Dépistage du cancer du poumon en France : bientôt généralisé ?

Le 1er février 2022, la HAS s'est prononcée en faveur d'un programme pilote visant à documenter les prérequis à la mise en place d'un dépistage organisé du cancer du poumon en France. 8 cancers broncho-pulmonaires sur 10 sont diagnostiqués chez des fumeurs. Scanner ? Prise de sang ? Comment le diagnostiquer et le prévenir aujourd'hui ?

Dépistage du cancer du poumon en France : bientôt généralisé ?
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Le 1er février 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) s'est prononcée dans un avis en faveur d'un programme pilote par l'Institut national du cancer (INCA) visant à mettre en place un dépistage organisé du cancer du poumon. "Le cancer du poumon (appelé aussi cancer broncho-pulmonaire) est le cancer qui occasionne le plus de décès chaque année en France (plus de 33 000). Souvent diagnostiqué à un stade tardif, il est également l'un des cancers de plus mauvais pronostic avec un taux de survie à 5 ans de 20 %. Chez l'homme âgé de 45 à 64 ans, il représente la première cause de décès, toutes causes confondues. Il est en forte progression chez la femme. Le tabac est responsable de huit cancers du poumon sur dix" rappelle la HAS. Quelle est la situation du dépistage du cancer du poumon en France aujourd'hui ? Comment diagnostiquer cette tumeur ? Par prise de sang ? Scanner ? Radiographie ?

Dépistage organisé du cancer du poumon : que dit la HAS ?

Il n'existe pas jusqu'ici en France de dépistage organisé du cancer du poumon car la HAS avait considéré en 2016 que toutes les conditions n'étaient pas réunies. Aujourd'hui, l'analyse de nouvelles données amène l'autorité à actualiser son avis. Dans un Avis du 1er février 2022, la HAS s'est prononcée en faveur d'un programme pilote par l'Institut national du cancer (INCA) visant à documenter les prérequis à la mise en place d'un tel dépistage : "Les données étudiées montre que le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac conduit à une réduction de la mortalité spécifique. Ceci amène la HAS à [...] encourager la mise en place d'expérimentations en vie réelle, et notamment d'un programme pilote par l'INCA." En effet, "avec la mise en place d'un dépistage systématique chez les populations fortement exposées au tabac, on pourrait observer une diminution significative de la mortalité spécifique de ce cancer, de l'ordre de 5 vies sauvées pour 1000 personnes dépistées" relèvent les auteurs d'essais cliniques analysés par la HAS. La HAS indique que "l'objectif du dépistage d'un cancer est de détecter les personnes qui, dans une population apparemment en bonne santé, présentent un risque supérieur de contracter une maladie ou un problème de santé, de façon qu'un traitement ou une intervention puisse être plus efficace. Si une anomalie est repérée, des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour confirmer le diagnostic ou mettre en place un suivi." La HAS recommande que les aspects suivants puissent être définis avant d'initier le programme pilote :

  • La population cible (critères d'éligibilité de la population exposée à un risque élevé de cancer broncho-pulmonaire, quantification du tabagisme chez les fumeurs ou ex-fumeurs par sexe et du tabagisme passif si identifiable) ;
  • La procédure de dépistage : modalités et algorithme (durée, fréquence du dépistage, combinaison avec un sevrage tabagique, définition/stratégie de gestion des nodules pulmonaires suspects,) en prenant en compte la durée totale de répétition des examens de dépistage sur la vie entière.

Quels sont les tests et examens de dépistage du cancer du poumon en France ? 

Pour permettre d'identifier un cancer du poumon, plusieurs examens de diagnostic sont nécessaires. L'examen de dépistage est un scanner thoracique à faible dose sans injection, technique d'imagerie aussi appelée tomodensitométrie (non remboursé par la Sécurité sociale). En cas d'anomalie, le bilan diagnostique comporterait l'examen clinique, des examens complémentaires d'imagerie médicale (radiographies) ou de médecine nucléaire et une biopsie de la tumeur.

"Lorsque la biopsie par fibroscopie est impossible, l'équipe médicale peut procéder, sous anesthésie locale, à un prélèvement de la tumeur ou de liquide pleural au travers de la paroi du thorax ou à un prélèvement de ganglions. L'analyse anatomopathologique peut également être réalisée sur les tissus prélevés lors de l'intervention chirurgicale" souligne l'Assurance maladie en octobre 2021.

Peut-on dépister le cancer du poumon sur une radiographie ?

"Une radiographie du thorax (face et profil) est une première étape. Ses performances sont limitées, son intérêt étant d'être facile d'accès, permettant une première orientation rapide. Toute image suspecte doit amener à la réalisation d'un scanner thoracique dans les plus brefs délais" recommande la HAS.

Toute image suspecte doit amener à la réalisation d'un scanner thoracique dans les plus brefs délais

Elle ajoute que "les examens d'imagerie, même normaux, n'éliminent pas formellement le diagnostic. En cas d'anomalie à la radiographie thoracique ou de forte suspicion clinique d'un cancer broncho-pulmonaire malgré un bilan radiologique normal, une consultation spécialisée (pneumologue, oncologue, chirurgien thoracique) à visée diagnostique doit être organisée dans les plus brefs délais."

C'est quoi le calculateur INESSS ?

Le calculateur de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) du Quebec est un outil qui calcule le pourcentage de risque de développer un cancer du poumon sur 6 ans selon des critères à remplir tels que l'âge, le poids, les antécédents familiaux ou le fait d'être fumeur ou non. 

Sources :

"Dépistage du cancer du poumon : la HAS recommande l'engagement d'un programme pilote"; 01 février 2022, HAS.

"Les symptômes et le diagnostic du cancer du poumon", 01 octobre 2021, Assurance maladie, ameli.fr.

"Mieux dépister les cancers du poumon par une prise de sang ?", 16 Juillet 2018, Fondation contre le Cancer.

"Dépistage du cancer du poumon", 2017, Fondation contre le Cancer