Adénovirus : symptômes bébé, cause, responsable d'hépatite ?

Les infections à adénovirus sont le plus souvent bénignes, mais peuvent entraîner des symptômes comme une toux, de la fièvre, une otite, une conjonctivite ou une gastro-entérite, plus rarement une hépatite. Comment se fait la transmission ? Quel traitement ? Réponses du Dr Fabienne Kochert, pédiatre.

Adénovirus : symptômes bébé, cause, responsable d'hépatite ?
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Les adénovirus infectent surtout les jeunes enfants. Ils entraînent des infections principalement bénignes, avec des pics épidémiques en hiver et au printemps. Chez la personne immunodéprimée, l'infection peut être sévère. Chez le nourrisson, il peut être responsable de bronchiolite et de pneumopathie. En avril 2022, une mystérieuse épidémie d'hépatite aiguë a été observée chez des jeunes enfants en Europe (dont la France) et aux Etats-Unis. Face à cette étrange hausse de cas, l'OMS a publié un rapport avançant une infection à l'adénovirus comme cause possible. L'adénovirus (de type 41) a été identifié dans des échantillons de matières fécales de presque la moitié des enfants infectés. "Bien que l'adénovirus soit actuellement une hypothèse comme cause sous-jacente, il n'explique pas entièrement la gravité du tableau clinique", indique l'organisation. Comment attrape-t-on l'adénovirus ? Quels symptômes entraîne-t-il ? Comment est posé le diagnostic ? Comment soigner une infection à adénovirus ? Eclairage du Dr Fabienne Kochert, pédiatre et Présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). 

Définition : c'est quoi un adénovirus ?

"L'adénovirus est un virus répandu mais qui ne fait pas parler de lui autant que le virus de la grippe, de la bronchiolite ou de la Covid-19 par exemple, dans la mesure où il entraîne des infections plutôt bénignes", pose d'emblée le Dr Fabienne Kochert. Les virus possèdent le génome de l'ADN ou de l'ARN ce qui les classe dans deux catégories distinctes.

► L'adénovirus (qui appartient à la famille des Adenoviridae) est un virus à ADN (sans enveloppe, voir le schéma ci-dessous), c'est-à-dire que son génome - l'ensemble de son matériel génétique - est constitué d'un ADN.

► Le virus de la grippe ou de la Covid sont eux des virus à ARN, c'est-à-dire que leur génome est constitué d'un ARN. Les virus à ARN présentent des taux de mutation plus élevés que les virus à ADN. 

Schéma de la structure d'un adénovirus
Schéma de la structure d'un adénovirus © Olga - stock.adobe.com / Journal des Femmes

Comment se transmet un adénovirus ?

"La transmission d'un adénovirus se fait par un contact direct ou plus rarement par voie manuportée (par l'intermédiaire des mains en contact avec un objet ou un aliment contaminé) avec les sécrétions nasopharyngées (salive, gouttelettes respiratoires...) ou les selles d'une personne infectée", détaille la pédiatre. La transmission virale est facilitée par la vie en collectivité, les espaces clos, mal ventilés et survient plus volontiers dans des communautés spécifiques comme les crèches, les écoles, les garderies, les casernes ou les piscines. Et comme pour tous les virus, les infections à adénovirus peuvent également être nosocomiales, c'est-à-dire, contractées au cours d'un séjour dans un établissement de santé (hôpital, clinique…).

La transmission d'un adénovirus peut se faire facilement d'une personne à une autre.

L'adénovirus est-il contagieux ?

Oui. La transmission d'un adénovirus peut se faire facilement d'une personne à une autre par voie aérienne. De plus, les adénovirus sont très résistants dans l'environnement et peuvent persister plusieurs semaines sur les surfaces. Leur contagiosité est donc élevée. La transmission entre les membres d'un même foyer (parents-enfants) est fréquente. 

Quelle est la période d'incubation d'un adénovirus ?

La période d'incubation d'un adénovirus s'étend de 2 à 14 jours

Aucun tableau clinique n'est spécifique de l'adénovirus.

Quels symptômes entraînent un adénovirus ?

Comme pour toutes les viroses respiratoires, les symptômes sont peu évocateurs. Aucun tableau clinique n'est spécifique de l'adénovirus. Chez les patients immunocompétents comme chez les adultes (l'immunocompétence est la capacité du corps à produire une réponse immunitaire normale, après exposition à un antigène), l'infection peut être totalement asymptomatique. Les signes cliniques, quand ils sont présents, sont très variés :

  • rhinopharyngite
  • angine
  • bronchiolites (chez le bébé)
  • otite
  • toux
  • fièvre (d'intensité modérée)
  • atteintes oculaires : conjonctivite ou kératoconjonctivite (lésion de la cornée). "La kératoconjonctivite est le signe le plus typique d'une infection à adénovirus, mais reste peu fréquente", précise notre interlocutrice.
  • atteintes digestives (gastro-entérite), avec des diarrhées, des vomissements et des douleurs abdominales.
  • cystite hémorragique (rare)

Chez les enfants et adultes immunodéprimés (ayant reçu une greffe d'organe par exemple), les infections à adénovirus peuvent être plus sévères et disséminées, avec l'atteinte potentielle de nombreux organes :

  • pneumonies
  • méningo-encéphalites
  • hépatites, particulièrement sévères, potentiellement et exceptionnellement mortelles

Comment pose-t-on le diagnostic d'un adénovirus ?

"Habituellement, il n'y a aucune indication à rechercher ce virus précisément. Avec la pandémie de Covid, les TROD (tests rapides d'orientation diagnostique) se sont généralisés et permettent d'identifier, en présence d'un tableau infectieux, le type de virus en cause (grippe, VRS, Covid...)", décrit notre interlocutrice. Pour ce qui concerne l'adénovirus, il peut être identifié par une PCR (recherche moléculaire) à partir des sécrétions respiratoires, d'un prélèvement de sang, de selles, d'urines... "Si on est face à une kératoconjonctivite, on peut faire une PCR sur un prélèvement conjonctival par exemple. On peut également faire des recherches d'anticorps comme pour les autres virus, mais cela a peu d'intérêt diagnostique et ne permet qu'un diagnostic rétro-actif après guérison", précise la pédiatre. Les PCR ne sont généralement utiles que pour les personnes fragiles, immunodéprimées, greffées ou qui présentent une forme grave de l'infection. 

Dans la grande majorité des cas, les infections à adénovirus guérissent spontanément. 

Quel est le traitement d'un adénovirus ?

"Le traitement est avant tout symptomatique : traitement de la fièvre, de la toux, des douleurs, des diarrhées... et on attend que ça guérisse. Le plus long à guérir est la kératoconjonctivite car la cornée est longue à cicatriser", indique notre interlocutrice. Dans la grande majorité des cas, les infections à adénovirus guérissent spontanément. Aucun antiviral n'est réellement efficace contre les adénovirus. "Pour la grippe, on dispose d'un médicament antiviral (Tamiflu®) qui peut limiter la réplication virale lorsqu'il est donné suffisamment tôt, mais rien n'a été décrit pour les adénovirus", précise-t-elle. 

Prévention : comment se protéger de la transmission d'un adénovirus ?

Le respect des précautions d'hygiène est essentiel pour prévenir la transmission des adénovirus :

  • Lavage des mains régulier
  • Port d'un masque pour les personnes malades ou en présence de personnes fragiles
  • Pas de contact étroit avec une personne infectée
  • Désinfection des surfaces et objets potentiellement contaminés car ces virus conservent leur infectiosité pendant longtemps sur des surfaces.

Existe-t-il un vaccin contre l'adénovirus ?

Il ne faut pas confondre un vaccin contre l'adénovirus avec le vaccin à adénovirus qui fait référence à une technologie de protection spécifique.

Il n'existe pas de vaccin contre l'adénovirus pour la population générale. Un vaccin oral a été mis au point par l'armée américaine et serait capable de réduire l'incidence des infections à adénovirus, mais il n'est disponible que pour le personnel militaire. Attention, il ne faut pas confondre un vaccin contre l'adénovirus avec les vaccins à adénovirus qui sont des vaccins qui utilisent un adénovirus non pathogène pour l'homme comme vecteur viral pour immuniser l'organisme contre un autre agent infectieux, par exemple le Sars-CoV-2. En effet, les adénovirus (rendus inoffensifs) peuvent être utilisés dans la vaccination pour provoquer une réponse immunitaire. C'est notamment le principe de certains vaccins anti Covid comme Vaxzevria d'AstraZeneca, le vaccin Janssen de Johnson & Johnson ou le vaccin russe Spoutnik V.

Merci au Dr Fabienne Kochert, pédiatre et présidente de l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) 

Source : Société française de microbiologie