Iode radioactif : thyroïde, nucléaire, danger, c'est quoi ?

L'iode radioactif (dont l'iode 131) est une substance pouvant être libérée lors d'un accident nucléaire ou utilisée dans le traitement du cancer de la thyroïde. Danger, effets secondaires, symptômes de contamination... Tout savoir sur l'iode radioactif.

Iode radioactif : thyroïde, nucléaire, danger, c'est quoi ?
© 123rf-gioiak2

L'iode radioactif peut être libéré suite à un accident nucléaire, pénétrer dans le corps via les voies respiratoires ou l'ingestion d'aliments contaminés et causer des dommages dans l'organisme. Parallèlement, l'iode radioactif est aussi utilisé comme traitement après une ablation totale de la thyroïde (thyroïdectomie) pour les formes localisées de cancer à risque élevé de récidive. Quels dangers et risques pour la santé ? Pour la glande thyroïde ? Quels sont les symptômes d'alerte d'une contamination à l'iode radioactif ? Comment s'en protéger ? Que faut-il faire en cas de contamination ou d'exposition accidentelle à la radioactivité ? C'est quoi l'iode 131 ? Tout savoir. 

Définition : c'est quoi l'iode radioactif ?

L'iode radioactif est un élément chimique pouvant par exemple être rejeté lors d'un accident nucléaire. L'organisme, et particulièrement la thyroïde (glande située dans la partie basse du cou, en dessous du larynx, produisant des hormones qui régulent de nombreuses fonctions du corps), a besoin d'une petite quantité d'iode dit naturel ou stable (donc non radioactif) pour fonctionner correctement. Cette petite quantité provient des aliments que nous consommons. En cas d'accident nucléaire, c'est de l'iode dit radioactif (ou instable) qui est libéré. Ce type d'iode est dangereux pour la santé. Parallèlement, l'iode radioactif (le même) peut-être utilisé en traitement du cancer de la thyroïde (irathérapie) dans les mois suivant la chirurgie pour détruire les cellules thyroïdiennes normales et les éventuelles cellules cancéreuses restantes dans le corps.

A savoir : la radioactivité est un phénomène qui émet des rayonnements ionisants qui sont invisibles. On ne peut ni les sentir, ni les toucher, ni les entendre, on peut seulement les mesurer. La radioactivité peut être naturelle (rayonnement cosmique) ou artificielle (qui résulte d'activités humaines : exploitation des réacteurs nucléaires, production d'électricité, stérilisation d'aliments, radiologie, radiothérapie, médecine nucléaire...).

C'est quoi l'iode 131 ?

L'iode-131 est l'un des types d'iode le plus dangereux car il est extrêmement radioactif 

L'iode-131 (symbolisé 131I) est l'un des isotopes (variantes d'un même élément chimique) d'iode le plus dangereux lorsqu'il est relâché dans l'environnement car il est extrêmement radioactif et c'est celui qui a le plus tendance à se fixer le plus sur la thyroïde, indique le site sur la radioactivité, géré par le CNRS. Il s'agit "d'un isotope important d'un point de vue radiotoxicologique en raison de sa grande mobilité dans l'environnement, de sa bonne assimilation dans l'organisme et de son accumulation dans la thyroïde". L'iode 131 est l'un des isotopes rejetés en cas d'accident nucléaire grave. Des quantités importantes d'iode 131 ont été relâchées lors des accidents survenus à Windscale (Royaume-Uni) en 1957, à Three Mile Island (USA) en 1979  et à Tchernobyl (Ukraine) en 1986. A noter qu'utilisé en très faible quantité, l'iode 131 a un intérêt pour l'exploration de la thyroïde et le traitement de certains cancers thyroïdiens.

Pourquoi utilise-t-on de l'iode en cas de cancer de la thyroïde ?

Le traitement à l'iode radioactif (iode 131) est indiqué comme traitement après une ablation totale de la thyroïde (thyroïdectomie) pour les formes localisées de cancer à risque élevé de récidive. L'iode radioactif est administré sous la forme d'une gélule à avaler. Dans le sang, les cellules thyroïdiennes captent cet iode en circulation. Au bout de quelques semaines, les rayons les détruisent. "Les rayons ne diffusent que sur quelques millimètres. Les cellules voisines, qui ne captent pas l'iode, ne sont ainsi pas affectées et les effets indésirables du traitement sont très limités" rassure l'Institut national du Cancer. Quelques jours après le traitement, une scintigraphie est réalisée. Elle permet de visualiser les parties du corps sur lesquelles l'iode 131 s'est fixé et donc là où se trouvent les cellules métabolisant l'iode ce qui peut révéler l'étendue de la maladie. Cet examen fait partie du bilan d'extension du cancer. 

Comment l'iode radioactif pénètre-t-il dans le corps ?

En cas de libération d'iode radioactif dans l'environnement et sans mesure de protection, le corps absorberait trop d'iode radioactif qui s'accumulerait ainsi dans la glande thyroïde et perturberait son fonctionnement. L'iode radioactif peut pénétrer dans le corps de plusieurs façons :

  • En inhalant de l'air contenant de l'iode radioactif. 
  • En ingérant des aliments contaminé par de l'iode radioactif
  • Par la peau, en cas d'exposition directe avec de l'iode radioactif
La glande thyroïde absorbe de l'iode radioactif
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Quel est le danger de l'iode radioactif ?

En cas de libération d'iode radioactif, il y a un risque de :

CONTAMINATION : lorsqu'il y a un contact avec de l'iode radioactif. La contamination peut être externe (lorsque la substance n'entre en contact qu'avec la peau, les cheveux ou les vêtements) ou interne (quand la substance a pénétré dans le corps)

IRRADIATION : lorsque l'iode radioactif a irradié le corps à distance et en dehors de celui-ci (sans contact direct et physique entre le corps et la substance radioactive).

Lors d'un accident nucléaire, une émission radioactive peut se produire, dans l'air, l'eau ou en surface et rejeter des matières radioactives comme l'iode radioactif dans l'environnement. "La radiation est invisible, n'a pas d'odeur et pas de goût. Donc, une émission radioactive ne peut être détectée qu'à l'aide de matériel de mesure spécifique", explique le site officiel consacré au risque nucléaire du Centre de Crise de Belgique. En cas d'accident nucléaire, il y a un réel risque de contamination. Libéré dans l'environnement, l'iode radioactif peut être inhalé ou ingéré et se retrouver dans l'organisme. Cet iode peut ainsi s'accumuler dans la glande thyroïde et la saturer, jusqu'à provoquer une contamination interne. La glande thyroïde fait partie du système endocrinien et sécrète des hormones essentielles qui régulent la croissance, le développement et le métabolisme du corps. Sur le long terme, une contamination interne à l'iode radioactif dérègle la thyroïde, ce qui augmente considérablement les risques de cancer de la thyroïde. Une exposition massive à des substances radioactives augmente également le risque de malformations génétiques

Quels sont les symptômes d'une contamination à l'iode radioactif ?

Les symptômes n'apparaissent généralement qu'après une longue exposition à une matière radioactive. Une telle durée d'exposition n'est a priori possible que chez les ouvriers et le personnel d'intervention présents dans l'installation où s'est produit l'incident nucléaire. En population générale, les risques sont plus rares, mais existent. Ces signes peuvent être :

  • Des vomissements
  • Des nausées
  • Des douleurs abdominales et au niveau du cou
  • Des brûlures (inflammations des cellules thyroïdiennes, des glandes salivaires)
  • Une chute importante des cheveux

Traitement : que faut-il faire en cas de contamination à l'iode radioactif ?

Les comprimés d'iode ne protègent pas contre tous les dangers d'une exposition accidentelle à la radioactivité

Pour que la glande thyroïde arrête d'absorber de l'iode radioactif (instable), il faut prendre un traitement à base de comprimés d'iode stable (aussi appelé iodure de potassium). La prise de comprimés d'iode est l'une des trois mesures que peut prendre le Préfet en cas d'accident nucléaire avec la mise à l'abri et à l'évacuation de la population. Ce médicament empêche la thyroïde d'absorber l'iode radioactif libéré dans l'environnement. L'excès d'iode sera ainsi rapidement évacué par les urines. Toutefois, il ne protège pas contre tous les dangers d'une exposition accidentelle à la radioactivité car il ne confère pas une protection contre les autres substances radioactives (comme le césium 134 ou 137) potentiellement rejetées. D'où l'importance de se mettre à l'abri pour éviter l'exposition. 

→ La distribution de l'iode stable est placée sous la responsabilité des préfets, et est assurée à l'échelle des départements et des régions, indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Autrement dit, pour être efficaces, ces comprimés d'iode doivent être utilisés au bon moment, soit quand les autorités compétentes recommandent de les prendre, insiste l'AFCN. Pour le moment, la situation en Ukraine, suivie de près par les autorités européennes, ne représente aucun danger pour la santé. Disposer de comprimés d'iode stable dans ce cadre n'est donc pas nécessaire. 

Quelles précautions pour limiter les risques d'absorber de l'iode radioactif ?

Pour limiter les risques d'exposition à l'iode radioactif, les autorités compétentes peuvent prendre une série de mesures et de recommandations. Par exemple :

  • Mettre à l'abri la population et imposer de rester à l'intérieur, portes et fenêtres fermées, tous les systèmes de ventilation, chauffage et air conditionné coupés, jusqu'à ce que la situation soit à nouveau sûre. 
  • Interdire temporairement la consommation de certains aliments potentiellement contaminés comme le lait, les fruits ou les légumes, la viande...
  • Interdire temporairement la consommation de l'eau du robinet.

Les autorités et les exploitants de sites nucléaires veillent à la sécurité pour limiter au maximum le risque d'incident nucléaire, assurent des contrôles très stricts et préparent des plans et procédures d'urgence au cas où un incident se produirait.

Sources :

- Site de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)

- Risque nucléaire (site officiel du Centre de Crise de Belgique)

- Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN)

- Site du Centre national de recherche scientifique (CNRS)

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