de pompe électrique). Dans ce cas de drainage aspiratif, il faut pouvoir contrôler et moduler la dépression (mesurée en cm d'eau) pour ne pas créer de lésion tissulaire par une aspiration trop brutale.
Pour effectuer un drainage, on utilise un drain. Les drains les plus utilisés sont les drains tubulaires (tube en caoutchouc ou en plastique silicone et de calibre variable), les lames (la plus répandue est la lame de caoutchouc ondulée), les drains aspiratifs (comme le drain de Jost-Redon) et les mèches en gaze stérile.
Quelles sont les indications d'un drainage chirurgical ?
"Le drainage chirurgical est souvent utilisé en chirurgie à la fin d'une opération car le saignement peut se poursuivre après la fermeture de l'incision", poursuit le Dr Gossot. "La pose d'un drain permettra alors l'évacuation du sang vers l'extérieur du corps afin d'éviter la formation d'un hématome". Il est aussi utilisé pour évacuer un abcès, collection infectée dans le corps. Lors d'un pneumothorax, une aiguille mise dans la plèvre permettra l'évacuation de l'air indésirable.
Drainage en cas d'hématome
Dans la plupart des cas, les hématomes se résorbent tout seul. "Mais lorsqu'ils viennent comprimer une zone spécifique, deviennent douloureux ou lorsqu'ils s'infectent, il est indiqué de les drainer médicalement", conseille notre chirurgien. Après évacuation, un drain de Redon sera placé et l'incision refermée.
Drainage en cas d'abcès
Un abcès cutané est une infection bactérienne avec une collection de pus entourée par une capsule, qui se développe généralement en cas d'effraction de la peau (égratignure, pénétration d'une écharde, piqûre d'insecte ou de végétal, blessure, injection), rappelle Prescrire.org. Quand l'abcès est fluctuant à la palpation, l'incision et le drainage du pus sont proposés en première intention. Après incision et évacuation de l'abcès, une lame ondulée est placée par l'incision et ressort en zone déclive. L'incision elle-même n'est pas refermée. Le drain est retiré après trois à cinq jours.
Drainage en cas de pneumothorax
"En cas de pneumothorax (présence d'air entre les deux feuillets de la plèvre), il faut souvent mettre un drain dans la plèvre pour évacuer l'air", ajoute le chirurgien thoracique.
Comment se déroule un drainage chirurgical ?
Le drain peut être placé dans une cavité naturelle (péritoine, vessie, plèvre, péricarde, articulation, voie biliaire...) ou dans une cavité néoformée, infectieuse ou traumatique (abcès, hématome, plaie, décollement chirurgical ou traumatique...). "Le mode de drainage et le type de drain choisi dépendront étroitement de la cavité à drainer", complète le Dr Gossot. "Le drain peut être mis sous anesthésie générale ou locale, selon les cas. Une alternative à la pose chirurgicale d'un drain est d'utiliser le guidage par imagerie (échographie ou scanner), permettant ainsi la mise en place de drain par voie percutanée (sans incision) évitant ainsi les structures à risques vasculaires et nerveuses et le plus souvent avec une simple anesthésie locale", complète le Dr Frédéric Douane, radiologue interventionnel. "Il faudra alors fait appel à l'équipe de radiologie interventionnelle".
Quels sont les risques ?
Il existe un risque infectieux pour les deux types de drainage (actif et passif) mais il est plus important en cas de drainage passif ouvert. En cas de retrait incomplet par "oubli partiel" ou rupture accidentelle, le fragment laissé en place peut être la source d'une infection secondaire.
Enlever un drain fait-il mal ?
"L'ablation d'un drain n'est habituellement pas un geste douloureux", reconnait le chirurgien thoracique. "Dans certains cas, elle peut se faire sous anesthésie locale", observe le Dr Gossot.
Quelle surveillance après un drainage chirurgical ?
"La plaie n'étant pas refermée, une surveillance de la cicatrisation est nécessaire pendant 1 à 2 semaines", conclut le Dr Gossot. "Lorsque la cavité drainée a été importante, un scanner de contrôle permet de contrôler que toute la collection a bien disparue".
Merci aux docteurs Dominique Gossot, chirurgien au sein du Département de Chirurgie Thoracique de l'Institut du Thorax Curie-Montsouris à Paris et Frédéric Douane, du service de radiologie interventionnelle CHU de Nantes pour leur participation.