Syndrome des enfants battus (Silverman) : c'est quoi ?
Le syndrome de Silverman est caractérisé par plusieurs lésions squelettiques, visibles à la radiographie, chez les enfants victimes de violences répétées. Face un tel tableau, des mesures d'urgence de protection de l'enfant doivent être prises.
Définition : qu'est-ce que le syndrome des enfants battus ou syndrome de Silverman ?
Selon les derniers chiffres disponibles, 1 enfant victime de maltraitance meurt tous les 5 jours en France. Ils sont 50 000 à subir des mauvais traitements (physiques psychologiques, négligences et abus sexuels). Le syndrome de Silverman est caractérisé par des fractures multiples, négligées, et survenues à différents âges, chez un enfant victime de maltraitance. Il a été décrit par le radiologue et pédiatre américain Frederic Silverman dans les années 50. "Ces fractures d'âges différents sont visibles sur les radiographies du squelette d'un enfant. Certaines sont déjà consolidées, d'autres sont plus récentes, d'autres en cours de consolidation. C'est un argument pour penser qu'un enfant est victime de maltraitance", explique Emilie Eyssartier, chirurgien pédiatre à la clinique Jules Verne, à Nantes. "Par extension, le syndrome de Silverman concerne également aujourd'hui tout ce qu'on peut voir à l'imagerie, autre que la radiographie, comme l'échographie (fractures d'organes) et/ou le scanner cérébral (lésions cérébrales)", ajoute la spécialiste. Avant de poser le diagnostic définitif du syndrome de Silverman, il faut d'abord écarter la maladie des os de verre, une affection génétique caractérisée par une fragilité osseuse. "Une maladie qui est extrêmement rare mais qu'il est nécessaire d'exclure", note le chirurgien pédiatrique.
Quels sont les signes du syndrome des enfants battus ?
"On réalise une radiographie du squelette d'un enfant lorsqu'on a une suspicion de maltraitance. Par exemple, un enfant de 3 mois qui est tombé de la table à langer, cela alerte les soignants aux urgences car, un bébé de cet âge n'est pas encore capable de se retourner tout seul. Autre cas, une fracture du fémur ou du tibia chez un enfant qui ne marche pas encore", illustre la spécialiste. Si l'enfant souffre d'une fracture qui semble suspecte à l'équipe soignante, que l'adulte responsable n'est pas capable d'expliquer, alors des examens complémentaires peuvent être réalisés à la recherche d'un possible syndrome de Silverman. "En cas de suspicion de maltraitance, on prescrit systématiquement une radiographie du squelette corps entier. On peut aussi demander un fond d'oeil, qui permet de constater d'éventuelles lésions cérébrales, un hématome à l'intérieur du crâne. Un scanner cérébral peut aussi être réalisé", ajoute Emilie Eyssartier.
Quelles sont les causes ?
Le syndrome de Silverman est dû à des maltraitances physiques répétées, coups et blessures, et à une négligence des fractures et lésions engendrées par ces comportements violents. Le syndrome du bébé secoué et le syndrome de Silverman sont deux syndromes distincts : "Dans le syndrome du bébé secoué, on recherche l'hématome intracrânien caractéristique du bébé secoué. En effet, lorsqu'il est secoué, le cerveau du petit enfant vient frapper contre sa boîte crânienne, ce qui cause un hématome intracrânien. S'il s'agit de l'unique signe de maltraitance, le diagnostic ne sera pas le syndrome de Silverman", précise notre interlocutrice.
Quelles sont les conséquences du syndrome de Silverman ?
Le syndrome de Silverman implique que l'enfant a subi des épisodes de violences à plusieurs reprises. La maltraitance laisse des séquelles physiques et psychologiques et peuvent être dévastatrices tout au long de la vie de la victime.
Quelles sont les caractéristiques du syndrome de Silverman à la radiographie ?
A la radiographie, le corps d'un enfant qui souffre du syndrome de Silverman montre des signes de fractures sur son squelette, des fractures des membres, des côtes et/ou de la face, notamment du nez. "Ces cicatrices sont appelées des cals osseux. On retrouve la fracture pour laquelle l'enfant a été amené aux urgences et une ou plusieurs autres, à des âges différents. Cela signifie que l'enfant a vécu plusieurs épisodes du même type en quelques semaines, quelques mois, ce qui est significatif du syndrome de Silverman", explique la spécialiste.
Comment réagir et que faire ?
Syndrome de Silverman, syndrome de bébé secoué ou autres signes de violences... dès lors que les professionnels de santé suspectent un cas de maltraitance chez un enfant, ils ont l'obligation légale et déontologique de le protéger. "Ils doivent alors signaler cette situation au procureur de la République et à la cellule de recueil d'évaluation et de traitement des informations préoccupantes (CRIP) de leur département", note la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle précise qu'il n'est pas nécessaire d'apporter de preuve, il relève des autorités compétentes de mener une enquête après un signalement.
Merci au Dr. Emilie Eyssartier, chirurgien pédiatre à la clinique Jules Verne, à Nantes, pour son expertise.