Additif alimentaire : liste, c'est quoi, comment les repérer ?
Une étude française a montré une association entre l'ingestion de certains additifs alimentaires et un risque accru de cancers.
E100, E200, E500... Plus de 300 additifs alimentaires sont autorisés dans l'Union Européenne et tous font l'objet d'une évaluation de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa). Ces additifs sont présents dans beaucoup d'aliments, surtout les "ultra-transformés" (pâtisseries, gâteaux, desserts, glaces, barres chocolatées, pains, margarines...). Problème, certains peuvent être mauvais pour la santé. En février 2024, une étude l'Inserm a montré une association entre l'ingestion de certains additifs émulsifiants (E4**) et un risque accru de cancers, en particulier du sein et de la prostate.
Définition : qu'est-ce qu'un additif alimentaire ?
Un additif alimentaire est une substance qui n'est pas habituellement consommée comme un aliment ou utilisée comme un ingrédient dans l'alimentation. Ces composés sont ajoutés aux denrées dans un but technologique au stade de la fabrication, de la transformation, de la préparation, du traitement, du conditionnement, du transport ou de l'entreposage des denrées et se retrouvent donc dans la composition du produit fini. Un nouvel additif ne peut être utilisé qu'après :
- avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA);
- avis du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux de la Commission européenne et consultation du Conseil et du Parlement européen
- publication d'un règlement d'autorisation au Journal officiel de l'Union européenne précisant les modalités d'emploi (doses et denrées dans lesquelles il peut être employé).
Rôle : à quoi sert un additif alimentaire ?
Les additifs alimentaires ont des fonctions particulières :
- garantir la qualité sanitaire des aliments (conservateurs, antioxydants)
- améliorer l'aspect et le goût d'une denrée (colorants, édulcorants, exhausteurs de goût)
- conférer une texture particulière (épaississants, gélifiants)
- garantir la stabilité du produit (émulsifiants,antiagglomérants, stabilisants).
Classification des additifs alimentaires et exemples
On distingue deux types d'additifs : naturels - c'est-à-dire obtenus à partir de micro-organismes, d'algues, d'extraits végétaux ou minéraux – et de synthèse. Leur présence dans les denrées est mentionnée dans la liste des ingrédients soit par leur code (E suivi de 3 ou 4 chiffres), soit par leur nom.
- Les E 100 : les colorants (jaune orangé S (E 110), jaune de quinoléine (E 104), carmoisine (E 122)…)
- Les E 200 et 300 Conservateurs = antioxydants (ex : anhydride sulfureux (E220) ), acidifiants, correcteurs d'acidité (E331, citrate de sodium) et quelques exhausteurs de gout (acide fumarique, ac malique)
- Les E 400 : Agents de texture (émulsifiants, gélifiants,épaississants, stabilisants, antimoussants, humectant)
- Les E 500 : Acidifiants
- Les E600 : Exhausteurs de gout (ex : Glutamate de sodium (E621))
- Les E 900 : Agents d'enrobage, gaz propulseur et gaz d'emballage, édulcorants intenses
- Les E1000 : Hors catégorie = enzymes invertases ; lysozyme(conservateur naturel du blanc d'oeuf ) ; amidons modifiés….
Il n'est pas possible d'établir une liste de tous les additifs autorisés, d'autant plus que les conditions de leur utilisation dans les denrées alimentaires évoluent très régulièrement.
Quels sont les additifs dangereux ?
Certains additifs alimentaires sont tout à fait inoffensifs, à condition de respecter un dosage quotidien (AJR) : c'est le cas par exemple d'extraits naturels comme l'E160, la bêta-carotène extraite de la carotte. De nombreux colorants naturels sont classés dans les additifs mais sont inoffensifs : le E100 est l'autre nom du curcuma, le E150 celui du caramel, le E160 celui du paprika. Par contre, des additifs alimentaires, reconnus comme dangereux, persistent dans les produits industriels. Parmi eux :
► les émulsifiants : l'étude de l'Inserm en 2024 a suggéré une association entre l'ingestion de certains additifs émulsifiants et un risque accru de cancers, en particulier du sein et de la prostate. Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont constaté que des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d'acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global (une augmentation de 15 % du risque chez les plus forts consommateurs par rapport aux plus faibles consommateurs), de cancers du sein (une augmentation de 24 % du risque), et de cancers de la prostate (une augmentation de 46 % du risque). D'autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles.
► les exhauteurs de goût (E6**) sont controversés. D'abord parce qu'ils peuvent modifier l'appétit et donc agir sur l'inconscient du consommateur qui peut ingérer de trop grandes quantités d'aliments et se rendre malade, mais aussi parce que ces exhausteurs sont moins bien connus que les colorants, par exemple. Les études sont pour l'instant moins nombreuses et la prudence est donc requise. La consommation des exhausteurs doit être modérée autant que possible.
Comment les éviter ?
En limitant les produits industriels transformés et en privilégiant les aliments faits maison. Regarder les étiquettes avec une règle simple en tête ; plus la liste des ingrédients est longue, plus il faut se méfier. On peut également utiliser des applications (Yuka, BuyorNot, OpenFoodFact, Kwalito…) qui en scannant les produits, indiquent la présence d'additifs nocifs et orientent, pour certaines (Yuka), vers des aliments similaires qui en contiennent moins ou pas du tout.