A cause de ce médicament, une femme de 67 ans meurt d'une grave nécrose de la peau

A cause de ce médicament, une femme de 67 ans meurt d'une grave nécrose de la peau

Une femme de 67 ans traitée pour un cancer du poumon est décédée en France après une grave réaction cutanée liée à la prise de son traitement, informe l'Agence du médicament.

C'est une information de sécurité inquiétante publiée par l'Agence nationale du médicament le 11 janvier. En cause, une nécrolyse épidermique toxique (aussi appelé "syndrome de Lyell") fatale a été rapportée chez une femme de 67 ans traitée par adagrasib (Krazati®) pour un cancer du poumon (non à petites cellules). La nécrolyse épidermique est une des formes les plus graves de manifestations allergiques, majoritairement causée par la prise de médicaments et caractérisée par la destruction brutale de l'épiderme et des muqueuses (buccales, vaginales, conjonctive...). Une analyse a permis d'identifier quatre autres cas de réactions cutanées graves et un cas non grave de "toxicité cutanée" liée à l'utilisation d'adagrasib seul ou en association. "Des investigations complémentaires sont en cours pour évaluer ce signal et prendre les mesures appropriées" informe l'ANSM.

Ces symptômes cutanés doivent alerter

La nécrolyse épidermique est très rare, rappelle la Haute Autorité de Santé -2 à 6 cas par million d'habitants et par an- et relève d'une urgence vitale. Les patients concernés par la prise d'adagrasib, dans le cadre d'un programme d'accès compassionnel ou d'essais cliniques, doivent consulter un médecin en cas de symptômes de toxicité cutanée, notamment :

  • Une douleur cutanée généralisée ;
  • Une éruption cutanée qui s'étend rapidement ;
  • Des bulles cutanées et/ou de grandes zones de peau qui se décollent ;
  • Une inflammation puis des érosions hémorragiques sur les muqueuses, y compris la bouche, le nez, les yeux, l'anus et les zones génitales.

La nécrose peut commencer de façon insidieuse et peu spécifique. Il faut y penser devant toute atteinte muqueuse débutante (conjonctivite, pharyngite) fébrile après l'introduction récente d'un médicament, notamment un médicament à haut risque comme l'adagrasib. Le traitement par adagrasib doit être immédiatement interrompu en cas de suspicion de syndrome de Stevens-Johnson (SJS) ou de Lyell ou de lésions bulleuses et le patient doit être adressé en urgence à un dermatologue. Le traitement doit être définitivement arrêté si le diagnostic de SJS ou de Lyell est confirmé.

Le médicament Krazati® bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis chez les patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules avancé, porteurs de la mutation KRAS G12C. Le 9 novembre 2023, le Comité européen des médicaments à usage humain (CHMP) a émis un avis positif pour une mise sur le marché européen du médicament, dans la même indication. L'avis de la Commission européenne est en attente. Actuellement, l'adagrasib est disponible en France dans le cadre d'un programme d'accès compassionnel. Les programmes d'usage compassionnel permettent l'utilisation thérapeutique de médicaments sans autorisation de mise sur le marché pour des malades en impasse thérapeutique. L'agence du médicament a suspendu temporairement de nouvelles initiations de traitement avec l'adagrasib dans le cadre de ces programmes.