Infarctus intestinal : cause, symptômes, quel pronostic ?
L'infarctus intestinal est un accident vasculaire qui présente une double urgence : digestive et vasculaire, qu'il faut prendre en charge rapidement pour traiter l'intestin fragilisé ou opérer l'intestin nécrosé. Quels sont les symptômes ? Quelle est la cause ? Comment est posé le dignostic ? Les réponses avec le Pr Olivier Corcos, gastro-entérologue.
Définition : qu'est-ce qu'un infarctus intestinal ?
L'infarctus signifie qu'une partie du corps se met à souffrir parce que l'artère qui l'alimente est bouchée partiellement ou totalement. "Il s'agit d'un accident vasculaire au niveau de l'intestin : un vaisseau digestif bouché soit par un caillot migrant à partir du cœur, soit par un caillot se constituant dans l'artère (une thrombose), soit à partir de plaques d'athérome (athérosclérose), soit une sorte de phlébite des veines digestives, et qui va asphyxier l'intestin et diminuer les apports sanguins et d'oxygène nécessaires à sa survie", explique le Pr Olivier Corcos, gastro-entérologue. "L'intestin va souffrir et comme ce dernier est rempli de matières fécales, de bactéries et de toxines, cela va avoir un retentissement très rapide sur l'état général du patient et sur le risque de décès", note-t-il.
Quels sont les symptômes d'un infarctus intestinal ?
L'infarctus intestinal est un phénomène violent, qui se caractérise principalement par des douleurs très fortes et diffuses au niveau du ventre (ensemble de l'abdomen), des vomissements ou diarrhées. La douleur est si importante qu'elle conduit à un appel des secours ou au besoin de se rendre aux urgences. "Ces douleurs sont inhabituelles et sont souvent décrites par les patients comme des douleurs atroces. La douleur aiguë de l'infarctus intestinal peut survenir brutalement sans signes avant-coureurs ou être précédée par des douleurs chroniques, survenant lors de la digestion", souligne Le Pr Olivier Corcos.
Quelle est la cause d'un infarctus intestinal ?
Le mésentère est l'enveloppe de l'intestin grêle et de ses vaisseaux. Dans le cas de l'infarctus intestinal, ces vaisseaux qui irriguent l'intestin se bouchent. Si l'obstruction de l'artère irriguant l'intestin est complète, alors les symptômes vont rapidement s'aggraver. Si elle est partielle, ils apparaissent généralement après le repas, pendant la digestion, au moment où l'intestin a besoin d'un plus grand afflux de sang. "Il peut y avoir des signes depuis plusieurs jours, semaines, mois : des douleurs après l'alimentation. Il s'agit de la forme chronique, "l'encrassement des artères digestifs". À chaque fois que l'appareil digestif est sollicité, les maux de ventre apparaissent et souvent les patients développent dans ce cas une peur alimentaire. Ils vont alors diminuer leurs apports alimentaires et vont maigrir ", précise-t-il.
Comment est posé le diagnostic d'un infarctus intestinal ?
"L'amaigrissement et les problèmes de douleurs à la digestion vont souvent amener le patient à consulter son médecin généraliste qui va proposer différents examens (échographie, fibroscopie, coloscopie, scanner) sans résultats. Il y a souvent une errance diagnostique car on ne va pas regarder du côté des vaisseaux", insiste le Pr Olivier Corcos. La forme chronique de l'ischémie intestinale n'est pas reconnue jusqu'à ce que ne survienne l'accident aigu. Pour poser le diagnostic de l'infarctus, il faut penser aux signes évocateurs : douleur brutale nécessitant de la morphine pour soulager le patient, d'autant plus quand le malade a des antécédents ou des facteurs de risque cardiovasculaires (diabète, cholestérol, hypertension…). Un scanner avec injection de produit de contraste est indiqué pour montrer deux types d'éléments diagnostiques : d'une part, une maladie des vaisseaux digestifs (athérome, thrombose…) et, d'autre part, une souffrance de l'intestin (dilatation, perforation, inflammation) et un traitement rapide doit alors être mis en route.
Quel est le traitement d'un infarctus intestinal ?
L'idéal est une prise en charge rapide et pluridisciplinaire. Le traitement préconisé est la revascularisation de l'artère qui se serait bouchée par chirurgie vasculaire ou interventionnelle : "il faut aspirer le caillot, stenter ou ponter l'artère… Le traitement peut être radiologique, endovasculaire ou chirurgical". Si la revascularisation des segments digestifs n'est plus possible ou trop tardive, il faudra opérer pour retirer l'intestin nécrosé. En parallèle, des traitements médicamenteux (anticoagulants, aspirine, antibiotique, repos digestif…) doivent être délivrés pour ralentir le processus, le temps d'organiser les gestes interventionnels.
Quand avoir recours à une opération ?
Si l'infarctus a engendré une nécrose de l'intestin, une intervention chirurgicale sera envisagée pour retirer en urgence les parties nécrosées du fait d'un risque très élevé de décès.
Quel est le pronostic de survie d'un infarctus intestinal ?
Dans un infarctus intestinal, la mortalité peut être élevée : au stade de la nécrose, elle est de 100 % si l'intestin nécrosé n'est pas retiré rapidement. Si l'on parvient à revasculariser à temps la mortalité peut être de 30 %. "C'est une maladie qui avait avant un traitement très tardif. C'est une maladie qui désormais se guérit sans séquelles pour le patient, à condition que la prise en charge soit rapide et multidisciplinaire", conclut le Pr Olivier Corcos.
Merci au Pr Olivier Corcos, gastro-entérologue spécialisé dans les maladies vasculaires intestinales à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine).