Cancer de la vessie chez la femme : symptômes, quelles chances de survie ?

Le cancer de la vessie est le 7e cancer le plus fréquent en France. S'il touche 4 fois plus les hommes, son incidence augmente de 1% par an chez les femmes. "L'âge moyen au diagnostic est de 60 ans que ce soit pour les femmes ou pour les hommes. Il est rarement diagnostiqué plus tôt car son développement est lié à une certaine durée d'exposition aux carcinogènes" informe notre interlocutrice, le Dr Géraldine Pignot, Chirurgien Urologue, Praticien des Centres de Lutte Contre le Cancer chez Institut Paoli Calmettes. Souvent confondu avec une infection urinaire, le cancer de la vessie est diagnostiqué à un stade plus avancé chez la femme, entraînant un pronostic plus sombre.

A-t-on identifié des facteurs de risque particuliers chez la femme ?

"Il y a une sous information de ce cancer qui, historiquement c'est vrai, était un cancer plutôt attribué aux hommes. Aujourd'hui, les femmes sont de plus en plus concernées par ce cancer, avec des formes parfois plus agressives ou diagnostiquées plus tardivement", observe le Dr Pignot, Cette augmentation d'incidence s'explique notamment par la hausse du tabagisme (actif et passif) chez elles. "On pense aussi qu'il peut y avoir des facteurs de risque environnementaux - peut-être mal identifiés - ou un rôle des hormones potentiellement impliqués dans le développement des cancers de la vessie chez la femme", souligne-t-elle.

Quels sont les symptômes évocateurs d'un cancer de la vessie chez la femme ? 

Classiquement, "la présence de sang dans les urines (hématurie) est symptôme inaugural de la maladie chez l'homme alors que chez la femme, on a rarement une hématurie au début du cancer", précise le Dr Pignot. Chez la femme, on a plutôt des symptômes irritatifs de la vessie :

• Des envies fréquentes d'uriner (pollakiurie)
• Des douleurs à la miction, allant de la gêne à la sensation de brûlure intense (dysurie)
• La plainte d'avoir à se réveiller la nuit en raison d'une envie d'uriner (nycturie)

Comment est posé le diagnostic chez la femme ?

"En général, le diagnostic d'une tumeur de vessie est porté tardivement par rapport au début des symptômes chez la femme. Par conséquent, le cancer est souvent détecté à un stade plus évolué. C'est notamment dû au fait que les symptômes chez les femmes en sont pas tout à fait les mêmes que les symptômes chez les hommes et qu'ils font souvent penser à une infection urinaire".

► Chez une femme qui a plus de 50 ans, surtout si elle fume, et qui a des symptômes urinaires qui peuvent faire penser à une infection mais avec des caractéristiques atypiques (lorsqu'on ne retrouve pas de germes/bactéries dans les urines), le médecin doit penser à l'adresser chez un urologue pour qu'il réalise un examen appelé cystoscopie, dans lequel, sous anesthésie locale, on insère une petite caméra au niveau de l'urètre pour explorer l'intérieur de la vessie. "Ça prend 5 minutes et ça permet de s'assurer que les parois intérieures de la vessie sont saines", explique le Dr Pignot. Le médecin généraliste va également prescrire une échographie, mais cet examen peut passer à côté de formes plus infiltrantes de la maladie. En plus de la cystoscopie, on a besoin de faire une résection quasi complète de la lésion de la vessie (sous anesthésie générale) pour l'analyser et en déterminer la gravité (le stade et le grade).

"Il y a un risque de métastases aux poumons, au foie, aux ganglions ou aux os"

Aujourd'hui la cystoscopie est un examen indispensable, pratiqué couramment mais il reste invasif, onéreux et polluant (le matériel utilisé doit être à usage unique ou stérilisé chimiquement). De plus ,certaines tumeurs sont planes et ne sont pas facilement détectables à l'œil nu. Quant à la cytologie urinaire (qui consiste à rechercher au microscope des cellules anormales à partir d' un simple prélèvement urinaire) régulièrement utilisée, elle ne permet pas de repérer tous les cancers car sa lecture est parfois compliquée pour un anatomo-pathologiste. Pour faciliter la détection précoce et la surveillance des cancers de la vessie, VitaDX a développé un logiciel doté d'une intelligence artificielle, déjà utilisé par plusieurs laboratoires d'anatomopathologies en France. Cette IA qui a appris à reconnaître les cellules tumorales, aide significativement le diagnostic de l'anatomopathologiste et peut être une alternative à certaines endoscopies vésicales de contrôle qui sont nombreuses pour un patient suivi pour un cancer de la vessie", explique Marie Dehem, Directrice des opérations de VitaDX qui a développé le dispositif VisioCyt®. "Cela ne remplace pas encore la cystoscopie, mais un essai a débuté à l'Institut Paoli Calmettes pour évaluer ses performances dans l'objectif, peut-être à terme, d'avoir un examen aussi performant que la cystoscopie", poursuit le Dr Pignot. 

Quel est le traitement du cancer de la vessie chez la femme ? 

On distingue deux types de tumeurs de la vessie :

► Les tumeurs superficielles qui touchent les premières couches de la vessie et qu'on peut "enlever en grattant (résection) et en injectant des produits dans la vessie pour éviter la repousse des cellules cancéreuses", décrit le Dr Pignot.

► Les tumeurs infiltrantes localisées dans la profondeur du muscle de la vessie, beaucoup plus agressives, qui nécessitent de retirer la vessie. "Bien sûr, après l'ablation de la vessie, on a des techniques de reconstruction interne de la vessie. On a longtemps cru, à tort, qu'on ne pouvait pas reconstruire une nouvelle vessie chez la femme avec l'intestin et qu'il fallait obligatoirement faire une stomie avec une poche externe. Ce qui est faux. On peut tout à fait chez la femme, reconstituer une nouvelle vessie en remodelant une partie de l'intestin. Les données ont montré qu'on a d'excellents résultats à la fois sur le contrôle de la maladie, la qualité de vie, la récupération de la continence et de la sexualité", explique le Dr Pignot.

Quelles sont les chances de survie ?

"Des études ont prouvé que le cancer de la vessie est plus agressif chez la femme et donc avec un pronostic plus péjoratif, notamment parce qu'il est diagnostiqué plus tardivement. Tout retard de diagnostic va avoir un impact majeur en termes de pronostic", répond notre spécialiste. 

Est-ce un cancer qui métastase facilement ?

Oui, répond notre interlocutrice. "On dit habituellement qu'à partir du moment où on a diagnostiqué une tumeur de vessie, il faut la prendre en charge dans les 3 mois car il y a un risque de métastases aux poumons, au foie, aux ganglions ou aux os. On a vraiment une urgence de prise en charge à partir du diagnostic d'où l'intérêt de faire un diagnostic précoce et mettre en place un traitement adapté rapidement". 75% des tumeurs de la vessie sont diagnostiquées à un stade localisé et donc curable.

Merci au Dr Géraldine Pignot, Chirurgien Urologue, Praticien des Centres de Lutte Contre le Cancer chez Institut Paoli Calmettes.