Hirsutisme : poils, acné, symptômes, ça se soigne ?
L'hirsutisme est une forme de pilosité excessive chez la femme, se traduisant par la présence de poils dans des zones typiquement masculines. Le Dr Olivier Dupuy, endocrinologue, nous éclaire sur l'origine de ce phénomène et sa prise en charge.
Définition : qu'est-ce que l'hirsutisme ?
L'hirsutisme désigne une prolifération anormale de poils chez la femme à des endroits normalement peu pileux. L'hirsutisme est lié à une augmentation d'hormones mâles, les androgènes, et est souvent associé à l'acné, une irrégularité des cycles menstruels , une voix grave et une masse musculaire développée. L'hirsutisme est l'un des symptôme de tumeurs ovariennes ou des glandes surrénales, du syndrome de Cushing. Il peut être parfois la conséquence de la ménopause ou d'une médication favorisante. L'hirsutisme est à distinguer de l'hypertrichose qui se caractérise par une pilosité excessive plus généralisée et qui concerne autant les femmes que les hommes.
Symptômes : comment savoir si on fait de l'hirsutisme ?
L'hirsutisme se caractérise par la présence de poils sur des parties du corps de la femme, normalement réservées à la pilosité masculine : sur la poitrine, dans le dos, sur le visage (barbe et moustache), la ligne blanche, les creux inguinaux, les faces internes et externes des cuisses, sur l'abdomen et le torse (abdomen avec ligne blanche et torse avec poitrine et dos) . L'hirsutisme est généralement associé à d'autres symptômes comme l'acné et des règles irrégulières. Il peut être à l'origine d'une gêne et d'un important retentissement psychologique notamment à l'adolescence. Des complications sont également possibles à long terme : risque d'obésité, d'hypertension et de diabète. Le virilisme est une forme sévère d'hirsutisme, où la pilosité excessive s'accompagne d'autres symptômes : augmentation de la masse musculaire, voix grave, calvitie, hypertrophie du clitoris.
Quelle est la cause de l'hirsutisme ?
Chez la femme, la présence de poils dans les zones de pilosité typiquement masculines est le résultat d'une production excessive d'androgènes (hyperandrogénie). Cette hormone est habituellement sécrétée en petite quantité par les femmes. La cause la plus fréquente de ce trouble est le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui peut être héréditaire. La pilosité excessive apparaît alors à la puberté. "Ce syndrome associe trois types de manifestations : des anomalies de l'ovulation entraînant des troubles de la fertilité, des signes d'hyperandrogénie clinique (hirsutisme), ainsi qu'une hypertension artérielle et un syndrome métabolique. À l'échographie, des ovaires polykystiques et des follicules de petite taille sont visibles", commente le Dr Olivier Dupuy. Plus rarement, l'hirsutisme est provoqué par une tumeur ovarienne ou surrénalienne. Un déficit en 21 hydroxylase peut également être en cause. Si le bilan hormonal fait état d'un taux d'androgènes normal, l'hirsutisme est dit idiopathique (sans cause connue).
Comment diagnostique-t-on l'hirsutisme ?
Le diagnostic de l'hirsutisme repose sur un examen clinique (observation de la pilosité et des éventuels symptômes associés) et sur un interrogatoire pour connaître les antécédents de la patiente. Des examens biologiques sont également pratiqués : dosage de la testostérone en première intention oestradiol (oestrogène), gonadotrophines (LH et FSH) Prolactine, TSH et d'autres dosages plus ciblés.
Quel est le traitement pour soigner l'hirsutisme ?
La prise en charge de l'hirsutisme associe traitement médical, mesures cosmétiques et mesures hygiéno-diététiques. Le traitement médical consiste en l'administration de médicaments pour bloquer l'action des androgènes (anti-androgènes ou contraception orale) et/ou d'autres traitements spécifiques selon la cause de l'hirsutisme. "Une pilule osto-progestative à faible dose peut également être proposée. Toutefois, les effets ne sont jamais immédiats, il est nécessaire d'attendre 6 mois. En deuxième intention, on donne de la spironolactone, un anti-aldostérone sous couvert d'une contraception efficace", précise l'endocrinologue. En parallèle, le rasage, l'épilation et la décoloration des poils sont les techniques à visée esthétique recommandées. Ce traitement dermatologique local n'est pas pris en charge par la sécurité sociale car considéré comme esthétique. Un nouveau traitement topique visant à ralentir la croissance du poil peut être proposé : Vaniqa. Toutefois, il faut savoir que les effets sont réversibles à l'arrêt du traitement, qui, outre son coût exorbitant, n'est pas pris en charge par la sécurité sociale. Il est également conseillé d'adopter une alimentation équilibrée, de pratiquer une activité physique régulière et de perdre du poids pour ralentir la production d'androgènes.
Merci au Dr Olivier Dupuy, Chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition de l'hôpital Paris Saint-Joseph.