Hallucinations : auditive, visuelle, quelles maladies en cause ?

Hallucinations : auditive, visuelle, quelles maladies en cause ?

Les hallucinations (auditive, visuelle, olfactive, cénesthésique) peuvent résulter de troubles mentaux, mais aussi de certaines maladies ou prise de drogues. Est-ce grave ? Quelles maladies ? Quels soins ?

Les hallucinations peuvent affecter un ou plusieurs sens. Il s'agit le plus souvent d'hallucinations auditives (impression d'entendre des voix ou des bruits) ou visuelles (impression de voir des images irréelles). Des hallucinations olfactives et/ou tactiles peuvent également être observées. Leur durée et leur complexité peuvent varier. "Les hallucinations sont très souvent cachées par le patient ou ses proches. Il le vit comme une honte d'un point de vue sociétal, cela est encore dû à une large stigmatisation des symptômes psychiatriques", remarque le Dr Paul Malekpour, psychiatre au CHU de Rouen. 

Quelle est la définition d'une hallucination ?

Une hallucination est une perception erronée d'un stimulus qui n'existe pas. Plus concrètement, l'individu perçoit une information qui n'est pas réelle. Cette information peut être intrapsychique ou sensitive, c'est-à-dire liée à chacun des 5 sens et donc être auditive ou visuelle, plus rarement gustative, tactile ou olfactive, et parfois associer plusieurs sens. On parle également d'hallucinations cénesthésiques lorsqu'une personne perçoit comme des caresses, des attouchements ou des sensations étranges corporelles.

Le signe d'une maladie ?

Ces hallucinations peuvent être chroniques ou quotidiennes, comme dans certaines maladies psychiatriques ou neurologiques, mais  également survenir de façon brutale et isolée lors d'une crise d'épilepsie ou après avoir consommé des substances toxiques ou des médicaments. "Les hallucinations ne doivent jamais être banalisées puisqu'elles peuvent correspondre à des maladies graves", tient à préciser le Dr Paul Malekpour.

 

Les hallucinations résultent généralement de l'expression de troubles mentaux :

  • trouble bipolaire décompensé,
  • dépression grave dite mélancolique, 
  • choc émotionnel, 
  • schizophrénie.

La personne peut être consciente ou non du fait qu'elle expérimente une hallucination. Certaines maladies chroniques (épilepsie, démence) infectieuses (encéphalite), ou métabolique,  l'abus d'alcool et de drogues, les troubles du sommeil font également partie des maladies à risque d' hallucinations. Un terrain génétique familial peut par ailleurs être envisagé. "Les maladies psychiatriques représentent les causes les plus fréquentes d'hallucinations chroniques, il faut éliminer en premier lieu une schizophrénie, du fait du meilleur pronostic de la maladie en cas de détection précoce chez l'adulte jeune", souligne le Dr Malekpour.

Hallucination auditive

Ce sont les hallucinations les plus fréquentes. On appelle "hallucinations auditives" la perception de bruits ou de sons qui n'existent pas réellement. Les hallucinations auditives peuvent se distinguer du fait d'entendre des voix (hallucinations acoustico-verbales). Entre 5 et 25% de la population serait concernée par ce type d'hallucinations, notamment les personnes souffrant d'une déficience auditive non corrigée, et ce symptôme est présent chez plus de la moitié des personnes schizophrènes. Ces hallucinations peuvent avoir une origine biologique (lésion cérébrale) ou dans de rares cas avoir une origine psychanalytique (liées à un mécanisme de défense névrotique). Elles impliquent la perception d'un son, d'une voix ou d'une musique. Il peut s'agir de sons simples (cliquètement, tapotement...) ou de sons complexes (voix, musique...). Les hallucinations auditives peuvent être liées à un trouble mental aigu ou chronique (schizophrénie par exemple), à la prise de certaines substances ou à un stress important. Dans le cas de troubles mentaux, l'entourage peut être alerté par une attitude d'écoute, une conversation sans interlocuteur, ou par des manœuvres contre hallucinatoire (casque sur la tête, bouchons dans les oreilles)

Hallucination visuelle

Il peut s'agir d'apparitions simples (taches de couleurs ou formes) ou complexes (personnes ou personnages). Ces hallucinations peuvent être liées à une toxicomanie du sujet, ou à des troubles neurologiques lié à  l'alcoolisme. Elles peuvent également être causées par une maladie neuro-dégénérative, par la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, par une paralysie du sommeil ou par un trouble opthalmologique (Syndrome de Charles Bonnet)

Hallucination olfactive et gustative

Elles peuvent être associées à des odeurs ou des goûts agréables ou désagréables. Elles restent moins précises que les hallucinations visuelles et auditives, et peuvent être provoquées par des dommages causés aux systèmes olfactif et gustatif (infection virale, tumeur cérébrale ou des voies ORL, expositions à certaines drogues, épilepsie...). 

Hallucination tactile et cénesthesique

Elles entraînent des sensations de chaud ou de froid, des impressions de brûlures, de piqûres ou de démangeaisons. Elles peuvent par exemple conduire le patient à se gratter le bras jusqu'au sang (syndrome d'Ekbom). "Les hallucinations cénesthésiques ou corporelles touchent la sensibilité interne. Le patient peut avoir par exemple la sensation qu'une partie de son corps se transforme", précise le psychiatre.

Hallucination intrapsychique

"Les hallucinations intrapsychiques sont vécues par le patient comme une intrusion dans sa propre conscience. Le sentiment est alors celui d'avoir un automate dans sa tête avec une sensation d'influence extérieure et une perte de contrôle sur sa pensée. On parle stricto sensu "d'automatisme mental" pour décrire cette sensation angoissante. On retrouve ce type essentiellement dans la schizophrénie", observe le spécialiste.

Comment pose-t-on le diagnostic ?

Le diagnostic est essentiellement clinique, c'est-à-dire qu'il repose sur l'interrogatoire et l'examen physique du patient. "Plutôt qu'une maladie, les hallucinations sont davantage un symptôme de troubles potentiellement graves (tumeur cérébrale, psychose, toxiques, effets secondaires de médicaments…) nécessitant en premier lieu l'avis urgent d'un médecin afin d'en préciser la cause", note le Dr Malekpour. Il est nécessaire d'identifier dans un premier temps la cause de ces hallucinations par un prélèvement sanguin, une IRM cérébrale, un électroencéphalogramme afin de trouver le meilleur traitement. 

Comment traiter les hallucinations ?

"Ne pas soigner les hallucinations d'origine psychiatrique va aboutir de façon insidieuse, mais certaine, à une marginalisation du patient, une désocialisation globale (affective, familiale et professionnelle), et in fine de façon plus dramatique au décès de la personne par suicide ou négligence", prévient le psychiatre. Le traitement est dépendant de la cause des hallucinations.

Dans le cas de problèmes de pathologie mentale, les antipsychotiques (neuroleptiques), éventuellement associés transitoirement à des anxiolytiques et une prise en charge psychologique sont le traitement le plus efficace. "Actuellement, des solutions de stimulations magnétiques transcrâniennes répétées, bénignes et indolores, sont développées", précise le psychiatre.

► Dans le cas de troubles organiques, il est nécessaire de prendre en charge la maladie responsable des hallucinations. Une cure de désintoxication et un suivi médical sont indispensables lors d'hallucinations liées à la consommation de drogues ou d'alcool.

Si les hallucinations sont provoquées par des médicaments, il faudra en avertir le prescripteur afin de modifier le traitement. 

Merci au Dr Paul Malekpour, psychiatre au CHU de Rouen.