Les vrais et faux symptômes du syndrome du côlon irritable
Le syndrome du côlon irritable se caractérise par divers symptômes digestifs ce qui peut retarder son diagnostic voire le confondre avec une maladie intestinale (comme Crohn...).
Le syndrome du côlon irritable, également appelé "syndrome de l'intestin irritable" (ou anciennement "colopathie fonctionnelle"), est un trouble digestif qui touche 5 à 10% de la population, dont trois fois plus de femmes. Il est dans la majorité des cas diagnostiqué chez des personnes jeunes, entre 30-40 ans, avec des symptômes divers. "Le côlon irritable évolue sur un mode chronique : au moins 6 mois de symptômes et/ou en crises récurrentes et se traduit par des troubles digestifs très gênants accompagnés de symptômes variés de type ballonnements, douleurs, troubles du transit. Son mécanisme est lié à un trouble multifactoriel du système digestif", nous explique le Dr Karim Chaouchi, gastro-entérologue et hépatologue interventionnel. Les symptômes du côlon irritable sont multiples et évoluent par crises. Ils sont définis par les critères de Rome IV publiés en 2016. Ces critères doivent être remplis dans les 3 derniers mois, et le début des symptômes doit dater au moins de 6 mois.
Des douleurs abdominales qui persistent depuis 3 mois
Le patient présente des douleurs abdominales récurrentes survenant en moyenne au moins 1 jour par semaine dans les 3 derniers mois avec au moins 2 des critères suivants :
- Associée à la défécation.
- Associée à une modification de la fréquence des selles.
- Associée à une modification de la consistance (aspect) des selles (selles qui deviennent molles par exemple).
"Ces douleurs diffuses dans la cavité abdominales évoluent par crises" commente notre interlocuteur. Elles sont en général diurnes c'est-à-dire qu'elles surviennent en journée jamais la nuit. "Le seuil de sensibilité à la douleur viscérale des patients atteints de côlon irritable est décuplée et favorisé par le stress et l'anxiété que cette pathologie génère."
Quels symptômes au début ?
"Certaines personnes souffrent essentiellement de constipation, d'autres en revanche de diarrhées et parfois alternance diarrhées-constipation. Il peut exister une trouble associant la constitution des selles : selles molles, malodorantes, très gênantes et parfois associés à des troubles d'évacuation anorectale des selles", explique le Dr Chaouchi. "En fonction de chaque individu, et du fait de la richesse symptomatique, certains vont avoir des symptômes en premier lieu qui vont être des ballonnements, d'autres des douleurs, des troubles du transit (constipation rebelle) et des diarrhées postprandiales (après le repas). Ces troubles ne sont pas faciles à soulager et à prendre en charge par le traitement symptomatique. Et leur origine fonctionnelle est difficile à diagnostiquer et à infirmer avec certitude."
Quels sont les symptômes trompeurs ?
Certains symptômes cités précédemment peuvent être associés à d'autres signes inhabituels qui doivent dans ce contexte attirés l'attention, puisqu'ils seront plus en faveur d'une pathologie organique digestive non fonctionnelle et non d'un syndrome du côlon irritable :
- la présence notamment d'un saignement digestif (rectorragie, saignement anal) ;
- des symptômes qui prédominent la nuit ou de survenue nocturne ;
- une perte de poids ;
- un trouble du transit avec réveil nocturne ;
- des antécédents familiaux au 1er degré de tumeurs colorectales ;
- la résistance et l'inefficacité au traitement symptomatique pour la prise en charge d'un côlon irritable.
Tous ces symptômes incitent à rechercher une autre cause organique par un bilan endoscopique et/ou radiologique, notamment une recherche de maladies inflammatoires intestinales (maladie de Crohn par exemple, tumeur digestive). Toute la difficulté du diagnostic d'un atteinte fonctionnelle réside dans une bonne analyse des symptômes. "Il est important de faire le diagnostic différentiel, de ne pas méconnaître devant des symptômes de l'intestin irritable une autre pathologie organique digestive. Le gastro-entérologue en réalisant des examens complémentaires (endoscopie digestive haute et basse, scanner abdominal et parfois prise de sang) pourra poser le diagnostic, surtout lorsque tous les critères de Rome qui définissent le côlon irritable ne sont pas retrouvés ou s'en rapprochent", conclut le Dr Karim Chaouchi, gastro-entérologue et hépatologue interventionnel.