Rectocolite hémorragique : symptômes, à 40 ans, est-ce grave ?

La rectocolite hémorragique est une maladie inflammatoire chronique intestinale, souvent diagnostiquée chez les hommes et les femmes autour de 40 ans.

Rectocolite hémorragique : symptômes, à 40 ans, est-ce grave ?
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Une rectocolite hémorragique (abrégée RCH ou appelée colite ulcéreuse) est une inflammation chronique de la muqueuse intestinale (paroi interne de l'intestin). Elle est souvent identifiée chez des personnes jeunes, autour de la quarantaine. Les symptômes sont assez proches de ceux de la Maladie de Crohn qui évolue aussi par poussées. Mais il existe cependant des différences fondamentales.

Définition : c'est quoi une rectocolite hémorragique ?

La rectocolite hémorragique (ou colite ulcéreuse) fait partie de ce que l'on appelle les MICI, pour Maladies inflammatoires chroniques des intestins.  Selon l'étendue des lésions, on distingue 3 types de RCH :

  • Les RCH distales (60% des cas) qui touchent uniquement le rectum. Il s'agit alors d'une rectite.
  • Les RCH pancoliques (15% des cas) qui s'étendent du rectum à la totalité du côlon.
  • Les formes intermédiaires (25%) qui se situent entre les formes distales et pancoliques.

Comment évolue une rectocolite hémorragique ?

L'inflammation débute au niveau du rectum pour ensuite atteindre progressivement, et sans discontinuité, l'ensemble du colon. L'évolution se fait sous la forme de phases d'activité (ou "poussées") d'intensité variable, alternant avec des phases sans symptôme, dites de rémission complète. Pendant les phases d'activité, l'inflammation atteint la muqueuse (la partie interne de la paroi intestinale), qui devient rouge et ulcérée.

Schéma d'une rectocolite hémorragique
Schéma d'une rectocolite hémorragique © blueringmedia - stock.adobe.com

Chiffres : combien de personnes ont une rectocolite hémorragique en France ?

Quelle que soit l'extension de l'inflammation, les autres segments du tube digestif comme l'intestin grêle ne sont jamais concernés. "On dénombre actuellement 150 000 personnes atteintes de rectocolite hémorragique en France et entre 4 000 à 5 000 nouveaux cas chaque année, souligne Anne Buisson, Directrice adjointe, l'Afa Crohn-RCH France. Cette maladie est le plus souvent diagnostiquée chez des sujets jeunes, hommes et femmes, entre 30 et 40 ans. Cependant, elle peut se révéler à tout âge". Cette pathologie est d'origine inconnue, mais elle semble néanmoins avoir une part d'hérédité

Quelles sont les causes d'une rectocolite hémorragique ?

Les causes de la rectocolite hémorragique sont encore mal identifiées. Mais plusieurs facteurs sont avancés, selon l'Afa : Une prédisposition génétique à la RCH qui toucherait davantage les parents du 1er degré d'un malade que dans le reste de la population. Des facteurs environnementaux sont aussi mis en cause. Par exemple, le tabagisme actif protège de la RCH (elle est moins fréquente chez les fumeurs). Il en est de même pour l'appendicectomie pratiquée avant l'âge de 20 ans. Enfin, des causes immunologiques liées à un déséquilibre entre le système immunitaire intestinal et le microbiote intestinal.

Quels sont les symptômes d'une rectocolite hémorragique ?

"Les symptômes cliniques se manifestent selon le développement de la maladie et sont généralement intestinaux", constate Anne Buisson. A savoir : 

  • des rectorragies, saignements de sang rouge issus de l'anus ;
  • des diarrhées, parfois glaireuses ;
  • des douleurs abdominales ;
  • des ténesmes (brûlures rectales) ;
  • une altération de l'état général avec perte de poids et d'appétit ;
  • parfois il existe des signes non digestifs comme des douleurs articulaires, des lésions cutanées ou une atteinte oculaire.

La RCH n'est pas contagieuse. Il n'y a pas de transmission directe entre les individus.

"La maladie de Crohn peut concerner n'importe quelle partie du tube digestif. Les lésions sont discontinues et laissent des intervalles de muqueuse sains", souligne le Dr Pascale Péricaud, médecin généraliste.

Rectocolite hémorragique pendant la grossesse : que faire ?

"La grossesse est tout à fait envisageable lorsque l'on est atteint d'une rectocolite hémorragique, dans la mesure où la maladie est en phase de rémission, rassure la généraliste, avant d'alerter. La fertilité est normale sauf en cas de poussée aiguë et il existe un risque prononcé de prématuré". La plupart des traitements pour la recto colite sont compatibles pendant la grossesse. "Les bio thérapies peuvent être poursuivies pendant la grossesse avec toutefois un arrêt au 3ème trimestre".

Comment pose-t-on le diagnostic d'une rectocolite hémorragique ?

Le diagnostic de la rectocolite hémorragique est posé à partir d'arguments cliniques et paracliniques (examens complémentaires). "On va ainsi examiner la paroi du rectum et du colon du patient au cours d'une coloscopie par voie endoscopique (introduction par l'anus d'un tuyau souple équipé d'une mini-caméra). Dans le même temps, une biopsie et un examen anatomo-pathologique seront pratiqués", poursuit le médecin. Selon l'ARS, au moment du diagnostic de RCH, dans environ 50 % des cas, l'atteinte ne concerne que le rectum (rectite). "Il peut y avoir un sur-risque de cancer du côlon chez les patients porteurs d'une RCH pancolique, lié à la persistance de l'inflammation, confie la directrice adjointe de l'Afa. Mais ce sur-risque est maitrisé dès lors que l'on établit une surveillance régulière par coloscopie au bout d'une dizaine d'années d'évolution de la maladie".

Consultez lorsque l'on a des symptômes digestifs ou lorsqu'un membre de la famille est atteint de rectocolite hémorragique pour réaliser un dépistage

Quand et qui consulter en cas de rectocolite hémorragique ? 

Il faut consulter un gastro-entérologue qui effectuera une coloscopie. Dans quels cas ? "Lorsque l'on a des symptômes digestifs ou lorsqu'un membre de la famille est atteint de rectocolite hémorragique pour réaliser un dépistage", rappelle notre médecin.

Traitement : comment soigner une rectocolite hémorragique ? 

"La cause n'étant pas définie, il n'existe pas de traitement radical assurant une guérison définitive, regrette A. Buisson. Néanmoins, pour traiter l'inflammation en période de poussées, le médecin peut préconiser des médicaments à base d'acide 5-aminosalicylique (5-ASA) comme le Dipentum® ou le Pentasa® par voie orale ou locale (suppositoires ou lavements) ou une corticothérapie (Cortancyl®, Solupred®, Rectovalone®) ". D'autres molécules comme les immunosuppresseurs sont également possibles par voie orale (Imurel®, Purinéthol®) ou sous cutanée (Méthotrexate®, Metoject®). "Des traitements dits biologiques sont utilisés en cas d'échec ou d'intolérance des immunosuppresseurs et/ou en cas de corticodépendante", poursuit Anne Buisson. Leur mission : bloquer le TNF alpha, une molécule produite par l'organisme en cas d'inflammation. La chirurgie, qui consiste à enlever la partie atteinte ou la totalité du côlon, est une option lorsque la maladie se présente sous une forme de poussée très grave (on parle de colite aiguë grave), en cas de suspicion de lésion cancéreuse, dans les cas de poussées trop invalidantes ou lorsque les médicaments utilisés se révèlent inefficaces.

Régime alimentaire en cas de rectocolite hémorragique : quels sont les aliments à éviter ?

Aucun régime alimentaire n'a actuellement fait ses preuves dans un sens positif ou négatif sur la rectocolite hémorragique. Il n'est donc pas utile de supprimer certains aliments de son alimentation. Mais attention, la maladie peut exposer à un risque de carence en fer, qui doit être recherchée et si besoin supplémentée. 

Mercis au Dr Pascale Péricaud, médecin généraliste à Suresnes (92) et Anne Buisson, Directrice adjointe, l'Afa Crohn-RCH France (www.afa.asso.fr) pour leur participation.