Bactérie mangeuse de chair : symptômes, photo, c'est quoi ?

Bactérie mangeuse de chair : symptômes, photo, c'est quoi ?

A la Une des journaux, la bactérie "mangeuse de chair" inquiète. Mais de quoi s'agit-il ? Quelle maladie ? Quels risques ? Le point pour savoir de quoi on parle exactement.

Les bactéries dites "mangeuses de chair" font parfois la Une des journaux, en France et à l'étranger. Et systématiquement, l'inquiétude s'installe et la question se pose : qu'est-ce que c'est ? Comment on l'attrape ? Quels symptômes ? Derrière ce terme, se cache en réalité une complication sérieuse qui touche la peau et impose une prise en charge médicale.

C'est quoi une bactérie mangeuse de chair ? Quel est son nom ?

Le nom est trompeur car la bactérie "mangeuse" ou "dévoreuse" de chair ne se nourrit pas de chair. Elle produit en réalité une toxine qui détruit les tissus cutanés ou sous-cutanés entraînant leur nécrose. Il peut s'agir de streptocoques du groupe A ou de bactéries appartenant à la famille des Vibrio vulnificus

► Les streptocoques A sont des bactéries humaines qui se logent dans la gorge ou sur la peau. Elles provoquent la plupart du temps des infections bénignes comme des angines. Plus gravement et sans que l'on comprenne pourquoi, les streptocoques A causent des méningites, des septicémies ou plus rarement des infections cutanées nécrosantes appelées "fasciite nécrosante". C'est là que l'on parle de "bactérie mangeuse de chair". La plupart des cas de fasciite nécrosante proviennent d'une maladie de la peau, non de la présence de la bactérie dans la gorge. 

► Les Vibrio vulnificus sont des bactéries présentes dans les eaux côtières ou de mer (ou dans les algues échouées sur les plages) et les fruits de mer (huîtres, gambas) ou poissons. Elles se transmettent en consommant des fruits de mer ou poissons contaminés ou quand une plaie ouverte est exposée à de l'eau contaminée ou au "jus" des fruits de mer contaminé.

Quels symptômes entraîne-t-elle ?

Quand on parle des symptômes de la bactérie "mangeuse de chair", cela fait référence à ceux de la fasciite nécrosante. Ils sont sévères et apparaissent subitement, entre 12 et 48 heures :

  • Une forte fièvre et des frissons
  • Des douleurs abdominales aiguës ou des vomissements
  • Une rougeur au niveau de la blessure qui évolue en une intense douleur : visage, cuisse, pied...
  • Ensuite, la peau de la zone touchée devient violacée, marbrée, enfle et s'étend rapidement (jusqu'à 3 cm par heure)
  • Enfin, la peau présente des signes de nécrose (plaques noires)

Chez les personnes sensibles ou atteintes d'affections chroniques pré-existantes, la toxine libérée peut pénétrer jusqu'à l'aponévrose (membrane qui enveloppe les muscles) et au-delà, dans le sang, il y a un risque de choc toxique (septicémie), avec une chute brutale de la pression artérielle et une tachycardie pouvant mener, dans les cas les plus graves, au décèsSont les plus à risque : les personnes avec un système immunitaire affaibli (à cause d'une maladie, d'un traitement médicamenteux), avec une maladie chronique (diabète...), ayant eu des contacts récents avec une personne atteinte d'une infection à la bactérie mangeuse de chair, les personnes qui présentent des coupures et blessures mal soignées (même si elles semblent bénignes) ou qui ont eu une chirurgie récente. 

Photo d'une infection à la bactérie mangeuse de chair

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Photo d'une infection à la bactérie mangeuse de chair (fasciite nécrosante) au niveau de la jambe et du pied © MarieXMartin/Pepermpron - stock.adobe.com

Un traitement en urgence

En cas de fasciite nécrosante, il faut agir vite ! Une hospitalisation en urgence est nécessaire afin d'administrer des antibiotiques par voie intraveineuse. Peuvent être envisagées une greffe de la peau ou une amputation du membre concerné si besoin (c'est rare). Selon la rapidité du diagnostic, la personne touchée peut s'en sortir avec des cicatrices plus ou moins mineures, une amputation, voire ne pas survivre. Le taux de mortalité serait autour de 30%. 

Il n'existe pas de vaccin ou de traitement préventif pour s'en prémunir. Seules quelques mesures de prévention sont à connaître :

► Bien nettoyer et désinfecter les plaies, même les plus mineures.

► Vérifier régulièrement l'aspect d'une plaie afin de pouvoir notifier toute rougeur ou enflure anormale.

► Contacter rapidement un médecin lorsque la rougeur autour des plaies est particulièrement douloureuse et s'étend rapidement aux tissus avoisinants,.

► Prendre des antibiotiques à titre préventif si l'on a été en contact avec une personne atteinte

► Bien cuire ses fruits de mer et poissons

  • Les infections streptococciques envahissantes et la «maladie mangeuse de chair» - Pediatric Child Health
  • Les infections à vibrions non cholériques en France : cas identifiés de 2001 à 2003 - Centre national de référence des vibrions et du choléra (Institut Pasteur)