Comment peut-on ne pas perdre ses cheveux sous chimiothérapie ?

"Toutes les chimiothérapies ne sont pas dommageables pour la chevelure".

Comment peut-on ne pas perdre ses cheveux sous chimiothérapie ?
© Mark Greenwood/IPS//SIPA (publiée le 17/09/2024)

Après des mois de traitement contre le cancer, Kate Middleton a annoncé sur son compte Instagram le 9 septembre, que sa chimiothérapie était désormais terminée. "Les neuf derniers mois ont été incroyablement difficiles pour nous [...] Bien que j'aie terminé la chimiothérapie, mon chemin vers la guérison et le rétablissement complet est long et je dois continuer à prendre chaque jour comme il vient", a-t-elle écrit en légende d'une vidéo dans laquelle on peut voir toute la famille royale plus soudée que jamais. Si les internautes ont témoigné de leur soutien, certains se sont aussi étonnés de voir que la duchesse de Sussex avait conservé une chevelure impeccable, malgré la chimiothérapie. Comment est-ce possible ?

La chute des cheveux est un effet secondaire fréquent des chimiothérapies. "La chimiothérapie est un traitement qui cible les cellules dites "à division rapide" : c'est le cas des cellules cancéreuses, mais aussi des cellules saines qui se divisent rapidement comme les cellules des bulbes pileux qui constituent les cheveux, les cils, les sourcils et les poils en général, mais aussi celles des ongles et de l'épithélium buccal (c'est pour ça que la chimio cause des nausées)", nous explique Sophie Truesdell-Ménard, co-fondatrice et présidente de la Fondation Garde tes Cheveux. 

Selon le type de chimio, son dosage et la nature des cheveux du patient, l'effet est plus ou moins important. Certains protocoles font tomber les cheveux au bout de 2 à 3 semaines après la première perfusion, d'autres plus tard et d'autres encore ne les font presque pas tomber. "Toutes les chimiothérapies ne sont pas dommageables pour la chevelure. Par exemple, toutes les chimio en intraveineuse pour un cancer du sein ont la particularité de faire perdre les cheveux, même s'il y a des variabilités en fonction du produit utilisé (la perte est beaucoup plus importante avec le Taxotere® (docétaxel) que le Taxol® (paclitaxel) par exemple, avec des risques d'alopécie permanente). Pour d'autres chimiothérapies, on s'attend à une perte de volume qui peut parfois être imperceptible", poursuit notre interlocutrice. 

Le casque offre une protection de la racine des cheveux et accélère la repousse

Pour limiter la perte des cheveux, l'une des solutions les plus courantes est le port d'un casque réfrigérant avant, pendant et après les séances (c'est peut-être ce qu'a utilisé Kate Middleton, bien qu'aucune information n'ait été confirmée). Cet appareil permet de diminuer le débit sanguin au niveau de la tête. Lorsque le cuir chevelu est refroidi, les vaisseaux sanguins se contractent ce qui réduit le débit sanguin vers les follicules et limite la quantité d'agents chimiothérapeutiques qui les atteignent, c'est ainsi que l'on limite la perte. 

En France, on utilise principalement des casques fixes, utilisables dans les hôpitaux et les centres de chimiothérapie ; un peu moins les casques dits "manuels" que le patient peut utiliser en autonomie chez lui et qui semblent avoir une meilleure efficacité (Penguin Cold Caps - qui offre le service au Canada - affiche un taux de satisfaction des usagers jusqu'à 85% toutes chimio confondues). "Les deux types de casque reposent sur le même principe. La différence est qu'en fait, les casques "manuels" (disponibles en Europe, dont la France) sont un jeu de trois casques réfrigérants dans lesquels il y a un gel cryo très froid (entre -28 et -35°C) que l'on vient placer sur le cuir chevelu 50 minutes avant la perfusion. Le gel se réchauffe au contact du cuir chevelu donc au bout de 25 minutes, il faut changer de casque. Ce casque est gardé pendant toute la durée de la perfusion et plusieurs heures après, une durée déterminée en fonction du protocole de chimiothérapie du patient et de son dosage", nous explique Sophie Truesdell-Ménard. C'est l'équipe soignante qui décidera de son (in)utilité au cas par cas. Et même dans les situations où le casque ne permet pas d'éviter la perte des cheveux, il offre tout de même une protection de la racine des cheveux et accélère la repousse. 

Une repousse d'environ 1 cm par mois

La chute de cheveux n'est donc pas obligatoire et encore moins définitive (à l'exception de cas très particuliers, les cheveux repoussent à l'arrêt du traitement, d'environ 1 cm par mois). À la repousse, leur nature peut avoir changé sans l'usage de la méthode des casques réfrigérants : ils peuvent être plus raides, plus frisés, plus foncés, plus clairs. Mais en général, ils retrouvent leur véritable nature au bout de quelques mois.

Dans tous les cas, l'adoption de certaines mesures peut aider à préserver les cheveux. Durant toute la durée de la chimiothérapie (et idéalement pendant les 6 mois qui suivent la chimiothérapie), il est conseillé :

► De se laver les cheveux (de préférence à l'eau froide) et ne pas le faire 2 jours avant la séance et 2 jours après la séance, afin que le bulbe puisse se régénérer

► D'utiliser du shampoing doux entièrement naturel, sans produits chimiques tels que les parabènes ou les sulfates (et de manière générale, d'utiliser très peu de produits)

► D'opter pour un séchage naturel sans brushing et d'éviter d'utiliser un sèche-cheveux, une brosse chauffante, des fers à boucler ou des plaques à lisser. 

► D'éviter les colorations, les mèches, les balayages, les lissages, les défrisages ou les nattages, des traitements trop agressifs pour les cheveux, d'attacher ses cheveux au niveau des racines, mais plutôt au niveau de la nuque de façon très "lâche"

► De porter des bonnets très légers s'il fait froid et non des couvre-chefs très serrés.

► D'éviter de plonger sa tête dans le chlore (piscine...)

► D'éviter de se couper plus de 2-3 cm de cheveux par mois (pour éviter d'exciter les follicules pileux et d'attirer plus de médicaments chimiothérapeutiques, on coupe juste les pointes)

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