Syncope : symptôme, cause, que faire quand on perd connaissance ?
Vous ou l'un de vos proches a fait un malaise et a perdu connaissance pendant quelques secondes ? Malaise vagal, hypoglycémie, problème cardiaque... Savez-vous ce que ça peut cacher ? Que faire quand ça arrive ? Liste des 10 causes possibles et des bons gestes avec le Dr Marie Baron, médecin urgentiste en réanimation.
Définition : qu'est-ce qu'une perte de connaissance ?
Une perte de connaissance, communément appelée la syncope, correspond à "une altération de la conscience avec une perte de contact avec l'environnement extérieur", définit d'emblée le Dr Marie Baron, médecin urgentiste en réanimation et présidente de l'Association des Jeunes Médecins Urgentistes (AJMU). Cette sensation peut être brève ou plus longue selon les individus.
Symptômes d'une syncope
Le malaise peut parfois être caractérisé par différents signes avant-coureurs : sueurs, bourdonnements dans les oreilles, vision floue, palpitations, oppression respiratoire... Il se manifeste par une pâleur, des vertiges, d'une sensation de faiblesse et un évanouissement brutal. En cas de symptômes identiques mais sans perte de connaissance vraie, on parle de lipothymie.
20% des pertes de connaissance retrouvées aux urgences sont des malaises vagaux.
Perte de connaissance : 10 causes possibles
1. Un malaise vagal
Environ 20% des pertes de connaissance retrouvées aux urgences sont des malaises vagaux. "Un malaise vagal résulte d'une stimulation du nerf vague qui provoque une chute de tension artérielle et de la fréquence cardiaque. Ainsi, le débit sanguin baisse dans la zone cérébrale, le cerveau n'est plus suffisamment oxygéné et peut déconnecter temporairement de la réalité", explique le Dr Baron. Le malaise vagal survient généralement lorsqu'une personne est dans un environnement clos et surchauffé (typiquement, les transports en commun ou les lieux publics bondés). Les signes avant-coureurs d'un malaise vagal sont des sueurs, une chaleur dans le dos, un bourdonnement dans les oreilles et une vision brouillée.
2. Une hypoglycémie
Une hypoglycémie (baisse du taux de sucre dans le sang) peut être à l'origine d'un malaise avec des sueurs et des palpitations pouvant aller jusqu'à la perte de connaissance. "Dès que le patient qui a fait un malaise arrive aux urgences, on lui prélève sa glycémie capillaire, ce qui nous donne immédiatement une orientation sur le diagnostic. Si sa glycémie est basse, il suffit de lui donner du sucre par voie orale (morceau de sucre, boisson sucrée) si elle est consciente ou par voie veineuse si la personne est inconsciente. Dès qu'elle est resucrée, la personne reprend conscience assez rapidement, indique l'experte. L'hypoglycémie fait partie de ce qu'on appelle les troubles métaboliques. Ce sont des perturbations des composants du sang qui peuvent jouer un rôle sur le rythme cardiaque et ainsi provoquer des pertes de connaissance."
3. Un carence ou un excès en calcium
Un taux de calcium trop élevé (hypercalcémie) ou trop faible (hypocalcémie) dans le sang peut provoquer un malaise avec une perte de connaissance. "Ce malaise peut s'accompagner de douleurs musculaires, de fourmillements des mains ou des pieds, de tremblements, voire d'une accélération du rythme cardiaque (une tachycardie) de palpitations du cœur (extrasystoles)..., liste notre interlocutrice.
4. Un carence ou un excès en potassium
Une taux trop élevé (hyperkaliémie) ou trop faible de potassium (hypokaliémie) dans le sang peut s'accompagner des mêmes symptômes musculaires que pour les troubles du calcium et entraîner une perte de connaissance par troubles du rythme cardiaque graves : ralentissement du cœur (bradycardie) en cas de taux de potassium haut, extrasystoles et tachycardie en cas de taux de potassium bas. En cas de tachycardie ou de bradycardie, le médecin réalise une prise de sang et regarde sur l'ionogramme sanguin - l'un des examens les plus couramment demandés par les médecins - le taux de calcium ou de potassium, ce qui permet d'orienter le diagnostic.
5. Un problème cardiaque
Une perte de connaissance peut provenir d'un anomalie cardiaque qui peut être due à :
- un trouble du rythme cardiaque : il peut s'agir soit d'un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) : dans ce cas, le cœur n'oxygène pas assez les tissus dont le cerveau qui n'est plus suffisamment irrigué et qui peut entraîner la perte de connaissance. Soit d'une accélération du rythme cardiaque (tachycardie) : dans ce cas, le cœur n'éjecte pas convenablement le sang, ne peut donc plus pomper efficacement le sang et irriguer le cerveau et cause ainsi une perte de connaissance.
- un arrêt cardiaque lorsque le cœur n'est plus du tout oxygéné. "En cas d'arrêt cardiaque, la personne perd son tonus axial, sa position debout (elle s'effondre si elle se trouvait debout), devient molle et ne répond plus aux ordres simples et ne respire plus ou anormalement", décrit le Dr Baron. La cause la plus fréquente d'un arrêt cardiaque est l'infarctus du myocarde.
- un trouble de conduction cardiaque : le cœur, lorsqu'il se contracte, est parcouru par un petit réseau nerveux qui peut parfois effectuer une mauvaise transmission des signaux électriques dans les oreillettes et les ventricules du cœur. Dans ce cas, le cœur bat beaucoup plus lentement que la normale et cela peut causer une perte de connaissance.
6. Un accident ischémique transitoire
Lors d'un accident ischémique transitoire (AIT), les artères qui vascularisent le cerveau se bouchent transitoirement par des caillots de sang et peuvent provoquer des troubles neurologiques comme des vertiges, des mouvements oculaires anormaux, des tremblements des mains et une perte de connaissance. "En cas de signes évocateurs d'un AIT, le médecin urgentiste réalise un examen neurologique complet (examen clinique, IRM cérébrale...) qui va permettre d'orienter le diagnostic" précise notre interlocutrice.
7. Une crise d'épilepsie
La crise d'épilepsie peut entraîner une perte de connaissance plus ou moins prolongée, avec des mouvements des quatre membres en saccade (contractions musculaires/convulsions du corps), des yeux révulsés et des absences. Dès la première crise, il est nécessaire de consulter un médecin.
8. Une intoxication médicamenteuse
Un surdosage de médicaments peut entraîner un malaise avec une perte de connaissance. C'est notamment le cas :
- Des médicaments contre l'hypertension artérielle. Un surdosage de ces traitements peut entraîner une baisse excessive de la tension, causer une hypotension orthostatique et provoquer un malaise avec perte de connaissance.
- Des médicaments psychotropes comme les benzodiazépines ou les anxiolytiques.
- De certains médicaments contre l'insuffisance cardiaque issus de plantes comme la digitaline. "A dose prescrite par le médecin, ce médicament n'est pas toxique. En revanche, en cas de surdosage, il devient dangereux et peut causer un malaise cardiaque", alerte le médecin urgentiste.
- Des médicaments bêta-bloquants en cas de tachycardie ou d'hypertension artérielle.
- D'insuline en cas de diabète de type 1. "Prise en excès, l'insuline peut provoquer une hypoglycémie et donc un malaise avec perte de connaissance voire un coma", indique-t-elle.
- De la morphine ou des médicaments morphiniques en cas de surdosage.
9. Une consommation excessive d'alcool
Lors d'une consommation abusive d'alcool, on peut faire un coma éthylique et perdre connaissance. "Aux urgences, face à une personne qui sent l'alcool et qui est très molle, on va directement lui faire un dosage de l'alcoolémie", explique Marie Baron. De la même façon, un surdosage de stupéfiants (comme la cocaïne, le cannabis, la méthamphétamine, les opiacés...) peut causer un malaise avec une perte de connaissance plus ou moins brève. "On peut facilement le doser en réalisant une prise de sang ou une analyse d'urine."
10. Une intoxication au monoxyde de carbone
L'intoxication au monoxyde de carbone peut survenir chez des personnes possédant un chauffage mal nettoyé (poêle à bois ou cheminée mal ramonée...) ou avec des aérations insuffisantes (pièce calfeutrée, entrée d'air bouchée). Très toxique, le monoxyde de carbone est un gaz asphyxiant qui se fixe sur les globules rouges et empêche la bonne oxygénation des organes. "Une intoxication débute par de forts maux de tête, une confusion et peut aller jusqu'au coma. C'est une cause à rechercher quand le contexte est évocateur (en hiver, par temps de grand froid)", précise-t-elle. En cas d'intoxication au monoxyde de carbone, il faut aérer immédiatement la pièce en ouvrant les portes et fenêtres, puis évacuer le lieu et appeler les urgences en composant le 15 (SAMU), le 18 (les pompiers) ou le 112 (numéro d'urgence européen).
Un malaise n'est jamais anodin et peut survenir à tout âge.
Que faire face à un malaise ?
Si une personne fait un malaise à côté de vous, assurez-vous qu'elle respire (vérifiez que son thorax se soulève et mettez votre oreille au-dessus de sa bouche pour sentir s'il y a un souffle qui sort) et qu'elle répond à des ordres simples. "Inutile de prendre son pouls, d'autant plus que la population générale ne sait pas toujours correctement le prendre et bien l'interpréter", souligne notre interlocutrice. Dans la majorité des cas, la personne revient à elle spontanément.
Si la personne respire et qu'elle reprend conscience :
- Allongez-la sur le sol et desserrez ses vêtements (cravate, ceinture...).
- Placez-la en position latérale de sécurité et rassurez-la.
- Sans signe de gravité, il est conseillé de consulter un médecin de garde ou le médecin traitant. "Un malaise n'est jamais anodin et peut survenir à tout âge. Cela ne justifie pas toujours de solliciter les urgences, mais il est toujours prudent de demander un avis médical", insiste le médecin urgentiste.
"Le bouche à bouche n'est pas utile"
Si la personne ne respire plus et ne répond pas à des ordres simples :
- Alertez le Samu (15) ou les urgences (112).
- En attendant les secours, réalisez un massage cardiaque si vous savez le faire ou laissez-vous guider par l'opérateur du Samu par téléphone. Au téléphone, le médecin vous posera des questions pour évaluer l'état médical de la personne : parlez-lui calmement et clairement en lui indiquant le plus précisément possible les signes d'alerte, l'heure du début du malaise, l'évolution des symptômes...
- Par ailleurs, vous pouvez envoyer quelqu'un chercher un défibrillateur cardiaque, un appareil extrêmement utile si la personne ne respire plus. Disposez les patchs - comme indiqués sur le boitier du défibrillateur et/ou vocalement - sur la poitrine de la personne puis l'appareil évaluera tout seul s'il faut réaliser un choc électrique pour faire repartir le cœur sur un rythme cardiaque régulier jusqu'à l'arrivée des secours.
- "A savoir que "le bouche-à-bouche n'est pas utile : on s'est rendu compte que rétablir l'oxygénation n'est pas le plus important lors d'un arrêt, indique-t-elle.
On évite de tenir la langue d'une personne qui convulse.
Si la personne convulse :
- Ne l'empêchez pas de convulser. Et surtout," on évite absolument de tenir la langue ou de mettre la main dans la bouche de la personne lors d'une crise de convulsions car on risque de se faire mordre voire de se faire sectionner le doigt", prévient le médecin.
- Sécurisez l'environnement de la personne en plaçant les objets dangereux hors de sa portée.
- Appelez le Samu (15) et attendez les secours.
Diagnostic : comment déterminer l'origine d'une perte de connaissance ?
Pour détecter l'origine d'un malaise, on effectue un interrogatoire (antécédents médicaux, antécédents familiaux, symptômes, contexte dans lequel est survenu le malaise...), un dosage de la glycémie (et éventuellement de la calcémie (calcium) et de la kaliémie (potassium)), ainsi qu'un électrocardiogramme (ECG).
Merci au Dr Marie Baron, médecin urgentiste en réanimation et Présidente de l'Association des Jeunes Médecins Urgentistes (AJMU).