Les protéines, vraiment mauvaises pour les reins ?
Une alimentation riche en protéines altèrerait la fonction rénale : vrai ou faux ? Notre expert en endocrinologie nous répond.
Une consommation excessive de protéines surchargerait les reins et les épuiserait, risquant d'induire à long terme une maladie rénale chronique. Est-ce vrai ? Pour tout le monde ? Avec les glucides et les lipides, les protéines représentent l'une des trois grandes familles de macronutriments. Elles sont indispensables à la fabrication, à l'entretien et au renouvellement des cellules de l'organisme, et tout particulièrement des muscles. Les protéines peuvent être d'origine animale ou végétale. Les aliments les plus riches en protéines sont la viande, le poisson, les oeufs, certains fromages (emmental, parmesan...), les légumineuses, la spiruline... Les protéines sont particulièrement importantes pour les enfants, les adolescents, les sportifs, les femmes enceintes et allaitantes, les sujets de plus de 65 ans et ceux qui souhaitent perdre du poids afin de limiter la fonte musculaire. Enrichir son alimentation en protéines présente de nombreux intérêts : augmenter ou maintenir sa masse musculaire, favoriser la sensation de satiété et ainsi diminuer le risque d'obésité. "En France, l'Anses recommande aux adultes de consommer entre 0,83 et 2,2 g/kg/j de protéines (soit de 10 à 27 % de l'apport énergétique total). Toutefois, ces recommandations ayant été établies pour des personnes sédentaires, il convient de les adapter en fonction de l'âge, du sexe, du poids et de l'activité physique" pose d'emblée le Dr Olivier Dupuy, Chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition de l'hôpital Paris Saint-Joseph.
Les protéines sont transformées en urée, un déchet qui s'accumule dans le sang
Les reins ont pour mission d'éliminer les déchets produits par l'organisme et transportés par le sang. Ils régulent également la quantité d'eau et de minéraux (sodium, potassium) qui y sont contenus, tout en maintenant l'équilibre acido-basique dans le sang. Les reins s'adaptent en permanence aux fluctuations de notre alimentation. Alors, quel est le problème avec les protéines ? "Une fois dans les reins, les protéines sont transformées en urée, un déchet qui s'accumule dans le sang et "abîme" les reins lorsqu'il est en excès. Ce phénomène peut être délétère en cas d'insuffisance rénale chronique", indique l'endocrinologue. Pour autant, le simple fait de manger des protéines ne suffit pas à engendrer une insuffisance rénale chronique. En effet, le développement de celle-ci ne peut se faire qu'en présence d'autres facteurs associés tels qu'une hypertension artérielle, une surcharge pondérale ou encore un diabète. "Autrement dit, un sujet qui ne souffre pas de troubles rénaux peut consommer des protéines, de préférence "maigres" pour ne pas augmenter la consommation de graisses animales et sous réserve d'une hydratation abondante", ajoute notre interlocuteur.
"Il est essentiel de boire beaucoup d'eau"
À l'inverse, il est vrai qu'une personne atteinte de troubles rénaux devrait limiter sa consommation de protéines pour diminuer la production d'urée. Il est également recommandé de réduire sa consommation de sel dont un excès peut considérablement altérer la fonction rénale. "C'est pour cela que tous les enrichissements en protéines sont mauvais. Toutefois, il est important de garder à l'esprit qu'il n'y a pas de mauvais aliment, seulement une notion de quantités, de dépenses et d'âge, nuance le spécialiste. Les protéines animales sont très importantes pour un individu en pleine croissance entre 18 mois et 20 ans, elles le sont beaucoup moins quand on est adulte en 2e moitié de vie. Et il est essentiel de boire beaucoup pour aider à l'élimination des protéines."