Sang dans les poumons : nom, symptômes, pourquoi ?
Un hémothorax correspond à l'accumulation de sang dans la cavité pleurale, entre la paroi thoracique et les poumons. Quelles sont les causes de la présence de sang dans les poumons ? Comment se manifeste-t-elle ? Quel est le traitement ? Le point avec le Dr Jean-Philippe Santoni, pneumologue référent prévention à la Fondation du Souffle.
Définition : c'est quoi un hémothorax ?
L'hémothorax se caractérise par la présence de sang entre les poumons et la paroi thoracique, généralement dans la plèvre, en quantité plus ou moins abondante. Il s'agit d'une urgence vitale.
Quelles sont les causes d'une présence de sang dans les poumons ?
La présence de sang dans la plèvre (hémothorax) est anormale. Le plus souvent, elle est accidentelle et consécutive à un traumatisme (coup de couteau, blessure, traumatisme professionnel). La deuxième grande cause à l'origine de l'hémothorax est la chirurgie du thorax ou du poumon qui peut conduire à un écoulement sanguin à l'extérieur du poumon vers la plèvre. Beaucoup plus rarement, on peut retrouver du sang dans les poumons en cas de cancer du poumon ou de la plèvre. Le sang peut aussi être retrouvé dans les sécrétions expulsées par la toux (elles prennent une teinte rosée). L'hémothorax peut également résulter d'une fracture de côte ou de la rupture d'un vaisseau sanguin, en particulier par rupture d'anévrysme.
Il s'agit d'une urgence vitale
Quels sont les symptômes d'un hémothorax ?
Les symptômes dépendent de l'abondance du saignement. Les premiers sont essentiellement locaux : une douleur thoracique aigue, violente, unilatérale et en coup de poignard, associée à un essoufflement et une gêne à l'expansion du poumon. "En cas d'hémothorax abondant, surviennent également des symptômes généraux : une chute de tension, une augmentation du rythme cardiaque, une grande pâleur, des sueurs, une difficulté à parler voire une perte de connaissance", indique le Dr Jean-Philippe Santoni.
Comment pose-t-on le diagnostic d'un hémothorax ?
Le diagnostic est d'abord posé à la radiographie du thorax qui va montrer un épanchement entre le poumon et la paroi thoracique. Une ponction pleurale va confirmer le diagnostic et de déterminer les causes de cet épanchement : elle consiste à insérer une fine aiguille entre deux côtes, dans la partie postérieure du thorax (c'est ce que l'on appelle l'espace pleural). "Ce geste va permettre de confirmer qu'il s'agit bien de sang et par conséquent, de poser un diagnostic différentiel avec une pleurésie dans laquelle l'épanchement est dû à du liquide pleural aqueux ou purulent. La plupart du temps, le patient consulte aux urgences devant les signes évoqués", précise le pneumologue.
Quelles sont les conséquences d'un hémothorax ?
Une surinfection peut survenir, mais les complications sont surtout celles d'une hémorragie, à savoir anémie, perte de connaissance et chez les personnes qui souffrent d'une maladie cardiaque, exacerbation de la pathologie cardiaque. "Toutefois, lorsque le patient consulte en urgence, les complications sont prévenues par la perfusion : si l'hémorragie n'est pas abondante, grâce à des apports en sucre et en sel (glucosé et soluté salé). Si l'hémothorax est abondant, une transfusion sanguine peut se révéler nécessaire afin de compenser l'anémie (chute des globules rouges et de l'hémoglobine)", informe le spécialiste.
Quel traitement en cas de sang dans les poumons ?
Une hospitalisation est obligatoire. Dans certains cas, la pose d'un drain thoracique pendant une durée de deux à cinq jours est nécessaire. "Concrètement, un tube est mis en place entre le poumon et la paroi thoracique, ce qui va permettre au sang de s'écouler vers l'extérieur et aux poumons de revenir coller vers la paroi thoracique. Quand l'hémothorax persiste malgré le drain, une intervention chirurgicale peut s'avérer nécessaire pour suturer un vaisseau qui saigne ou permettre la coagulation sur le vaisseau qui saigne", détaille le pneumologue. Heureusement, les hémothorax qui ne se résorbent pas sont très rares. La thoracotomie (ouverture du thorax) est quant à elle limitée aux cas très graves. Après l'évacuation de l'épanchement, une kinésithérapie respiratoire devra être effectuée.
Merci au Dr Jean-Philippe Santoni, pneumologue référent prévention à la Fondation du Souffle.