Quelle est la durée maximale de port d'un tampon ?
La majorité des femmes le gardent trop longtemps...
Le tampon est une protection hygiénique interne, comme la coupe menstruelle, et s'utilise de la même manière. Concrètement, on l'insert dans le vagin au moment des règles, surtout quand le flux est abondant. Il s'utilise quel que soit l'âge et la vie sexuelle et est vanté pour sa praticité. Petit et interne, il permet de pratiquer toutes sortes d'activités même sportives pendant les menstruations. Mais il a l'inconvénient d'être facilement oublié (puisque très discret) donc laissé trop longtemps dans le vagin. Or "le sang est un milieu de culture pour les bactéries et elles y prolifèrent très rapidement" nous explique la sage-femme Anna Roy. Parmi ces bactéries, le staphylocoque doré (staphylococcus aureus), responsable du syndrome de choc toxique. Ce syndrome caractérise une grave infection causée par la production d'une toxique très agressive. Cette toxine peut entraîner une défaillance d'organes pouvant aller jusqu'à des amputations, voire la mort d'après l'Anses. "Le risque de développer un syndrome de choc toxique est extrêmement rare mais il existe" confirme notre sage-femme. Une vingtaine de cas sont recensés par an en France.
"En pratique les délais sont toujours dépassés"
Pour réduire ce risque, il est essentiel de changer régulièrement le tampon. Mais tous les combiens ? "Les recommandations sont de changer de protection toutes les 6 à 8 heures mais je sais qu'en pratique les délais sont toujours dépassés. Je conseille toujours de retirer le tampon ou la coupe menstruelles au bout de 6 heures." Ce délai raccourci est particulièrement valable pour certaines femmes avec un quotidien ne leur permettant pas toujours de penser à changer de protection "Les soignantes ou les collégiennes et lycéennes par exemple, ont des journées tellement chargées qu'elles peuvent oublier de changer de tampon. Certaines n'ont tout simplement pas accès à des toilettes tout au long de la journée." Ces recommandations sont aussi valables pour les protections externes car les femmes ont tendance à attendre plus longtemps avant de les changer "Porter une serviette hygiénique ou une culotte menstruelle pendant 12 heures n'est pas idéal même si les fabricants assurent que leurs produits sont bactéricides et fongicides" précise Anna Roy. Et le risque de choc toxique existe aussi avec ces protections.
Varier les protections périodiques
Pour éviter tout risque, Anna Roy recommande d'alterner protections internes et externes "Les protections internes restent un instrument de liberté extraordinaire mais je conseille de varier les types de protection." D'autres choix de protections périodiques sont trouvables sur le marché, en plus des tampons et des coupes menstruelles il existe d'autres protections internes, appelées éponges menstruelles. Parmi les protections externes on retrouve les serviettes hygiéniques et protège-slips jetables ou encore les culottes de règles et serviettes lavables qui sont des dispositifs réutilisables.
"Eviter de mettre un tampon le soir"
"Dans les faits, il est parfois difficile d'alterner. En été par exemple une femme va avoir tendance à porter davantage de tampons à la mer et à la piscine mais je conseille de ne pas porter de tampons le soir car on ne sait jamais combien de temps va durer sa nuit."
Une enquête menée en 2017 avait d'ailleurs montré que 79% des femmes qui mettent un tampon avant de se coucher le garde toute la nuit. En apprenant à connaître son flux, il devient plus facile de choisir une protection périodique adaptée mais aussi d'être alerté en cas de problème de santé "Il est très facile de savoir quand s'inquiéter de son flux : soit il y a un besoin de doubler ses protections, c'est-à-dire de porter un tampon et une serviette ou de mettre deux serviettes l'une sur l'autre, soit de changer de protection toutes les heures et demie." Dans ces cas là, il vaut mieux consulter : "C'est peut être rien mais il faut vérifier si ce n'est pas un fibrome ou un problème hormonal" informe Anna Roy. Le flux menstruel peut être impressionnant mais il n'est pas forcément alarmant : "C'est n'est pas grave d'avoir un flux très important pendant 5 heures, si pendant le reste des menstruations il reste faible."
Merci à Anna Roy, sage-femme et autrice avec Mademoiselle Caroline de "Tout sur les règles !" aux éditions Flammarion jeunesse.