Coagulation du sang : analyses, maladie, c'est quoi ?
La coagulation sanguine est un phénomène qui aboutit à la solidification du sang et à la formation d'un caillot empêchant l'hémorragie. Trois examens la mesurent et peuvent révéler des troubles de la coagulation du sang.
Définition : c'est quoi la coagulation du sang ?
La capacité de l'organisme à faire coaguler le sang permet à l'humain de survive en cas de blessure puisqu'elle entraîne la fermeture de celle-ci afin de limiter la perte de sang. Les plaquettes s'agglutinent sur les parfois du petit vaisseau sectionné pour former un "bouchon mou". Progressivement, plusieurs protéines du sang, comme la prothrombine par exemple, réagissent entre elles pour former un bouchon plus solide : le caillot qui stoppe l'hémorragie. En l'absence de blessure, le sang circule dans les vaisseaux sanguins sans former de caillots grâce à un système d'enzymes, de protéines, et de facteurs qui empêchent le sang de coaguler. Ce système assure la fluidité normale du sang grâce à sa fonction anticoagulante. Si une enzyme, une protéine, ou un facteur manque ou fonctionne anormalement, le sang coagule plus facilement et augmente le risque de thrombose, notamment au niveau des veines profondes (phlébite) ou des artères pulmonaires (embolie pulmonaire). Les trois principaux examens qui permettent d'apprécier la coagulation du sang sont le temps de prothrombine (TP ou ancien "temps de Quick"), le temps de céphaline activée (TCA ou parfois TCK) et le temps de saignement (TS).
Pourquoi tester la coagulation sanguine ?
Le médecin peut prescrire un examen de coagulation sanguine chez les personnes qui présentent des saignements inexpliqués ou à celles souffrant de thrombose, c'est-à-dire produisant des caillots dans les veines ou les artères. Il peut être aussi utilisé pour mesurer l'efficacité de médicaments anticoagulants. "Pour mener à la formation d'un caillot sanguin, le processus de coagulation utilise deux voies, dites "intrinsèque" et "extrinsèque", qui apportent chacune des facteurs de coagulation essentiels. En cas de déficit en l'un ou plusieurs de ces facteurs, ou si ces facteurs ont une fonction anormale, la formation d'un caillot n'est pas possible et des saignements et/ou des thromboses peuvent survenir.
Quelles analyses permettent de vérifier la coagulation du sang ?
Trois examens sont prescrits pour analyser les protéines de différentes voies de coagulation :
► Taux de prothrombine (TP). La mesure du TP explore la voie extrinsèque de la coagulation, notamment les facteurs VII, V, X, II et le fibrinogène (protéine présente dans le plasma sanguin essentielle à la coagulation du sang). Il s'agit d'un test exprimé en secondes ou en pourcentage avec un taux normalement compris entre 70% et 100%. S'il baisse cela veut dire que le sang est plus fluide et a du mal à coaguler. Dans le cadre de la surveillance des traitements par antivitamines K, les résultats sont donnés sous forme d'INR (international normalized ratio). "Sa valeur normale est égale à 1 et votre médecin indique la cible que vous devez avoir, par exemple entre 2 et 3, et ajuste le traitement pour l'atteindre" indique le Dr François Blanchecotte, biologiste.
► Temps de céphaline activée (TCA). Cet examen mesure la fonctionnalité de la voie intrinsèque en mesurant le temps qu'il faut au plasma pour coaguler dans un tube à essai après addition de céphaline et d'un activateur. Lorsque l'échantillon met plus de temps que la normale pour coaguler, le TCA est dit "allongé". Cet examen peut évaluer l'insuffisance ou non en facteurs de coagulation du sang (facteur VII, facteur IX et facteur VIII et facteur XII). Sa valeur normale est comprise entre 24 secondes à 41 secondes.
► Temps de saignement (TS). Il mesure le temps observé entre la création d'une blessure et l'arrêt du saignement. Cette mesure n'est plus utilisée ces dernières années car elle est peu reproductible et peut être modifiée par l'aspirine et laisse souvent de petites cicatrices minces sur les avant-bras. D'autres examens comme la numération des plaquettes et le dosage du fibrinogène peuvent être nécessaires pour interpréter le bilan de coagulation.
Quelles sont les maladies liées au trouble de la coagulation du sang ?
Une anomalie du TP ou de l'INR et/ou du TCA signifie que le sang met plus de temps à coaguler que la normale, et donc qu'un problème de thrombose est possible, ou au contraire qu'il est plus "fluide" et qu'il existe un risque d'hémorragie. En cas de traitement anticoagulant, un ajustement doit alors être fait par le médecin. Sans traitement, des examens supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la cause de ces anomalies : thrombose (formation d'un caillot sanguin) thrombopénie (réduction du nombre des plaquettes dans le sang), thrombopathie (fonctionnement anormal des plaquettes), déficit des facteurs VIII ou IX (hémophilie A et hémophilie B, Maladie de Willebrand, anémie, grossesse, insuffisance hépatique (cirrhose, hépatite) ou prise d'aspirine par exemple. "Il est possible d'explorer la voie du TP pour mesurer une insuffisance hépatique" note le biologiste.
Coagulation sanguine et alimentation
La vitamine K est une vitamine essentielle de la coagulation. Cette vitamine liposoluble (soluble dans les graisses) existe naturellement dans les légumes verts, les huiles (colza, soja, etc), le foie, le poisson) et dans les fromages fermentés. Les carences de cette vitamine sont rares et concernent surtout les personnes souffrant d'un trouble de l'absorption des graisses comme dans la mucoviscidose, les maladies du pancréas et du foie (hépatite et cirrhose), les parasitoses intestinales, les résections importantes de l'intestin, ou les diarrhées chroniques. Enfin, les personnes prenant des anticoagulants oraux de type antivitamine K sont également exposés à un risque important de carences. Il leur est donc recommandé de limiter à une portion par jour les aliments riches en vitamines K (en particulier les végétaux tels que la choucroute, les choux, les épinards, les brocolis, les avocats) et de varier au maximum, et chaque jour, leur alimentation. Le thé vert, riche en vitamine K, peut être consommé régulièrement mais à petites doses et une seule fois par jour.
Quels sont les médicaments anticoagulants ?
Les médicaments anticoagulants ont pour effet d'éviter la formation de caillots sanguins (thrombose) dans les veines, les artères ou le cœur. Leur action consiste à ralentir la coagulation. Il s'agit principalement de :
- Les antivitamines K (AVK) qui se présentent sous forme de comprimé à avaler et qui empêchent la formation de plusieurs facteurs de la coagulation dépendants de la vitamine K.
- Les héparines qui se présentent sous forme injectable (administrées par piqûres sous cutanées ou par perfusion) qui augmente l'activation naturelle de l'inhibiteur de plusieurs facteurs de la coagulation.
- L'aspirine peut aussi être prescrite pour modifier la coagulation mais ce n'est pas un médicament anticoagulant, c'est un médicament antiagrégant qui n'agit pas sur la coagulation mais sur les plaquettes.
Les normes diffèrent selon les pratiques des laboratoires. Sachez que les résultats d'examens sanguins ne constituent pas un diagnostic à eux-seuls. Il est donc particulièrement important de consulter un médecin afin de prévoir des examens complémentaires ou un éventuel traitement.
Merci au Dr François Blanchecotte, biologiste, pour sa validation.