Syndrome de Cohen : symptômes, quelle espérance de vie ?

Le syndrome de Cohen est une maladie génétique rare et héréditaire, caractérisé par un ensemble de symptômes cliniques et physiques.

Syndrome de Cohen : symptômes, quelle espérance de vie ?
© Lena May - stock.adobe.com (photo d'illustration)

Qu'est-ce que le syndrome de Cohen ?

Le syndrome de Cohen, (en référence au médecin qui l'a décrit pour la première fois en 1973), est une maladie génétique rare et héréditaire. "Il est hérité de manière autosomique récessive, ce qui signifie que pour qu'une personne soit atteinte du syndrome de Cohen, elle doit hériter de deux copies mutées du gène responsable, une de chaque parent", nous explique Laurence Duplomb-Jego, chercheuse en biologie cellulaire.

Quels sont les symptômes du syndrome de Cohen ?

Les caractéristiques du syndrome de Cohen sont assez homogènes mais peuvent varier d'une personne à l'autre. Cela peut être :

  • Un retard du développement, à la fois sur le plan moteur et cognitif. La marche par exemple peut être acquise tardivement vers l'âge de 4 ans. Certains patients auront accès au langage et d'autres pas
  • Des traits autistiques peuvent aussi être associés.
  • Une dysmorphie faciale : les caractéristiques faciales distinctives associées au syndrome de Cohen peuvent inclure une racine du nez proéminente avec un philtrum court, des cheveux épais à implantation basse, un sourire grimaçant.
  • Des problèmes oculaires très jeunes avec une dégénérescence rétinienne rapide, qui peut entraîner une perte progressive de la vision. "De nombreux patients ont des cataractes de façon précoce par rapport à la population générale".
  • Des anomalies sanguines : la neutropénie (c'est-à-dire une quantité trop faible de neutrophiles dans le sang) est caractéristique du syndrome de Cohen, cependant les enfants ne développent pas plus d'infections, de type ORL par exemple, que les autres enfants du même âge. 
  • Une répartition anormale des graisses, avec une accumulation des graisses au niveau du ventre, les membres restent fins. Les doigts sont notamment très effilés.
  • Une intolérance au glucose, ce qui les met à risque de développer du diabète de type 2. 70% d'entre eux ont des taux de HDL (bon cholestérol) trop bas qui les met à risque de développer des maladies cardiovasculaires.
  • Des anomalies rénales
  • Des problèmes gastro-intestinaux
  • Des troubles du métabolisme lipidique...

Quelle est la cause du syndrome de Cohen ?

Le syndrome de Cohen est causé par des mutations dans un gène spécifique appelé VPS13B (Vacuolar Protein Sorting 13 Homolog B). Ce gène est situé sur le chromosome 8. "VPS13B code une protéine qui joue un rôle dans le maintien de l'intégrité d'une structure importante de la cellule appelée appareil de Golgi, celui-ci est important dans la bonne constitution des protéines et dans le transport intracellulaire des protéines", détaille la spécialiste. Ces mutations entraînent un dysfonctionnement dans différentes cellules du corps ce qui aboutit aux symptômes des patients. Comme il s'agit d'une maladie génétique dit "autosomique récessive", un individu doit hériter de deux copies mutées du gène (une de chaque parent) pour développer le syndrome.

Comment pose-t-on le diagnostic ?

Les caractéristiques faciales typiques sont rarement identifiables sur les bébés et les tous petits

"Le diagnostic du syndrome de Cohen repose sur plusieurs éléments récoltés lors d'une évaluation clinique complète effectuée par un médecin spécialiste ou un généticien", souligne notre interlocutrice.

► Le médecin recueille l'anamnèse du patient, examine les symptômes et effectue un examen physique. Ainsi, une combinaison de symptômes cliniques comme la microcéphalie (petit périmètre crânien), l'hypotonie, l'anomalie de répartition des graisses, les problèmes de vision et la neutropénie, permette d'orienter vers un diagnostic de syndrome de Cohen. Les caractéristiques faciales typiques du syndrome de Cohen n'aideront au diagnostic que sur des enfants âgés de 5 ou 6 ans, car elles apparaissent au cours du développement et sont rarement identifiables sur les bébés et les tous petits. Étant donné que de nombreux patients atteints du syndrome de Cohen présentent des problèmes de vision, un examen ophtalmologique complet est généralement effectué. " Cela inclut un examen de la rétine pour détecter une pigmentation de la rétine, des œdèmes et une dégénérescence ".

Une analyse génétique est essentielle pour confirmer la présence des mutations dans VPS13B et conclure au diagnostic du syndrome de Cohen. "Aujourd'hui, c'est généralement un exome qui est prescrit et qui permet de séquencer tous les gènes du patient. Les mutations spécifiques dans VPS13B sont alors identifiées et permettent de poser de façon définitive le diagnostic", poursuit-elle.  

► Des examens d'imagerie médicale (radiographies ou échographies) peuvent être utilisés pour évaluer d'autres aspects de la santé du patient, notamment les organes internes et les os.

Certains tests sanguins sont effectués régulièrement pour évaluer la fonction des organes, comme le foie. "Ces prises de sang permettent de vérifier différents paramètres métaboliques comme l'intolérance au glucose et le risque de diabète, le cholestérol (HDL, LDL) en lien avec l'obésité. Un contrôle hématologique doit être régulier pour contrôler la neutropénie".

L'évaluation du développement, y compris des tests cognitifs et des évaluations du développement moteur, peut être réalisée pour évaluer les retards potentiels chez les enfants atteints du syndrome de Cohen (la scolarité se fait souvent en IME)

Quelle espérance de vie en cas de syndrome de Cohen ?

Dans de nombreux cas, les personnes atteintes du syndrome de Cohen ont une espérance de vie normale. Cependant, certaines complications médicales graves, telles que des problèmes cardiaques ou des complications liées à l'obésité, peuvent affecter la durée de vie. "C'est une pathologie rare, avec des conséquences cliniques de modérées à fortes, rappelle Laurence Duplomb-Jego. Les soins médicaux spécialisés, la rééducation, la surveillance médicale régulière et la prise en charge des symptômes spécifiques contribuent à améliorer la qualité de vie et à prévenir ou traiter les complications médicales potentielles".

Comment traiter le syndrome de Cohen ?

Une fois le diagnostic confirmé, une équipe de professionnels de la santé (orthophonistes, psychomotriciens…) peut travailler avec le patient pour élaborer un plan de prise en charge personnalisé qui aborde les symptômes spécifiques et les besoins médicaux du patient. Le suivi médical régulier par des professionnels de la santé spécialisés. est souvent nécessaire pour surveiller l'évolution de la maladie et adapter les traitements en conséquence. Il n'existe pas de traitement curatif. "Cependant, la prise en charge se concentre sur la gestion des symptômes spécifiques (comme des traitements spécifiques pour les atteintes de la rétine), la prévention des complications médicales et l'amélioration de la qualité de vie du patient", explique la spécialiste.

Des lunettes et une réadaptation visuelle peuvent atténuer les problèmes de vision, tels que la dégénérescence rétinienne. La cataracte peut être opérée. 

La rééducation, y compris la physiothérapie, l'ergothérapie et l'orthophonie, peut être bénéfique pour les personnes atteintes du syndrome de Cohen, en particulier pour améliorer la coordination motrice et le développement moteur.

► Le soutien psychologique et social est important pour aider les personnes atteintes du syndrome de Cohen et leur famille à faire face aux défis liés à la maladie. Les groupes de soutien et les services de conseil peuvent être utiles. Il existe des associations nationale et internationale (http://www.cohensyndrome.org/) pour mettre en lien les familles affectées par ce symptôme. 

Merci à Laurence Duplomb-Jego, chercheuse au CHU de Dijon, dans l'équipe GAD (Génétique des Anomalies du Développement) dirigée par le Pr. Christel Thauvin, UMR Inserm 1231. Les patients sont vus en consultation par le Pr Laurence Faivre, référente du syndrome de Cohen, et responsable du centre de Génétique du CHU de Dijon.