Dépistage du cancer du sein : âge, gratuit, tous les combien ?
Quand le cancer du sein est pris à temps, neuf femmes sur dix en guérissent. La clé c'est le diagnostic précoce possible uniquement grâce au dépistage.
Lors du dernier dépistage organisé du cancer du sein, en 2022, seulement 45 % des femmes ont été se faire dépister, informe la Ligue contre le Cancer le 26 septembre 2023. Un résultat qui place la France en bas du classement européen, très loin de pays comme le Danemark ou la Finlande, dont les taux de participation dépassent les 80%. "Quand le cancer du sein est pris à temps, neuf femmes sur dix en guérissent. La clé c'est le diagnostic précoce possible uniquement grâce au dépistage. Je peux clairement affirmer aujourd'hui que cette surveillance rigoureuse m'a sauvé la vie !" commente Sophie Hoffmann, journaliste et autrice du podcast "My Boob story" dans le communiqué de la Ligue. Le dépistage du cancer du sein consiste en une mammographie et un examen clinique des sein.
A quel âge faut-il faire le dépistage du cancer du sein ?
► Entre 25 et 50 ans : se faire examiner les seins (observation et palpation) une fois par an par un professionnel de santé (médecin traitant, gynécologue, sage-femme).
► De 50 à 74 ans : Le dépistage organisé du cancer du sein est le plus efficace entre 50 et 74 ans. Il est à réaliser tous les 2 ans et consiste en une mammographie.
► A partir de 75 ans : Vous ne recevez plus d'invitation systématique tous les deux ans pour vous faire dépister. La question du dépistage doit faire l'objet d'une discussion avec votre médecin. Si vous présentez un niveau de risque de cancer du sein élevé ou très élevé (antécédents médicaux personnels ou familiaux, prédispositions génétiques...), votre médecin vous proposera la technique de dépistage la plus adaptée.
► Pour les femmes à risque de cancer du sein : "On propose de faire un dépistage dès 40 ans", précise le Dr Brigitte Séradour, radiologue à l'hôpital Beauregard à Marseille. Sans sur-risque, il n'est pas utile de recourir à des actes de dépistage du cancer du sein : il n'y a pas suffisamment d'études qui montrent l'efficacité de ce dépistage avant 50 ans.
Comment se passe le dépistage du cancer du sein ?
Dès réception du courrier, prenez un rendez-vous auprès d'un cabinet de radiologie agréé ou dans le service de radiologie d'une clinique ou d'un hôpital. Si vous n'êtes pas ménopausée, prévoyez de passer l'examen dans les 15 jours suivants le début de vos règles. Durant cette période, les seins sont moins sensibles.
► Le jour de la mammographie :
- N'oubliez pas de prendre votre carte Vitale et votre courrier d'invitation.
- Choisissez des vêtements faciles à retirer et habillez-vous de façon à n'avoir que le haut à enlever.
- Ne portez pas de bijoux (colliers, chaînes, boucles d'oreille) : vous allez devoir les retirer pendant l'examen.
- Ne mettez pas de crème, de parfum ou de déodorant sous les aisselles ou sur les seins : cela peut gêner la réalisation de l'examen et fausser l'interprétation des résultats.
- Apportez tous les clichés et comptes rendus d'examens effectués pour vos seins (mammographies, IRM, échographies, biopsies...).
Le radiologue qui va réaliser les clichés vous dirige vers une cabine qui communique avec la salle d'examen et où vous pourrez laisser vos vêtements. La mammographie est réalisée avec un appareil de radiologie spécifique (mammographe). L'un après l'autre, vos seins sont placés entre deux plaques qui se resserrent et compriment le sein pendant quelques secondes. Deux clichés par sein sont réalisés. Le médecin lit immédiatement les clichés et effectue ensuite un examen clinique (palpation des seins) pour repérer certaines anomalies parfois non détectables à la mammographie. Le radiologue vous communique les premiers résultats dès la fin de votre consultation. Une échographie est parfois nécessaire si vos seins sont trop denses, ça ne signifie pas nécessairement qu'il y a une anomalie.
Est-ce que la mammographie est douloureuse ?
La mammographie ne fait pas mal, mais elle peut être inconfortable à cause de la compression faite sur le sein, nécessaire pour obtenir une bonne image et diminuer les radiations. Rassurez-vous : la compression ne dure qu'entre 10 et 15 secondes et sachez que "la douleur" peut varier d'une femme à l'autre selon son degré de sensibilité. Si vos seins sont particulièrement sensibles ou si vous portez des prothèses mammaires, précisez-le au technologue avant l'examen.
Que voit-on à la mammographie ?
Cet examen permet de déceler les toutes petites lésions qui ne sont pas détectables lors de la palpation des seins et donc de dépister les éventuels cancers à un stade précoce. "Plus le dépistage est précoce, meilleures sont les chances de guérison et moins lourds sont les traitements (moins de risque de devoir subir une chimio par exemple)", explique notre interlocuteur.
Quand a-t-on les résultats de la mammographie ?
Les clichés des mammographies réalisés dans le cadre du dépistage organisé bénéficient d'une double lecture. Une première lecture est réalisée au cabinet de radiologie où vous passez la mammographie. Le radiologue vous délivre un premier résultat "oral". Ensuite, si aucune anomalie est détectée, votre mammographie est systématiquement vérifiée par un second radiologue expert. Cette deuxième lecture est un gage de fiabilité. Environ 6% des cancers sont détectés grâce à elle. "Les résultats définitifs sont communiqués par courrier dans un délai de 15 jours maximum" indique le Dr Anthony Gonçalves, oncologue.
Signification ACR0, ACR1, ACR2, ACR3, ACR4, ACR5
La mammographie détecte des lésions suspectes mais ne permet pas de poser le diagnostic d'un cancer du sein. Seule une biopsie mammaire permet de confirmer le diagnostic. Les clichés de mammographie sont classés en 6 catégories dites ACR* :
- Un cliché ACR0 n'est pas interprétable : il faut le compléter avec d'autres examens d'imagerie
- Un cliché ACR1 ne présente aucune anomalie, la mammographie est normale
- Un cliché ACR2 présente une anomalie bénigne (microkystes, ganglions axilliaires...) mais ne nécessite pas de suivi
- Un cliché ACR3 présente une anomalie probablement bénigne pour laquelle une surveillance à court terme (3 ou 6 mois) est conseillée
- Un cliché ACR4 signifie qu'il y a une anomalie indéterminée ou suspecte, des prélèvements par biopsie sont nécessaires.
- Un cliché ACR5 il y a une anomalie évocatrice d'un cancer, des prélèvements par biopsie sont nécessaires.
La mammographie est fiable à 90%
"Comme tout examen, la mammographie n'est pas efficace à 100%. Néanmoins, elle permet de dépister 90 % des cancers du sein", explique l'oncologue. Comme certains cancers peuvent échapper à la mammographie ou se développer entre deux examens (on les appelle "les cancers de l'intervalle"), un dépistage tous les deux ans est indispensable. Entre chaque examen de dépistage, n'hésitez pas à consulter un médecin si vous remarquez des changements inhabituels de vos seins :
- une boule, une grosseur, un œdème dans le sein ou sous un bras,
- une modification de la peau : rétractation, rougeur, aspect de peau d'orange,
- une modification du mamelon ou de l'aréole (zone qui entoure le mamelon) : rétractation, changement de coloration, suintement, écoulement…
- un changement de forme des seins.
Quel est le prix d'une mammographie ?
Dans le cadre du dépistage organisé, la mammographie est gratuite et prise en charge à 100% par l'Assurance maladie et vous n'avez pas besoin d'avancer de frais. Il faut juste remettre votre bon de prise en charge qui accompagne la lettre d'invitation au médecin qui réalise l'examen médical. Si des examens complémentaires vous sont prescrits par le médecin radiologue, leur prise en charge se fait dans les conditions habituelles de remboursement.
→ Les soins liés à un éventuel cancer du sein sont pris en charge à 100 % par votre caisse d'Assurance maladie.
→ Si vous avez moins de 50 ans, le coût d'une mammographie est généralement de 41.58€ (mammographie unilatérale) et de 66.42€ (mammographie bilatérale). Elle est remboursée à 70% par la Sécurité sociale. Le reste peut être pris en charge par la mutuelle.
Merci aux Dr Brigitte Seradour, radiologue et Dr Anthony Gonçalves, oncologue, membres de la Société française de Sénologie et de pathologies mammaires