Symptômes Covid peau : éruption, boutons, que faire ?

Symptômes Covid peau : éruption, boutons, que faire ?

Boutons, éruption cutanée, rougeurs, engelures... Des manifestations cutanées ont été décrites chez des cas positifs à la Covid-19. Comment se caractérisent ces symptômes dermatologiques ? Pourquoi le virus les provoquent-ils ? Que faire ? Réponses et conseils du Dr Laurence Le Cleach, dermatologue.

Boutons, urticaire, éruption, engelures… En avril 2020, des atteintes dermatologiques sur le visage et le corps ont été rapportées chez des malades du coronavirus Sars-CoV-2. Dans un communiqué du 6 avril, le Syndicat National des Dermatologues-Vénérologues (SNDV) expliquait : "Il s'agit d'acrosyndromes (aspect de pseudo-engelures des extrémités), apparition subite de rougeurs persistantes parfois douloureuses, et des lésions d'urticaire passagères". En mai 2022, les cas Covid positifs au variant Omicron et analysés par Santé Publique France ne rapportaient plus de symptômes dermatologiques. Ils ne représentent cependant pas tous les cas confirmés et le virus du Covid a prouvé qu'il était capable d'entraîner des symptômes variés selon les personnes. Il faut donc rester vigilant. Quels signes sur la peau peuvent être associés à l'infection Covid-19 ? Quand consulter ? Le point.

Symptômes omicron
Comparaison des symptômes Omicron BA1 (présent fin 2021 en France) avec BA4 et BA5 qui progresse en mai 2022 © Santé Publique France

Quels sont les symptômes cutanés du Covid ?

La Société Française de Dermatologie (SFD) a lancé une enquête nationale intitulée COVIDSKIN le 30 mars 2020 afin de recenser les lésions cutanées associées à l'infection au SARS-CoV-2. Cet appel à cas a été entendu par les médecins généralistes et les dermatologues qui ont noté leurs observations via un questionnaire standardisé. Au total, sur les 492 cas recueillis, 311 correspondaient à des cas de manifestations acrales (mains et/ou pieds). Les plus fréquentes étaient les engelures (82%). L'étude précise que 49% des sujets n'avait présenté aucun symptôme avant l'apparition des lésions, tandis que des symptômes infectieux non spécifiques et une suspicion clinique de COVID (fièvre, toux, dyspnée, anosmie-agueusie) étaient survenus respectivement dans 22% et 30% des cas. "Parmi les 150 patients testés (121 RT-PCR et 75 sérologies réalisées), 10 seulement étaient positifs (7 RT-PCR et 5 sérologies avec des IgG anti-SARS-COV2) ", ont révélé le Dr Laurence Le Cleach, dermatologue à l'hôpital Henri Mondor et coordinatrice de l'étude COVIDSKIN menée sous l'égide de la SFD. et le Pr Marie Beylot-Barry lors des journées dermatologiques de Paris 2020. 

Boutons, urticaire, engelures : des signes cutanés très variés 

"Différents types de manifestations cutanées ont été observés. Les deux principales sont : des éruptions maculo-papuleuses, c'est-à-dire des boutons ou des plaques rouges répartis sur l'ensemble du corps, avec une prédominance sur le haut du corps ; des urticaires qui se présentent comme des des piqûres d'orties et forment de petites papules disséminés sur le corps. Ces deux manifestations-là ont été rapportées chez des personnes pour qui l'infection avait été le plus souvent confirmée par un test PCR ou une sérologie. En général, cela survient dans les jours suivant le début des signes infectieux de la maladie, principalement chez des patients âgés de 40 à 50 ans", indique le Dr Le Cleach. À contrario, les engelures surviennent plutôt chez des sujets jeunes, à savoir des adolescents et des jeunes adultes voire des enfants. Chez ces patients-là, les tests PCR et les sérologies sont négatifs la plupart du temps. "Actuellement, un débat est en cours pour tenter de déterminer si ces engelures sont simplement dues au fait que les patients étaient inactifs et éventuellement pieds nus toute la journée pendant le confinement ou s'ils ont réellement contracté la Covid-19. Dans tous les cas, ces derniers ne présentaient pas de symptômes de la maladie (fièvre, toux, fatigue, difficultés respiratoires) et leur test PCR et sérologie se sont révélés négatif", précise-t-elle. L'hypothèse d'une réaction immunitaire particulière pour expliquer cette absence de symptômes est avancée. 

→ Au tout début de l'épidémie de Covid-19, une fréquence inédite de consultations pour engelures a été rapportée en Italie puis en France. Afin d'évaluer leurs liens avec l'infection par le SARS-CoV-2, une équipe de chercheurs a démarré une étude afin d'étudier toutes les personnes reçues par la cellule Covid du CHU de Nice entre le 9 et le 17 avril et qui présentaient ce type de lésions. Au cours de cette période, 40 patients souffrant d'engelures ont été accueillis. Aucun d'entre eux n'avait présenté une forme grave de Covid-19 et la plupart étaient jeunes (âge médian de 22 ans). S'ils avaient tous été cas contacts ou suspectés d'être infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 semaines précédant la consultation, le résultat de la recherche du virus au niveau nasopharyngé (PCR) était négatif pour l'ensemble de ces patients, et une sérologie positive n'a été retrouvée que chez un tiers d'entre eux. "Si la causalité entre les lésions cutanées et le SARS-CoV-2 n'est pas démontrée par cette étude, elle est malgré tout fortement suspectée, notamment parce que le nombre de patients présentant des engelures à cette époque de l'année dans notre région est particulièrement surprenant. De plus, nous avons observé des regroupements de cas : plusieurs personnes simultanément atteintes d'engelures dans quelques fratries ou familles" a commenté le Pr Thierry Passeron* qui a dirigé ce travail. Pour les chercheurs, les engelures pourraient être le résultat d'une immunité innée particulièrement efficace. "Ces atteintes ne sont pas graves et régressent sans séquelles sur quelques jours à quelques semaines, a indiqué le Pr Passeron. Elles signent un épisode infectieux à SARS-CoV-2 qui est déjà terminé dans la majorité des cas. Les patients concernés ont éliminé le virus efficacement et rapidement après leur infection."

Que faire en cas de doute ?

De manière générale, consulter son médecin généraliste ou son dermatologue quand on a des manifestations cutanées est de toute façon une bonne idée. "Si ces atteintes dermatologiques s'accompagnent de signes associés comme de la fièvre, des difficultés respiratoires et de la toux (ou de maux de tête, fatigue, rhume, ndlr selon les signes fréquents d'Omicron, ndlr), cela mérite effectivement au moins une consultation pour montrer les lésions cutanées à son médecin qui pourra alors nous indiquer la marche à suivre", explique la dermatologue. Il est aussi toujours possible de se faire tester en pharmacie contre le Covid, sans ordonnance, avec un test antigénique ou en laboratoire (test PCR, le plus efficace). Les deux gratuits pour les personnes complètement vaccinées contre le Covid.

Le port du masque aggrave les problèmes de peau

Enfermée sous le masque, la peau subit des frottements répétés et baigne dans un environnement à la fois chaud et humide. Or, le visage n'est pas habitué à être complètement recouvert, ce qui peut entraîner l'apparition de boutons ou amplifier certaines pathologies de peau déjà présentes (comme l'acné). "Le port du masque va avoir tendance à aggraver les dermatoses faciales, c'est-à-dire les maladies de peau qui touchent particulièrement le visage comme l'acné, la dermite séborrhéique ou encore la rosacée. Une prise en charge un peu plus intense va permettre de limiter ces désagréments , indique le Dr Le Cleach. Pour améliorer l'état de sa peau et limiter l'apparition de boutons, il est essentiel d'effectuer un nettoyage doux de la peau matin et soir mais aussi de bien l'hydrater pour l'aider à mieux faire face aux frottements. Attention également à ne pas mettre trop de maquillage qui ne va faire qu'accentuer l'enfermement de la peau. 

Merci à Dr Laurence Le Cleach, dermatologue à l'hôpital Henri Mondor et coordinatrice de l'étude COVIDSKIN menée sous l'égide de la SFD (Société Française de Dermatologie).

Sources :

Covid-19 : les engelures, dommages collatéraux d'une immunité performante. Inserm. 11.janvier.2021

 Communiqué de presse de la Société Française de Dermatologie (SFD), 8 avril 2020