Médicament contre la toux (antitussif) : liste, danger

La toux est un symptôme désagréable, tant pendant les périodes hivernales à cause des rhumes que le reste de l'année comme lors d'allergies ou d'irritations. Les sirops pour la toux sont nombreux mais doivent être pris avec précaution.

Médicament contre la toux (antitussif) : liste, danger
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Définition : c'est quoi un antitussif ? 

Un antitussif est un médicament qui soulage la toux sèche non productive. Il existe diverses classes d'antitussifs, qui se distinguent par leur mode d'action (centrale ou périphérique) et la nature de leur(s) principe(s) actif(s). Les antitussifs se présentent généralement sous forme de sirops ou de solutions buvables, et plus rarement sous forme de comprimés. Les antitussifs sont à distinguer des médicaments destinés à la toux grasse (productive) que sont les mucolytiques (ou fluidifiants bronchiques). Ces derniers ont justement tendance à faire tousser pour aider à dégager les voies respiratoires encombrées et faciliter l'évacuation du mucus. C'est pourquoi l'association d'un antitussif avec un fluidifiant bronchique est souvent injustifiée sur le plan médical. Aussi, les antitussifs sont des traitements symptomatiques qui visent à soulager la toux, mais qui ne traitent pas la cause. C'est pourquoi il est très important de pouvoir identifier l'origine d'une toux et de n'utiliser les antitussifs, traitements d'appoints, que sur une période de quelques jours. Au-delà si la toux persiste, il faut revoir le diagnostic avec son médecin.

Indications : quand prendre un antitussif ? 

Un antitussif est indiqué lors d'une toux sèche non productive. Ces médicaments ne sont pas indiqués pour des toux grasses car en bloquant la toux, ils empêcheraient l'évacuation des mucus et risqueraient d'aggraver la situation. En cas de toux chronique, il est impératif d'en connaître l'origine et d'éliminer la cause, car une toux qui dure dans le temps peut être l'un des signes d'une autre pathologie (exemple : allergie, intolérance à une substance ou certains médicaments, affection des bronches ou des poumons comme de l'asthme, etc.). Un avis médical est alors fortement recommandé et des examens complémentaires peuvent être prescrits. Les antitussifs peuvent être pris par exemple lorsque les voies respiratoires sont irritées et déclenchent de la toux, comme lors d'une affection ORL transitoire (rhume, écoulement nasal, etc.), une sécheresse des muqueuses ORL ou chez les fumeurs, ou encore lors d'une réaction allergique entraînant une toux irritative. Les antitussifs provoquant de la somnolence (opioïdes ou antihistaminiques) sont plutôt à privilégier lors des toux sèches nocturnes. 

Quel est le mode d'action d'un antitussif ? 

Les antitussifs ont un mode d'action différent selon la localisation de leurs effets (centraux ou périphériques) et la classe thérapeutique à laquelle ils appartiennent. Les antitussifs opioïdes ainsi que la pentoxiverine Clarix® et la Paxeladine® ont une action centrale ; ils agissent directement sur le centre de la toux au niveau du système nerveux central en augmentant le seuil de déclenchement de la toux. Certains ont également des propriétés antispasmodiques. Les antitussifs antihistaminiques agissent au niveau périphérique en bloquant les récepteurs H1 de l'histamine et en réduisant ses effets sur les bronches, à savoir la toux.  D'autres antitussifs ont une action adoucissante et antiseptique (ex : guimauve et thym) ou antispasmodique (ex : lierre grimpant). Il existe également des spécialités homéopathiques contre la toux dont le mécanisme d'action n'est pas connu. Certains sirops associent la substance antitussive à un fluidifiant bronchique ce qui n'est pas justifié médicalement.

Quels sont les principaux médicaments antitussifs ? 

Les antitussifs se divisent en 4 catégories :

  • Les antitussifs opioïdes à base de codéine, de dextrométorphane, d'éthylmorphine (ou codéthyline), de noscapine ou de pholcodine (Biocalyptol®, Broncalène® adulte et enfant, dextrométorphane, Dimétane®, Euphon® et Néo-codion® sirop et comprimés, Nodex®, Polery®, Padéryl®, Pholcodine®, Pulmodexane®, Pulmoserum®, Tussipax®, Tussidane®, Tussisedal®, Végétosérum®),
  • Les antitussifs antihistaminiques (Humex® toux sèche oxomémazine, Toplexil® et ses génériques, Tussonil®, Fluisedal®)
  • Les antitussifs non opioïdes non antihistaminiques (pentoxyvérine Clarix® et Paxeladine®)
  • Les antitussifs autres, à base de plantes (sirops à base de lierre grimpant tels que Prospan® ou Herbion®, à base de mucoglycoprotéine d'Helix promatia L : Hélicidine®, à base de guimauve et de thym : Bronwel®) ou encore homéopathiques (Baudry® pâte pectorale, Drosera complexe n°64®, Drosetux®, Homéoquintyl®, Homéorub®, Pâtes de réglisse au sambucus®, Pertudoron®, Stodal® et Stodaline®).

Les antitussifs opioïdes à base de pholcodine (Dimétane®, Broncalène®, Pholcodine®, Biocalyptol®) sont retirés de la vente depuis le 8 septembre 2022 en raison des risques graves d'allergie croisée qu'ils peuvent provoquer avec les curares, des produits utilisés en anesthésie. 

Quels sont les antitussifs sans ordonnance ? 

Depuis 2017, tous les antitussifs opiacés contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l'éthylmorphine ou de la noscapine ne peuvent plus être achetés que sur présentation d'une ordonnance. Ainsi à ce jour, tous les antitussifs opioïdes nécessitent une prescription médicale. Les seuls antitussifs disponibles aujourd'hui sans ordonnance sont les spécialités à base d'oxomémazine (ex : Toplexil®), les antitussifs non opioïdes non antihistaminiques (pentoxyverine Clarix® et Paxeladine®) et les autres antitussifs (lierre grimpant, Prospan®, Herbion®, Hélicidine®, Bronwel® et les spécialités homéopathiques). D'autres spécialités conseil à vertus antitussives et proposées en vente libre peuvent également être achetées sans ordonnance.

Quels sont les effets secondaires et dangers des antitussifs ? 

Tous les antitussifs peuvent provoquer des réactions allergiques aux principes actifs ou aux excipients qu'ils contiennent. Les antitussifs à base de pholcodine sont aussi à l'origine, de façon rare mais grave, de réactions allergiques aux curares (médicaments utilisés en anesthésie et réanimation) pouvant se manifester par un choc anaphylactique. C'est la raison pour laquelle ils sont retirés du marché à ce jour. Les antitussifs opiacés présentent certains effets indésirables tels que de la somnolence, des sensations de vertiges, des nausées et de la constipation. La conduite automobile ou de machines peut s'avérer dangereuse en cas de prise de ces médicaments et encore plus s'ils sont administrés le matin ou pendant la journée. De plus, ils sont susceptibles de provoquer de la dépendance (accoutumance) ou encore une dépression respiratoire, et d'autant plus s'ils sont pris trop longtemps (plus de quelques jours) et/ou à fortes doses. Seul le dextrométorphane n'entraîne pas de dépression respiratoire aux doses usuelles. Les antitussifs antihistaminiques ont comme principal effet indésirable un effet sédatif, qui peut être dangereux en cas de conduite. Ils ont également des effets anticholinergiques (ou atropiniques) tels que de la sécheresse buccale, de la constipation, de la rétention urinaire, des troubles de la vision pouvant déclencher ou aggraver un glaucome. Les autres antitussifs sont généralement mieux tolérés, leurs effets indésirables sont moins marqués et dépendent du médicament concerné.

Quelles sont les contre-indications des antitussifs ? 

Les antitussifs opiacés ne doivent pas être utilisés en cas de toux grasse productive (notamment asthmatiforme), d'antécédents d'asthme, d'insuffisance hépatique ou respiratoire, ni en cas de grossesse ou d'allaitement. Ils sont aussi contre-indiqués avec certains médicaments tels que les morphiniques ou certains antidépresseurs (IMAO). Les antitussifs antihistaminiques sont contre-indiqués en cas d'antécédents d'agranulocytose, de glaucome à angle fermé et de troubles de la prostate (adénome). Tous les antitussifs sont contre-indiqués chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans. Enfin de manière générale, aucun antitussif ne devrait être utilisé en cas de toux grasse.

Ne pas les utiliser en cas de toux grasse

Quelles sont les précautions d'emploi des antitussifs ?

La consommation d'antitussifs n'est pas sans risque. Les règles suivantes sont à respecter lors de leur prise : ne pas les utiliser en cas de toux grasse, respecter les durées de traitement préconisées (maximum 5 jours en règle générale), ne pas augmenter les doses en cas de persistance de la toux, ne pas utiliser de fluidifiant en même temps qu'un antitussif et s'assurer de l'origine de la toux avant d'utiliser l'antitussif. Par exemple, certains médicaments comme les IEC (antihypertenseurs) peuvent déclencher de la toux en cas d'intolérance : cette cause est donc à exclure avant de prendre un antitussif. Les antitussifs opioïdes doivent également être utilisés avec précaution en cas de risque accru de dépendance. L'alcool peut aussi potentialiser l'effet de somnolence provoquée par certains antitussifs. Aussi, la conduite automobile ou de machines doit être évitée avec ces derniers et une prise le soir est à privilégier. Enfin, il faut être vigilant en cas d'association avec d'autres médicaments et s'assurer de l'absence d'interactions.

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