Pic de pollution : définition, crit'air, Paris, se protéger

Les pics de pollution sont très fréquents, notamment à Paris. En été, il s'agit d'épisodes dus à l'ozone et en hiver, aux particules fines. Les fortes chaleurs, chauffages à bois, nombreuses sont les causes de ces pointes de pollution. Éléments de réponse avec Tony Renucci, directeur de l'association Respire.

Pic de pollution : définition, crit'air, Paris, se protéger
©  delcreations-123RF

Quelle est la définition d'un pic de pollution ? 

D'après la définition du ministère de la Santé, "on parle de pic (ou d'épisode) de pollution de l'air lorsque est dépassé, ou risque d'être dépassé, le seuil d'information et de recommandation ou le seuil d'alerte définis par la réglementation nationale pour les quatre polluants atmosphériques suivants : particules de taille inférieure à 10 micromètres (PM10), ozone (O3), dioxyde d'azote (NO2) et dioxyde de soufre (SO2)". Rien qu'à Paris, 14 jours d'épisodes de pollution ont été enregistrés par AirParis en 2020 : 9 pics dus à l'ozone et 5 dus aux particules fines. 

Qu'est-ce qu'un pic de pollution aux particules fines ? 

Les épisodes de pollution aux particules fines arrivent régulièrement car ils dépendent du climat, de certains types de chauffage, des industries et de la circulation routière. On estime avoir atteint le seuil d'information et de recommandation à 50 µg/ m ³ en moyenne journalière et le seuil d'alerte à 80 µg/ m ³ en moyenne journalière. "Quand on dépasse le seuil d'information, des mesures préfectorales sont mises en place et des recommandations sanitaires sont communiquées au grand public", explique Tony Renucci, directeur général de l'association Respire. Celles-ci consistent à éviter les zones à fort trafic routier aux périodes de pointe, privilégiez les activités modérées, réduire, voire reporter, les activités physiques et sportives intenses.

Quelles sont les règles pour circuler à Paris en cas de pic de pollution ? 

Pour réduire les émissions de polluants, des mesures concernant la circulation sont appliquées "en fonction de la décision préfectorale". La plupart du temps, il s'agit de la circulation différenciée ou alternée basée sur les vignettes Crit'Air ou encore la réduction de la vitesse de circulation.

Quelles vignettes Crit'air autorisées en cas de pic de pollution ? 

En cas de pic de pollution, les vignettes Crit'Air 4 ou plus sont interdites à la circulation. A Paris, si l'épisode persiste, l'interdiction peut même s'étendre aux vignettes de niveau 3. En dessous, les véhicules sont autorisés à circuler

Que dit le code de la route lors d'un pic de pollution ? 

Concernant les "pointes de pollution", l'article R411-19 du code de la route précise que "pour les mesures propres à limiter l'ampleur et les effets des pointes de pollution sur la population, le préfet définit le périmètre des zones concernées, les mesures de suspension ou de restriction de la circulation, notamment par la réduction des vitesses maximales autorisées, qu'il est susceptible de prendre et les modalités de publicité et d'information préalables des usagers en cas de mise en œuvre de ces mesures". Au niveau de l'information, les modalités comportent "au minimum l'information des maires intéressés et, sauf en cas de réduction des vitesses maximales autorisées ou de déviation de circulation faisant l'objet d'une signalisation routière conforme à l'article R. 411-25, la transmission d'un communiqué d'information à deux journaux quotidiens et à deux stations de radio ou de télévision, au plus tard à dix-neuf heures la veille de la mise en œuvre de ces mesures, afin de permettre sa diffusion dans les meilleurs délais". Concernant les mesures, il peut s'agir de "l'interdiction de circulation des véhicules certains jours en fonction de leur numéro d'immatriculation ou de leur identification prévue à l'article L. 318-1". "Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux mesures de suspension ou de restriction de la circulation mentionnées au présent article, ou de circuler dans le périmètre des restrictions de circulation instaurées sans que le véhicule soit identifié conformément aux dispositions de l'article L. 318-1 et des textes pris pour son application, est puni de l'amende prévue pour les contraventions :

  • De la quatrième classe, lorsque le véhicule relève des catégories M2, M3, N2 ou N3 définies à l'article R. 311-1 ;
  • De la troisième classe, lorsque le véhicule relève des catégories M1, N1 ou L.

L'immobilisation du véhicule peut être prescrite dans les conditions prévues aux articles L. 325-1 à L. 325-3."

L'article 318-1 du code de la route indique notamment que "les véhicules doivent être construits, commercialisés, exploités, utilisés, entretenus et, le cas échéant, réparés de façon à minimiser la consommation d'énergie, la création de déchets non valorisables, les émissions de substances polluantes, notamment de dioxyde de carbone, visées à l'article L. 220-2 du code de l'environnement ainsi que les autres nuisances susceptibles de compromettre la santé publique." D'après l'article 318-3, "est puni d'une amende de 7 500 € le fait de réaliser ou de faire réaliser sur un véhicule des transformations ayant pour effet de supprimer un dispositif de maîtrise de la pollution, d'en dégrader la performance ou de masquer son éventuel dysfonctionnement, ou de se livrer à la propagande ou à la publicité, quel qu'en soit le mode, en faveur de ces transformations".

Pourquoi un pic de chaleur augmente-t-il la pollution ? 

"Quand il fait chaud, cela engendre la formation d'ozone dans l'air. Il y a là un vrai lien entre pollution de l'air et changement climatique", explique Tony Renucci. L'ozone est un polluant secondaire. Il est émis à partir d'une réaction chimique entre une forte chaleur et deux polluants primaires : les oxydes d'azote (NOx) produits par le trafic routier et les composés organiques volatils (COV) dus à l'industrie, le trafic routier, les solvants ou encore les végétaux.

Pourquoi peut-il y avoir des pics de pollution l'hiver ?

Selon le directeur de Respire, les pics de pollution l'hiver sont principalement dus au chauffage urbain, notamment au chauffage au bois. "Le bois est une énergie renouvelable, donc a priori, se chauffer au bois est positif au niveau du CO2. Mais en réalité, la combustion du bois est très polluante au niveau atmosphérique et émet beaucoup de particules fines."

Comment se protéger si on doit sortir ?

Pour se protéger lors d'un pic de pollution, il est nécessaire de limiter son activité physique, de privilégier les sorties brèves à faible effort, de ne pas emprunter les grands axes routiers durant les heures de pointe.

Pour les personnes les plus fragiles, il est important de surveiller certains symptômes comme une gêne respiratoire, un mal de gorge ou des essoufflements. Nous ne savons pas encore si le port d'un masque peut être utile. "Il n'y a pas d'étude qui démontre l'efficacité des masques anti-pollution, déplore Tony Renucci. L'idéal serait avant tout de réduire les sources d'émissions de pollution pour que les gens qui sortent ne soient pas trop impactés."

Merci à Tony Renucci, directeur de l'association Respire. 

Sources : 
-    Code de la route 
-    Site du ministère des Solidarités et de la Santé 
-    Site AirParif