7 tendances Internet (trop) dangereuses pour le vagin
Maquillage, piercing, paillettes, vontouring, vabbing... Attention à ne pas suivre les tendances souvent saugrenues voire dangereuses pour le vagin qui se partagent sur les réseaux sociaux TikTok, Instagram... parfois même par des stars comme Kim Kardashian ou Gwyneth Paltrow.
Le vagin. On connait son nom, on sait plus ou moins où il se trouve mais pas toujours à quoi il sert et surtout à quel point il faut en prendre soin. Situé entre la vessie et le rectum, le vagin mesure une dizaine de centimètres. Il se termine par un "cul de sac" au niveau du col de l'utérus et est ainsi séparé de l'utérus. Il est tout en longueur, "et non comme une caverne" souligne le Dr Odile Bagot, gynécologue dans son livre "Vagin&Cie. On vous dit tout" (Editions Mango). "Le vagin ne présente aucune cavité, ses parois se touchent quand il est au repos cependant leur élasticité est telle qu'elles permettent le passage d'un bébé, d'un pénis, d'un tampon." Dans le vagin vivent de nombreuses bactéries qui cohabitent naturellement très bien. "La flore vaginale abrite 90% de germes lactobacilles aussi appelés bacilles de Döderlein", explique la gynécologue. Ils assurent un pH vaginal entre 3,8 et 4,5 soit légèrement acide. Ce sont aussi eux qui sont à l'origine des pertes blanches. Dans les 10% restants de germes : des champignons comme les Candida albicans, des colibacilles, le streptocoque et le gardnerella vaginalis. Cet équilibre doit perdurer au risque sinon de laisser se développer des infections (vulvovaginites, mycose...).
1. Mettre des aliments dans son vagin déséquilibre la flore
Mettre du yaourt dans le vagin pour éviter les infections ou du persil pour mieux réguler le cycle menstruel. Des tendances qui ont beaucoup fait parler sur Internet. Heureusement, dans la réalité "ces cas se limitent à un microcosme" rassure le Dr Odile Bagot, gynécologue. Les risques : "Mettre du persil haché dans le vagin va modifier son pH et la flore. Les lactobacilles (de bonnes bactéries présentes dans le vagin, ndlr) vont diminuer au profit d'autres germes comme le gardnerella qui peut causer une vaginose" prévient la spécialiste. La vaginose se caractérise par des pertes assez fluides, légèrement colorées, un petit peu irritantes et surtout de mauvaises odeurs comme celle du poisson pourri.
2. Les piercings douloureux pendant le rapport sexuel
Il existe des piercings que l'on peut mettre au niveau des petites lèvres de la vulve ou du clitoris. Ils ne présentent pas vraiment de risques pour le Dr Odile Bagot "si ce n'est celui de l'infection superficielle et de faire un peu mal au moment des préliminaires" donc mieux vaut penser à les retirer avant l'acte. Pour éviter l'infection : bien se laver les mains (avec eau et savon) avant de toucher le piercing, le nettoyer avec un antiseptique doux. En cas de rougeurs ou de suintements, consulter un médecin.
"Le vagin moins on y touche, mieux il se porte"
3. On oublie le vontouring qui consister à maquiller son vagin
Une crème pour illuminer les lèvres vaginales ou carrément un rouge à lèvres ? Vanté par certaines personnalités américaines comme Kim Kardashian, le maquillage vaginal ou "vontouring" n'est pas dénué de risques. En plus d'être inutile (puisqu'il ne se voit pas), il met en contact les composants du maquillage (qui ne sont pas biologiques) avec les muqueuses. Les risques : "Ces cosmétiques sont bourrés de perturbateurs endocriniens qui vont passer dans la muqueuse vaginale et se retrouver immédiatement dans le sang" prévient le Dr Bagot. Et à l'inverse d'une crème appliquée sur la peau, là, il n'y a pas de couche cornée pour faire barrière. En résumé : on oublie !
4. Les paillettes dans le vagin peuvent causer des allergies
Introduire une pilule dans le vagin qui libère des paillettes aromatisées "goût bonbon" pendant l'acte, impensable ? Pas du tout. Une entreprise américaine l'a proposé durant l'été 2017… et a eu beaucoup de succès. Pour le Dr Odile Bagot "si cela fait plaisir au couple et que c'est excitant, pourquoi pas". A condition cependant de supporter le produit. "Une allergie de contact au passage de produits chimiques dans le sang n'est pas impossible. Il peut y avoir un effet irritant et allergisant, le produit modifie l'acidité du vagin en augmentant le pH ce qui va perturber la flore. De plus, on ne sait rien des composants qui sont tous susceptibles de traverser la paroi vaginale."
5. Le sauna vaginal peut brûler et favoriser les mycoses
En 2018, le Journal canadien d'obstétrique et de gynécologie a rapporté le cas d'une femme de 62 ans qui a testé la vaporisation vaginale (vaginal steaming, v-steaming ou "sauna vaginal") pour réduire le prolapsus (descente) vaginal dont elle souffrait et éviter une opération. Conseillée par un médecin traditionnel chinois, elle a mélangé des plantes médicinales dans une casserole d'eau bouillante avant de s'asseoir juste au-dessus pendant 20 minutes. Au bout de 2 jours de "traitement", elle a consulté un service d'Urgence pour des brûlures au deuxième degré, très douloureuses à soigner... La vaporisation vaginale -qui consiste donc à exposer son vagin à de la vapeur d'eau très chaude- "est une méthode de plus en plus populaire que les femmes utilisent pour raffermir et rajeunir leur vagin" indique le Dr Magali Robert dans le journal. Défendue par l'actrice Gwyneth Paltrow, elle est proposée dans certains Spa aux Etats-Unis et "est utilisée depuis longtemps dans certaines cultures asiatiques et africaines" poursuit le Dr Robert. Sur les réseaux sociaux, on trouve des sites proposant la vente d'herbes vaginales qui "procurent détente et rajeunissement" et des femmes qui partagent leurs techniques. Certaines, par exemple, versent l'eau bouillante directement dans les toilettes avant de s'asseoir dessus. Plusieurs médecins ont réagi à cette "tendance" dangereuse. Le Dr Vanessa Mackay, porte-parole du Collège Royal des Obstétriciens et Gynécologues anglais a rappelé que le vagin était auto-nettoyant et qu'il ne nécessitait aucun traitement supplémentaire. "Le vagin contient de bonnes bactéries, qui sont là pour le protéger. La vapeur dans le vagin pourrait affecter cet équilibre sain de bactéries et le pH et provoquer une irritation, une infection -telle qu'une vaginose bactérienne ou mycose- et une inflammation."
6. Le vabbing peut transmettre des IST
Apparu pendant l'été 2022 sur le réseau social TikTok, le vabbing (contraction de "vagina" (vagin en français) et "dabbing" (tamponner en français) consiste à appliquer ses sécrétions vaginales sur le corps comme un parfum ; dans le cou, le décolleté, les poignets... dans le but d'attirer de nouveaux partenaires grâce aux phéromones présents dans ces fluides naturels. ″Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude, sur la base des études (qui ont été menées uniquement sur des animaux, ndlr), que les phéromones humaines affectent le comportement sexuel humain" a commenté la dermatologue américaine Blair Murphy-Rose sur le New York Post. Surtout "les fluides vaginaux peuvent transmettre des microbes à une autre personne par contact physique, y compris des infections sexuellement transmissibles (IST) comme la gonorrhée, la chlamydia et la trichomonase, bien que le risque de transmission soit certainement beaucoup plus élevé lors des rapports sexuels" a-t-elle expliqué.
7. La douche vaginale décape trop le vagin !
"On ne nettoie pas le vagin, rappelle le Dr Odile Bagot. La toilette vaginale c'est-à-dire le fait de le nettoyer à l'intérieur est à proscrire puisqu'il est naturellement auto-nettoyant." Il faut nettoyer uniquement la vulve soit entre les petites lèvres. "L'idéal est d'utiliser un savon gynécologique adapté à la toilette quotidienne (regarder sur l'étiquette) mais si vous utilisez un autre savon ou gel douche et que vous le supportez bien, vous pouvez continuer avec. Tant qu'il n'y a pas d'irritation ou de sécheresse, pas d'inquiétude" explique la spécialiste. Avant de redire que "le vagin moins on y touche, mieux il se porte".
Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue dans son livre "Vagin&Cie. On vous dit tout" (Editions Mango). Propos recueillis en 2019.