Athérosclérose : définition, traitement, conséquences
L'athérosclérose est une forme de vieillissement des artères. C'est la principale responsable des maladies cardiovasculaires et la première cause de mortalité dans les pays industrialisés. Le point avec le Pr Claire Mounier-Véhier, cheffe de service de médecine vasculaire-HTA au CHU de Lille.
Athérosclérose ou artériosclérose ?
L'athérosclérose est une maladie artérielle chronique caractérisée par des dépôts de lipides dans les artères (plaque d'athérome) qui se calcifient, grossissent progressivement et réduisent le diamètre des artères. A ne pas confondre avec l'artériosclérose. "C'est une autre forme de vieillissement de l'artère. Les artères se calcifient sans formation de plaques d'athérome chez des sujets très âgés, des personnes diabétiques ou insuffisantes rénales avec des artères qui deviennent très rigides" explique Pr Claire Mounier-Véhier, cheffe de service de médecine vasculaire-HTA au CHU de Lille, Cofondatrice de Agir pour le Cœur des Femmes.
Définition de l'athérosclérose
L'athérosclérose désigne la formation de plaques d'athérome dans les parois des artères. Elles sont constituées d'un dépôt de LDL cholestérol (le "mauvais" cholestérol) puis de calcaire et de cellules inflammatoires et musculaires qui s'entourent d'une chape fibreuse. Ces plaques d'athérome grossissent dans la paroi des artères qui s'épaissit et se sténose (diminution du calibre des artères : on dit que la lumière de l'artère est rétrécie). L'athérosclérose atteint principalement les artères de moyen et de gros calibres : les artères coronaires qui irriguent le cœur, les artères carotides internes et vertébrales destinées au cerveau, l'aorte abdominale sous-rénale, les artères iliaques, les artères fémorales et fémoro-poplitées des jambes. "L'évolution de l'athérosclérose est différente chez les hommes et les femmes et notamment chez les femmes après la ménopause : les plaques d'athérome molles au départ se calcifient quelques années après la ménopause. Il n'y a plus les œstrogènes protecteurs de l'endothélium (tissu qui tapisse l'intérieur de la paroi des artères)" explique le Pr Claire Mounier-Véhier.
Symptômes
L'athérosclérose est une maladie qui s'installe de façon progressive et silencieuse. Ce sont les conséquences de l'obstruction qui vont occasionner des symptômes. Les symptômes varient en fonction des artères atteintes d'athérosclérose. Le rétrécissement d'une artère du cœur se manifeste par un essoufflement progressif à l'effort (Angor instable), l'artérite oblitérante des membres inférieurs par des crampes musculaires dans les mollets à l'effort. En cas de rupture d'une plaque d'athérome, les symptômes sont bruyants : douleurs dans la poitrine, essoufflement, sueurs en cas d'infarctus du myocarde, faiblesse d'un côté du corps, bras ou jambe, difficultés à parler, troubles d'équilibre, maux de tête intenses en cas d'AVC.
Causes
L'arthérosclérose est une maladie multifactorielle. "Pour que le LDL-cholestérol se dépose dans la paroi des artères, il faut que l'endothélium, protecteur, qui tapisse la lumière de l'artère, soit agressée par le tabagisme, une hypertension artérielle, un diabète, l'âge, une hypercholestérolémie. L'endothélium abimé devient perméable au mauvais cholestérol qui va pénétrer dans la paroi de l'artère, et provoquer toute une cascade de réactions inflammatoires altérant le fonctionnement de l'artère et initiant la synthèse de la plaque d'athérome" indique le Pr Claire Mounier-Vehier. "L'artère va s'épaissir, durcir, devenir mois souple" explique-t-elle. La majorité des facteurs de risque peuvent être prévenus, à l'exception de l'âge, du sexe et des antécédents familiaux. A savoir : Les effets délétères de ces facteurs de risque se potentialisent les uns les autres pour contribuer au lent développement des plaques d'athérome.
Diagnostic
Le médecin pratique un interrogatoire et un examen clinique du patient suspect d'athérosclérose. Il s'agit à la fois de détecter des antécédents familiaux, d'observer l'ensemble des facteurs de risque, dits facteurs de risque cardiovasculaire, présentés par la personne, de rechercher des signes d'alerte cardio vasculaire. Le diagnostic des plaques d'athérosclérose et leur retentissement hémodynamique sont faits avec l'imagerie : "une échographie dans un premier temps pour les artères carotides et vertébrales, l'aorte et ses branches (artères des bras, artères digestives et rénales, artères des jambes). L'angio-scanner ou l'angio-IRM des artères sont des examens de deuxième intention pour discuter le plus souvent une revascularisation. Par contre pour les artères coronaires, si les tests d'effort (épreuve d'effort sur tapis roulant ou vélo ; échographie cardiaque d'effort, scintigraphie myocardique…) dépistent le retentissement fonctionnel des sténoses coronaires, seul le coroscanner peut étudier directement la paroi des coronaires et documenter la morphologie des lésions d'athérosclérose" indique le Pr Mounier-Véhier.
Traitement
Le traitement de l'athérosclérose associe règles d'hygiène de vie et médicaments. "L'hygiène de vie est fondamentale. Au niveau de l'alimentation, il convient de limiter les graisses animales saturées, de consommer beaucoup de fruits et légumes ce qui facilite l'absorption intestinale du cholestérol et apporte de la vitamine K qui protège du vieillissement des artères. La consommation de sel ne devrait pas dépasser 5g par jour. L'arrêt du tabagisme est essentiel car le tabac est responsable de spasmes artériels et entraîne la fabrication de radicaux libres oxydatifs qui vont agresser les artères. Autres mesures fondamentales : pratiquer une activité physique, bien dormir et gérer son stress " décrit le Pr C Mounier-Véhier. En plus de ces mesures d'hygiène de vie, trois traitements sont prescrits en cas de maladie athéromateuse. Tout d'abord, des anti-agrégants plaquettaires si la plaque d'athérome est constituée. "Ces médicaments empêchent la formation de thrombus (caillots sanguin) si l'artère se rompt ou se fissure" explique le Pr Mounier-Véhier. Le deuxième médicament sont les statines. "Les statines ont un effet stabilisateur des plaques d'athérome, un effet anti-inflammatoire et limitent l'absorption du LDL-cholestérol" détaille la cardiologue. Le dernier traitement médicamenteux est constitué par les inhibiteurs de l'enzyme de conversion ou les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II bloquant ainsi des systèmes endocriniens impliqués dans le développement de la maladie. "Ces médicaments freinent le vieillissement des artères" explique la cardiologue.
Conséquences
Les plaques d'athérome bouchent progressivement les artères. Les plaques d'athérome restent stables le plus souvent mais il peut arriver que la chape fibreuse de l'artère devienne fragile. "Lorsque la paroi artérielle est fragilisée, l'endothélium peut se fissurer. Lorsqu'il se rompt, c'est là qu'un caillot va boucher brutalement l'artère" indique le Pr Mounier-Véhier. Cette occlusion complète de l'artère entraîne alors un infarctus du myocarde ou un accident cérébro-vasculaire (AVC).
Prévention
La prévention de l'athérosclérose et des maladies cardiovasculaires dont elle est responsable repose avant tout sur la prévention des facteurs de risque, ce qui serait possible dans 8 accidents sur 10. Il convient de connaître et de maîtriser sa pression artérielle, son diabète et son taux de cholestérol, tout en adoptant une hygiène de vie saine. Il faut éviter le tabac, pratiquer une activité physique régulière, adopter une alimentation pauvre en graisse, surveiller son poids, sa consommation d'alcool et réduire son niveau de stress. Plus tôt cette hygiène de vie est mise en place et mieux c'est, les stries lipidiques (prémices des plaques d'athérome) pouvant apparaître dans les artères au cours des 20 premières années de vie. C'est d'autant plus vrai chez la femme ménopausée qui n'est plus protégée par ses œstrogènes naturels et se retrouve physiologiquement exposée à un syndrome métabolique et vasculaire, en l'absence d'une hygiène de vie optimisée. "Si on corrige un facteur de risque, c'est déjà efficace sur le risque artériel" informe le Pr Mounier-Véhier. "La prévention est efficace même quand vous avez déjà eu un accident cardiovasculaire. Il n'y pas de petite prévention. L'hygiène de vie et la bonne prise des traitements évitent la récidive dans un cas sur 2 " souligne la cardiologue.
Merci au Pr Claire Mounier-Véhier, cheffe de service de médecine vasculaire-HTA au CHU de Lille, Cofondatrice de Agir pour le Cœur des Femmes.