Morphine : dosage, effets, drogue ou pas ?

Morphine : dosage, effets, drogue ou pas ?

La morphine est un opioïde, c'est-à-dire un dérivé de l'opium. Elle est classée comme stupéfiant et son utilisation est très réglementée. Cependant elle reste un médicament prescrit sur ordonnance dans une indication médicale, le plus souvent en cas de douleur chronique.

La morphine est un opioïde, c'est-à-dire un dérivé de l'opium. Elle est classée comme stupéfiant et son utilisation est très réglementée. Cependant elle reste un médicament prescrit sur ordonnance dans une indication médicale, le plus souvent en cas de douleurs chroniques. Utilisée dans de bonnes conditions pour traiter la douleur, elle n'entraîne pas de toxicomanie, même si elle est prise à long terme.

Définition

Synthétisée dès 1804, la morphine tient son nom du dieu grec du sommeil, Morphée, du fait de son effet sédatif, observé très tôt par les chercheurs. Elle est fabriquée à partir de feuilles de pavot. C'est un puissant antidouleur, principalement utilisé en médecine pour soulager les douleurs chroniques articulaires, les soins palliatifs et après une opération chirurgicale. Grace à sa capacité d'inhibition des récepteurs de la douleur, elle donne au cerveau une information faussée qui lui permet d'atténuer ou de supprimer la douleur. La morphine est un analgésique de pallier III généralement indiquée quand d'autres antidouleurs ne fonctionnent pas. Des prises sur le long terme de ce médicament peuvent conduire à la dépendance, avec des effets de manque mais si sa prescription est encadrée par un médecin il est possible de l'éviter. La morphine est toujours prescrite sur une ordonnance sécurisée et peut être administrée par voies orale, sous-cutanée ou intraveineuse.

fleur de pavot à opium
Fleur de pavot à opium © 123RF-Alice Dias Didszoleit

Drogue ou pas ?

La morphine peut être considérée comme une drogue avec un potentiel addictif important si elle n'est pas utilisée correctement, sur prescription médicale. C'est le plus souvent son usage détourné (mésusage), sans indication thérapeutique qui peut en faire une drogue, en particulier sous sa forme de comprimé qui peut être injecté. On considère actuellement qu'une consommation de morphine n'entraîne pas de dépendance quand elle est prescrite de façon adéquate chez un patient douloureux.

Drogue dure ou douce ?

La morphine peut être considérée comme une drogue "dure" car elle entraîne une dépendance importante avec un syndrome de manque particulièrement difficile et douloureux.

Mode d'action

La morphine est un opioïde agoniste pur qui a une action sur le système nerveux central en bloquant les récepteurs de la douleur pour que l'information nerveuse ne soit pas diffusée. Elle est ensuite métabolisée au niveau du foie, puis éliminée dans les urines.

Morphine en médicament : quel dosage, dans quels cas ?

La morphine, et son dérivé le Fentanyl, sont utilisés sur prescription médicale réglementée dans le traitement de la douleur, après échec des médicaments antalgiques de pallier I et II.

  • La voie orale est toujours privilégiée dans un premier temps (comprimés, gélules), en particulier les formes à libération prolongée (LP) qui libèrent progressivement le médicament dans l'organisme. Le but est d'apporter un effet antalgique le plus longtemps possible et d'éviter une augmentation trop rapide qui pourrait entraîner une dépendance et un mésusage.
  • Les prescriptions de morphine orale ou sous forme de patch sont limitées à 28 jours pour éviter les utilisations inappropriées et le stockage à domicile. Le dosage de morphine varie selon les patients et leur morphologie. Il est augmenté progressivement sous forme de titration, c'est-à-dire en commençant toujours avec le plus petit dosage et en augmentant progressivement pour trouver l'effet antalgique tout en limitant les risques de surdosage. Grâce à la titration, il est possible de toujours utiliser la dose minimale efficace de morphine pour soulager la douleur sans risquer une accoutumance ou un surdosage potentiellement mortel.

"Les formes de morphine qui agissent rapidement sont plus à risque de dépendance."

Effets de la morphine

Les effets de la morphine sont principalement antidouleurs, y compris sur des douleurs puissantes et chronique. En plus de cet effet antalgique, elle provoque une sensation de détente, de mieux-être, et d'apaisement qui peut parfois s'accompagner d'une petite euphorie. Les effets et leur durée dépendent de la forme de morphine utilisée. En général, on utilise une forme à libération prolongée, que ce soit sous forme de comprimés ou de patchs, qui permet de ressentir un effet antalgique pendant au moins 12 à 24 heures. Les formes à demi vie courte, qui agissent rapidement sur quelques heures seulement, sont plus à risque de dépendance et doivent être réservées aux interdoses administrées en complément d'une forme à libération prolongée.

Signes de dépendance

À la suite d'un usage répété, sans contrôle médical, le plus souvent détourné, une dépendance se met en place. Les envie de consommer (le craving), sont très importantes et reviennent plusieurs fois dans la journée. Le syndrome de sevrage peut apparaître à l'arrêt ou au cours de la diminution du traitement si elle est trop rapide. Il se traduit par une transpiration, une anxiété, de la diarrhée, des douleurs osseuses et abdominales, ainsi que des tremblements. Même s'il peut être particulièrement difficile, il ne provoque pas de risque mortel.

Comment ne plus être dépendant

Pour éviter que la dépendance ne s'installe, il est préférable que le traitement soit encadré par un médecin ou un centre antidouleur. En général il faut maintenir la dose minimale la plus efficace possible, et envisager un sevrage de façon très progressive en diminuant la dose sur plusieurs mois voire parfois plusieurs années. Les formes à libération prolongée permettent d'éviter une dépendance, alors que ce n'est pas le cas des formes à action rapide ou détournées de leur usage qui sont injectées par exemple.

Mes conseils d'addictologue

À tort, la morphine est souvent associée à l'idée de mort parce qu'elle a longtemps été réservée aux personnes en fin de vie. Aujourd'hui, elle est reconnue comme médicament indispensable pour lutter contre certaines douleurs intenses, cancéreuses ou non. Chaque personne réagit différemment à la morphine. Si vous ne supportez pas ses effets secondaires, n'hésitez pas à en discuter avec votre médecin. Il diminuera le dosage ou vous proposera un autre médicament. Il existe d'autres médicaments aussi puissants, de la même famille que la morphine qui pourront mieux vous convenir.

Autour du même sujet