Fièvre bébé, enfant : que faire, qui et quand consulter ?
Bébé ou plus grand, votre enfant a plus de 38° de fièvre ? Quels traitements lui donner ? Quand consulter ? Conseils du pédiatre Eric Saban pour avoir les bons réflexes et faire tomber la fièvre.
Définition : qu'est-ce que la fièvre ?
On parle de fièvre lorsque le corps a une température anormalement élevée, et qu'elle dépasse généralement 38°C. Le plus souvent, elle résulte d'une infection virale ou bactérienne, sans gravité. Elle peut aussi survenir lors d'une poussée dentaire, d'une insolation ou d'un coup de chaleur.
Pourquoi mon bébé a-t-il de la fièvre ?
Avoir de la fièvre n'est le plus souvent pas grave. Il s'agit simplement d'une réaction de défense naturelle du corps contre des micro-organismes qui l'envahissent. Elle est donc utile pour aider votre enfant à se défendre. "Dans la plupart des cas, lorsqu'elle ne dépasse pas 4 à 5 jours, elle est la conséquence d'une maladie infectieuse d'origine bactérienne ou virale", explique le Dr Eric Saban, pédiatre et auteur de "La première année de bébé pour les Nuls". En revanche, dans le cas d'une fièvre inexpliquée, donc sans symptômes apparents, et surtout prolongée, il faut être très attentif. "Elle peut, dans de rares cas, révéler une maladie inflammatoire, par exemple une maladie auto-immune", ajoute notre interlocuteur.
De la fièvre à cause d'une poussée dentaire ?
Cette explication non prouvée scientifiquement s'avère effectivement erronée dans la plupart des cas, indique le Dr Saban : "Lorsque la dent perce la gencive, cela peut provoquer une petite fièvre. Mais la percée est très ponctuelle et ne dure jamais plus de 1 ou 2 jours. La longue période qui la précède, que l'on appelle la poussée dentaire, ne provoque pas de fièvre."
Et les vaccins ?
"Les réactions fébriles qui surviennent dans les 24 h à 48 h après le vaccin sont aujourd'hui de plus en rares, constate le Dr Eric Saban. Seul le vaccin contre la rougeole peut donner une fièvre dans 10% à 15 % des cas, 6 à 10 jours après l'injection."
Quand s'inquiéter ?
On parle de fièvre lorsque la température dépasse 38°C. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que ce n'est pas tant la température en elle-même qui compte, mais surtout le comportement général de l'enfant. "Souvent, les parents sont inquiets car ils ont en tête, à tort, que plus la température monte, plus c'est grave. C'est faux. Par exemple, dans le cas de la roséole, la température grimpe parfois jusqu'à 40,5°C, alors qu'il s'agit d'une maladie infantile totalement bénigne ! En revanche, ce qui est vraiment inquiétant et qui doit interpeller les parents, même si la fièvre dépasse à peine 38°C, c'est un comportement inhabituel de leur enfant", insiste le Dr Saban.
Soyez attentif aux signes suivants : il ne joue plus, il ne sourit plus, il est étonnamment calme ou ne fait que dormir alors qu'il est habituellement très dynamique, il ne veut plus manger, il est particulièrement colérique ou irritable alors qu'il est d'un naturel doux, etc. Bref, si votre enfant a changé de comportement subitement, consultez rapidement. Même s'il n'a "que" 38°C de fièvre.
Tout changement physique doit également alerter : un teint très pâle voire gris, des lèvres cyanosées... De même, si la fièvre est associée à d'autres symptômes, vomissements ou diarrhée notamment, il faut également consulter rapidement. Jusqu'à 2 mois après la naissance, toute montée de température, quelle qu'elle soit, doit être prise au sérieux et faire l'objet d'une consultation médicale.
"Le médecin procédera à un examen clinique avec observation des symptômes de l'enfant. Suite à l'examen clinique, le pédiatre peut prescrire également des examens complémentaires : analyse de sang, analyse des urines et même ponction lombaire dans certains cas. De fait, en cas de survenue d'une fièvre chez un nourrisson de moins de 2 mois, la cause doit rapidement être identifiée. On cherchera notamment à exclure un risque de méningite", précise Eric Saban.
Prise de la température : comment et avec quel thermomètre ?
A la maternité, on vous a appris à prendre la température de votre bébé en plaçant méticuleusement l'embout du thermomètre électronique au creux de son aisselle, tout en maintenant son petit bras bien serré contre son corps. Et en maintenant le bébé dans la même position, histoire qu'il ne bouge pas trop et ne fausse pas la mesure ! Une fois passé le fameux "bip", il ne vous restait qu'à ajouter 5 dixièmes à la température affichée sur le petit écran. Ainsi, lorsque le thermomètre annonçait 36,5°C, le bébé avait en réalité 37 °C. "On procède de cette façon dans les 15 premiers jours qui suivent la naissance précise le Dr Saban. Après cette période, le thermomètre rectal est plus adapté." Avant de rappeler :"On n'utilise plus de thermomètres au mercure en raison des risques d'intoxication", précise le Dr Eric Saban.
En pratique :
- Nettoyez le bout du thermomètre au savon et rincez-le sans le sécher pour qu'il glisse mieux.
- Insérez-le d'environ 1 cm, sans forcer.
- Lorsque vous entendez le bip, enlevez-le doucement et lisez directement la température.
Thermomètres à infrarouges frontaux ou auriculaires ?
Le + : pratiques, ils sont aussi très rapides à utiliser. On peut les emmener partout et prendre la température de l'enfant à tout moment, sans avoir à le déshabiller et à retirer sa couche.
Le - : ils exigent de la patience et de l'entraînement pour apprendre à s'en servir correctement. Mal utilisés, ils sont souvent peu fiables. En ce qui concerne les thermomètres auriculaires, leur embout étant trop gros, ils ne sont pas fiables avant l'âge de 7 ou 8 ans.
Traitements : quels médicaments donner à un enfant fiévreux ?
On l'a dit, c'est davantage au comportement de l'enfant qu'il faut s'attacher, qu'à sa température. Aussi, il ne faut pas chercher systématiquement à la diminuer si l'enfant n'en est pas affecté et qu'il continue à jouer et à manger normalement.
Lorsqu'elle est inférieure à 38°C, il n'est pas conseillé de donner un traitement à l'enfant mais plutôt de le dévêtir, de bien aérer sa chambre et de la maintenir fraîche (entre 19°C et 21°C).
Lorsqu'elle est supérieure à 38°C :
- Il faut privilégier l'utilisation de paracétamol par voie orale (les sirops sont administrés avec des pipettes graduées en fonction du poids du bébé. Il suffit donc de les remplir jusqu'au poids correspondant à votre enfant) ou en suppositoire (60 mg/kg/24 h en 4 fois)
- La prise d'ibuprofène (possible uniquement à partir de 3 mois) doit de préférence se faire après avis médical, toujours sur la durée la plus courte possible (3 jours) et à dose minimale, à cause de risques de complications. Ce médicament est à éviter en cas de gastro-entérite, de grippe ou de varicelle, et avec prudence en cas d'infection bactérienne.
- Attention également à l'aspirine chez l'enfant, qui n'est pas recommandé en cas de fièvre (en raison d'un risque très rare mais potentiellement mortel de syndrome de Reye).
Que faire pour baisser la fièvre ?
- Le faire boire régulièrement.
- Veiller à ce que la température de sa chambre soit modérée (19°C à 21°C).
- Découvrir l'enfant.
- Lui passer un gant de toilette humide sur le corps et le visage pour le rafraîchir.
- Et le bain ? L'effet du bain est modeste et transitoire et peut majorer l'inconfort de l'enfant. Si vous décidez de lui donner un bain, il doit être tiède, "à 2°C en-dessous de la température du bébé" indique Eric Saban. "Attention toutefois à bien vérifier la température de l'eau car un rafraîchissement trop rapide peut provoquer des convulsions" ajoute-t-il.
Pédiatre, urgences... Qui consulter ?
En pleine journée, dans les cas vus précédemment (changement de comportement, symptômes associés, fièvre qui dure depuis plusieurs jours), il faut consulter le pédiatre. Si aucun rendez-vous n'est possible ou que cela arrive pendant la nuit, rendez-vous dans un service d'urgences pédiatriques.
Sinon, après 3 mois, la plupart des poussées de fièvre peuvent attendre un jour ou deux avant que l'on amène le bébé chez le médecin, surtout lorsqu'il n'y a pas de symptômes associés.
En cas de montée de fièvre rapide, ce qui est souvent le cas chez les petits, l'échauffement rapide du cerveau peut provoquer des convulsions fébriles. "Si elles sont très impressionnantes pour les parents, il faut savoir qu'elles ne sont généralement pas graves, rassure le Dr Saban. D'ailleurs, depuis que les parents ont compris qu'il ne faut pas couvrir les enfants en cas de fièvre, leur nombre a nettement diminué."
Merci au Dr Eric Saban, pédiatre.