Syndrome de Cloves : espérance de vie, quels traitements ?

Syndrome de Cloves : espérance de vie, quels traitements ?

Le syndrome de Cloves est une maladie génétique rare qui se manifeste par des déformations importantes de certaines parties du corps. On l'a longtemps appelée "maladie d'Elephant Man".

Le syndrome de Cloves est une maladie génétique rare affectant les enfants dès le plus jeune âge. On l'a longtemps appelé "maladie d'Elephant Man", appellation dégradante qui n'est plus utilisée aujourd'hui. Cette pathologie est principalement caractérisée par des excroissances du tissu graisseux, des anomalies vasculaires et cutanées. Le traitement de référence est un médicament utilisé contre le cancer. Quelle est la cause ? Quels sont les symptômes ? Quel est l'impact sur l'espérance de vie ? Comment la soigner ?

Définition : c'est quoi le syndrome de Cloves ?

Le syndrome de Cloves est une maladie génétique rare. L'acronyme "CLOVES" signifie "Congenital Lipomatous Overgrowth" ou excroissances avec implication du tissu graisseux et hypercroissance, "Vascular malformations" ou anomalies vasculaires du tissu lympathiques "Epidermal nevi" (naevus épidermiques) ou anomalies de la peau, et "Spinal/Skeletal anomalies" (anomalies de la colonne vertébrale et du squelette).  "Le syndrome de Cloves qui apparaît pendant la naissance, parfois même pendant la période pré-natale est une hypercroissance en mosaïque c'est-à-dire que la mutation n'est pas présente partout mais seulement dans certaines parties du corps" nous explique la Pr Laurence Faivre, généticienne.

Quels sont les symptômes du syndrome de Cloves ?

Les manifestations de la maladie surviennent dès la naissance (parfois avant) et évoluent au cours de la vie, en particulier pendant l'enfance, dans la période de croissance. "Les symptômes sont très variables selon la localisation et la précocité d'apparition de la mutation du gène. On peut aller d'une hypertrophie du doigt en cas de mutation ultra localisée à une atteinte large de toute la moitié du corps" cite le Dr Faivre.

► La croissance excessive de certaines parties du corps (gros doigt isolé) et/ou excroissances de tissus graisseux (on parle d'excroissances lipomateuses). Par exemple, un bras plus gros que l'autre.

► Des malformations vasculaires : ce sont des anomalies des vaisseaux sanguins et/ou lymphatiques pouvant engendrer des troubles de la circulation par exemple.

► Des taches ou lésions cutanées : elles peuvent parfois démanger (angiome).

► Des anomalies squelettiques : élargissement des os, déformation des os et notamment de la colonne vertébrale. Par exemple, les patients atteints du syndrome de Cloves peuvent souffrir de scoliose.

Ces symptômes sont fréquemment associés à des douleurs chroniques très fortes. "Il sera douloureux d'autant plus en cas d'anomalies vasculaires provoquant des troubles lymphatiques et vasculaires avec le risque de jambes lourdes, de phlébite et d'infection" note l'experte.

Symptômes pouvant être associés au syndrome de Cloves
Symptômes pouvant être associés au syndrome de Cloves © Novartis Presse

Quelles sont les causes du syndrome de Cloves ?

La cause exacte du syndrome de CLOVES est inconnue, mais il est généralement lié à des mutations génétiques. Une mutation du gène PIK3CA a été identifiée chez la plupart des patients atteints de ce syndrome. C'est la même mutation mise en cause dans le Syndrome de Klippel-Trenaunay. "Lors du renouvellement des cellules, qui survient plusieurs fois au cours d'une vie, il y a un risque de mutation. Dans le cas du syndrome de Cloves, la mutation survient au moment où l'embryon se met en place et touche les cellules" développe la généticienne.

Quelle est l'impact sur l'espérance de vie ?

Les conséquences du syndrome de Cloves peuvent être très variables suivant la localisation et l'étendue de la mutation du gène. "On parle plus d'une qualité de vie très impactée que d'une baisse de l'espérance de vie mais les soucis de santé impliquent parfois des décès précoces" répond la généticienne. On observe également des cas rares de décès pendant la période fœtale. Le pronostic vital des patients peut être engagé à court ou moyen terme selon la gravité des symptômes (déformations d'organes tels que le cerveau ou les reins...). "Certains patients souffrent d'une vraie dégradation de leur qualité de vie. C'est le cas de personnes atteintes sur le plan physique de déformations corporelles conséquentes avec des répercussions fonctionnelles comme des difficultés à marcher, des scolioses..., poursuit le Dr Faivre. "D'autres cas présentent une atteinte cérébrale pouvant causer des troubles de l'apprentissage, intellectuels et des convulsions." 

Quels sont les traitements ?

La prise en charge consiste essentiellement à prévenir et traiter les complications. Selon les cas, il peut d'agir :

  • une prise en charge médicale des poussées inflammatoires ou douloureuses
  • une prise en charge par un dermatologue pour les affections de la peau
  • une prise en charge des complications hémorragiques superficielles des angiokératomes
  • une correction en cas d'inégalité de longueur des membres inférieurs et/ou de scoliose par un orthopédiste 
  • une prise en charge par un neurologue en cas de troubles cérébraux
  • une prise en charge des troubles vasculaires par un angiologue (laser, compression)
  • une chirurgie de réduction en cas d'hypertrophie segmentaire ou masses lipomateuses
  • une rééducation physique en cas de limitation fonctionnelle liée à l'hypertrophie ou aux conséquences de la chirurgie

Différents essais thérapeutiques sont actuellement en cours. "L'alpelisib est le traitement de référence. C'est un repositionnement de molécule. Il est déjà disponible en oncologie pour soigner les cancers liés à la mutation du gène PIK3CA. Lors des essais, le médicament a montré des effets sur la qualité de vie avec une amélioration des douleurs, de la fatigue et du volume de l'hypertrophie" souligne notre interlocutrice. Il a été mis au point par le Pr Guillaume Canaud, néphrologue à l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.  "En France, il peut être prescrit dans le cadre d'essai thérapeutique ou d'une prescription compassionnelle" ajoute le Dr Faivre. Aucun médicament n'a d'autorisation de mise sur le marché (AMM) contre le syndrome de Cloves en France. L'alpelisib est commercialisé aux Etats-Unis.

Patients à j 0 et à j + 180 souffrant du Syndrome de Cloves ayant participé à l'essai du Dr Canaud
Patients à j 0 et à j + 180 souffrant du Syndrome de Cloves ayant participé à l'essai du Dr Canaud © Dr Canaud, AP-HP

Merci au Pr Laurence Faivre, généticienne au Centre de Génétique et Centre de Référence Anomalies du Développement et Syndromes Malformatifs de Dijon.

  • Le syndrome de Cloves, Oprha.net
  • Première médicale : Syndrome de CLOVES et syndromes d’hypercroissance : amélioration remarquable de l’état de santé de 19 patients enfants et adultes grâce à une nouvelle stratégie thérapeutique, AP-HP
  • Syndromes hypertrophiques liés au gène PIK3CA (PROS) sans atteinte cérébrale Les syndromes CLOVES et de Klippel-Trenaunay, HAS