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Lombosciatalgie : c'est quoi, symptômes, comment la soigner ?

Lorsqu'une lombalgie est associée à une sciatique, on parle de lombosciatalgie. Elle peut nécessiter une prise en charge en urgence. Quels sont les traitements ? De la kiné ? Peut-on faire du sport ? Le point avec le Pr Aleth Perdriger, chef du service de Rhumatologie du CHU de Rennes.

Définition : qu'est-ce qu'une lombosciatalgie ?

La lombosciatalgie définit l'association d'une douleur du bas du dos (la région basse de la colonne rachidienne, appelée rachis lombaire) et d'une douleur sciatique qui descend dans la jambe. On appelle "sciatique" la compression du nerf sciatique à son origine, c'est à dire au niveau de la colonne lombaire. Le nerf sciatique, ou nerf ischiatique, est le nerf le plus long du corps humain et celui qui a le plus gros calibre. Il est issu de plusieurs branches nerveuses au niveau de la colonne vertébrale, notamment des racines des deux dernières vertèbres lombaires (L4 et L5) et des trois premiers nerfs sacraux. Il chemine ensuite au niveau de la fesse, de la face postérieure de la jambe et se divise au niveau de la partie postérieure du genou. Il assure ainsi la sensibilité et la motricité de la partie postérieure de la cuisse. La lombosciatique entraîne une douleur qui part du bas du dos et irradie jusqu'aux orteils. On parle de lombosciatalgie si le trajet de la douleur dans la jambe ne suit pas exactement le trajet du nerf sciatique.

Quels sont les symptômes ?

La douleur est le plus souvent unilatérale.

Dans la forme habituelle de la lombosciatique, le patient ressent une douleur, depuis le bas du dos, vers la fesse puis la partie postérieure de la jambe jusqu'au pied. La douleur est le plus souvent unilatérale, affectant un seul côté de son corps. Des sensations de décharges électriques ou de brûlures sur le trajet peuvent être ressenties. Suivant la racine nerveuse atteinte, le trajet de la douleur peut légèrement varier. 

En cas d'atteinte de la racine L5, la douleur débute à la fesse, passe par la partie postérieure de la cuisse, puis descend sur la partie latérale de la jambe ( la face a l'extérieur du genou et de la jambe), vers la malléole externe et se termine sur le gros orteil dans les formes complètes. 

En cas d'atteinte de la racine S1, la douleur débute toujours dans la fesse et dans la partie postérieure de la cuisse, mais elle se poursuit derrière le genou et de la jambe jusqu'au talon, le bord externe du pied jusqu'au cinquième orteil.

Quelles sont les causes ?

La hernie discale représente la cause la plus fréquente et la plus commune des douleurs du nerf sciatique. Mais beaucoup plus rarement, la compression de la racine nerveuse va être secondaire à une autre cause :

  • une infection nerveuse,
  • une compression par un processus tumoral,
  • de l'arthrose,
  • un canal lombaire trop étroit.

Qui consulter ?

Dans la grande majorité des cas, on consulte toujours son médecin traitant ou son rhumatologue, qui pourra donner le traitement médical adapté. Dans de très rares cas, la lombosciatique va se compliquer. "Il peut s'agir d'une atteinte motrice du nerf qui est comprimé, avec une incapacité à bouger la jambe, on parle alors de sciatique paralysante. La compression dans le bas du dos peut toucher plusieurs des racines nerveuses en même temps avec des troubles au niveau des sphincters et de la zone génitale entraînant des incontinences ou des pertes de sensibilité au niveau du périnée (on parle de syndrome de la queue de cheval, car les racines ont la forme d'une queue de cheval)", explique le Pr Aleth Perdriger. Exceptionnellement, la compression ne concerne pas que les racines nerveuses, mais également la moelle épinière. "Ce sont des urgences absolues parce que le risque est l'atteinte du système nerveux central, prévient-elle. Dans ces cas de très graves de compression nerveuse, le médecin traitant ou le rhumatologue orienteront rapidement le patient vers un chirurgien afin qu'il puisse décomprimer le nerf".

Comment fait-on le diagnostic ?

L'interrogatoire du patient est la première étape qui cherche à caractériser la localisation des douleurs, le mode d'apparition, les circonstances déclenchantes, améliorantes ou aggravantes. Un examen clinique recherchera la localisation initiale de la douleur au niveau du dos, puis le trajet précis. La compression de la racine du nerf est réveillée par un test, la manœuvre de Lasègue. En soulevant la jambe du patient, en position allongée, on peut reproduire la douleur de sciatique. L'absence de cause infectieuse ou inflammatoire de la douleur est confirmée par une radiographie de la colonne vertébrale. La compression de la racine au niveau du dos peut être confirmée par un scanner ou une IRM qui permettent de bien voir la cause de la compression de la racine nerveuse (le plus souvent une hernie discale) et permettent de bien préciser le niveau de la compression. "Ces examens sont surtout réalisés avant une intervention chirurgicale pour guider le geste de l'intervention ou s'il existe un doute sur une cause infectieuse ou tumorale à l'origine de la compression", précise la rhumatologue.

Comment la soigner ?

Le repos total n'est pas indiqué dans la lombosciatalgie, au contraire.

Le traitement de ces douleurs débute par des antalgiques ou anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Le repos total n'est pas indiqué dans la lombosciatalgie, au contraire, le médecin conseille des mouvements légers avec des séances de kinésithérapie. Dans certains cas, des injections locales de corticoïdes améliorent les symptômes. De même, certaines causes sont parfois accessibles à une prise en charge chirurgicale pour décomprimer la racine nerveuse, en particulier le traitement de la hernie discale. Une laminectomie peut aussi être réalisée.

Convalescence et temps de rétablissement ?

"L'évolution est le plus souvent assez lente. Si les violentes douleurs peuvent être améliorées rapidement par la prise d'antalgiques, des troubles sensitifs traduisant la souffrance du nerf sciatique vont perdurer pendant de longs mois, tout comme sa cicatrisation qui se révèle assez longue (en moyenne 3 mois)", indique la spécialiste.

Quel sport faire ?

Privilégiez les sports qui musclent le dos et la ceinture abdominale (natation, gymnastique, pilates)

Les activités sportives pourront être reprises progressivement, en s'aidant parfois d'un kinésithérapeute pour apprendre à faire les bons gestes. "Tous les sports seront possibles, en limitant ceux qui nécessitent une réception brutale sur un pied (jogging, tennis, crossfit, trampoline…) et en privilégiant les sports qui musclent le dos et la ceinture abdominale (natation, gymnastique, pilates)", ajoute le Pr Aleth Perdriger.

Merci au Professeur Aleth Perdriger, chef du service de Rhumatologie du CHU de Rennes.