Pus : aspect, signe de quelles infections, traitements ?
Le pus est une substance liquide opaque, de couleur variable, qui résulte d'un état inflammatoire. Il se compose essentiellement de globules blancs en cours de décomposition, de débris de cellules mortes... Il peut être retrouvé dans des abcès, des infections générales et dans certains cas graves, dans des organes profonds (poumon, cerveau, foie…).
Définition : qu'est-ce que le pus ?
Le pus est un liquide épais de couleur blanche ou jaunâtre qui peut s'accumuler puis éventuellement s'écouler au niveau des zones subissant une infection. Il est composé d'un mélange de fibrine, de globules blancs altérés, de débris de cellules mortes et de bactéries. Habituellement, l'action des cellules de l'organisme participe à l'élimination de cette substance liquide, mais lorsque le pus s'accumule localement dans une cavité ou un espace cloisonné, il peut former un abcès et détruire progressivement les tissus environnants. "On distingue le pus contenant des germes infectieux, dû à des microbes dits pyogènes, qui provoquent des infections suppurantes et le pus aseptique qui ne contient aucun germe, précise le Professeur Jean-Paul Stahl, spécialiste des Maladies Infectieuses et Tropicales. L'examen direct au microscope et la mise en culture du pus permettra d'identifier si un microbe est en cause."
Quel est l'aspect du pus ?
Le pus est un liquide, épais et visqueux, qui peut avoir différentes couleurs (et parfois odeurs) selon la bactérie pyogène, responsable de la suppuration : staphylocoques (le pus est jaune), amibes (responsables d'un pus brun), germes anaérobies (le pus est gris et fétide), streptocoques et pneumocoques (le pus est vert), bacilles pyocyaniques (le pus est bleuté).
Quelle sa composition du pus ?
"Le pus est composé d'un mélange de protéines de l'inflammation (fibrine), de globules blancs (polynucléaires) altérés ou non, de débris de cellules mortes et de bactéries (vivantes ou mortes) comme le staphylocoque, le bacille pyocyanique, le pneumocoque...", détaille le médecin. "Il contient également du plasma sanguin."
Boutons de pus : le signe de quelles infections ?
"Dans le cas d'une infection bactérienne ou mycosique de la peau avec une accumulation localisée de pus dans une poche, on parlera d'un abcès cutané, précise le Professeur Stahl. Cet abcès peut être visible sous la peau, à n'importe quel endroit du corps, comme en cas de bouton abcédé, d'ongle incarné, ou de panaris, ou être plus profond, comme dans certaines infections digestives ou pulmonaires. Il peut alors s'agir d'une infection du follicule pileux, d'un furoncle ou d'une métastase de bactériémie ; l'éventail est large." En cas d'abcès cutanés ou sous-cutanés, les symptômes sont une peau tuméfiée et chaude, des douleurs localisées et un érythème. Une fièvre peut également apparaître. "On peut également trouver des abcès profonds, plus graves, dans des organes comme le poumon, le cerveau ou le foie, poursuit le spécialiste. Ils nécessitent souvent le recours à une imagerie médicale (échographie, IRM ou TDM). Le patient pourra alors ressentir une douleur localement et des signes généraux, en particulier fièvre, anorexie, amaigrissement et asthénie."
Pus dans les urines : le signe de quoi ?
On désigne par le terme de pyurie, la présence de pus dans les urines. "C'est un phénomène très exceptionnel, souligne le médecin. Ce n'est pas une maladie mais le symptôme le plus couramment associée à une infection urinaire due aux bactéries dans les voies urinaires supérieures ou inférieures."
Pus dans les selles : quelles causes ?
"La présence de pus dans les selles est assez difficile à détecter, reconnait le médecin. Dans ce cas, il s'agit généralement d'un abcès de la marge anale, située à proximité de l'anus ou du rectum. Elle est le plus souvent la conséquence de l'infection d'une petite glande présente à l'intérieur de l'anus." La chirurgie est la seule méthode adaptée pour traiter les abcès de la marge anale. Les personnes qui souffrent de la maladie de Crohn sont davantage exposées à un risque d'abcès. Parfois, ils sont une complication de la diverticulite ou de l'infection pelvienne.
Pus dans l'oreille : le signe d'une otite ?
Il faut distinguer deux cas :
→ "Si à l'examen, on découvre du pus dans l'oreille moyenne et notamment derrière le tympan, il s'agit alors d'une otite moyenne aiguë purulente (OMAP), d'origine bactérienne, confirme notre interlocuteur. Elle doit être traitée : évacuation du pus et antibiotiques."
→ En revanche, si le pus est situé dans le conduit auditif externe (partie située entre le pavillon et le tympan), il s'agira d'une otite externe. Elle est généralement d'origine bactérienne dans 90% des cas mais peut être mycosiques (due à un champignon). Il faudra la traiter avec des gouttes auriculaires antibiotiques.
Quels sont les traitements en cas de pus ?
"Le traitement dépend de la cause, insiste le Professeur. Dans le cas d'un abcès, le meilleur traitement c'est la chirurgie afin de l'enlever. En revanche, si l'abcès est le témoin local d'une autre infection générale, il faudra prévoir un traitement antibiotique."
Le diagnostic repose sur un examen clinique précis : fièvre ou pas, frisson ou pas, souffle cardiaque, examen veineux général pour voir s'il n'y a pas une veinite. "En cas d'abcès cutané, le premier réflexe c'est d'écouter le cœur pour voir s'il n'y a pas un souffle."
On peut prélever l'abcès pour faire un examen microbiologique qui donnera une indication sur le choix de l'antibiotique. Selon la nature de la bactérie trouvée, cela va renvoyer à la possibilité d'une infection locale ou au contraire générale. "Il faut mieux consulter rapidement un médecin pour vérifier s'il y a ou pas des critères de gravité. En effet, l'abcès en soi, même s'il est local au début, peut se généraliser. Et constituer la porte d'entrée à une infection générale comme une endocardite."
Merci au Professeur Jean Paul Stahl, chef du service des Maladies Infectieuses et Tropicales au CHU de Grenoble.