L'avenir est-il à la médecine prédictive ? Et les tests disponibles sur internet, c'est quoi?
Depuis quelques années, le commerce des tests prédictifs se développe largement sur la toile. Plusieurs laboratoires, américains pour la plupart, proposent aujourd'hui sur internet d'effectuer pour vous une petite quarantaine de tests en tous genres. La procédure est toute simple : vous commandez les tests, le laboratoire vous envoie un petit écouvillon afin de recueillir un échantillon d'ADN, que vous renvoyez par la poste. Les résultats seront disponibles en ligne, moyennant quelques centaines d'euros. Etonnant, non ?
Chez DecodeMe, par exemple, l'un des labos les plus célèbres, on propose de vous tester pour 38 maladies. Risques cardiovasculaires, diabète, Alzheimer, cancer colorectal ou du sein, polyarthrite rhumatoïde et même dépendance à la nicotine... Vous avez l'embarras du choix ! D'ailleurs, si seul un groupe de maladies vous inquiète, vous n'êtes pas obligé de choisir la formule complète : des forfaits pour les cancers ou encore les risques cardiovasculaires sont proposés. Une fois vos résultats dévoilés, ils sont conservés dans une base de données confidentielles et vous seul pouvez y accéder.
En France, ce type de commerce est interdit. Le législateur a jugé qu'il posait problème à plusieurs niveaux.
D'abord, la fiabilité de ces tests est toute relative. Encore une fois, il ne s'agit pour la plupart que de dépister un terrain favorable. Parfois même sans que l'on soit vraiment sûr de la pertinence du test en question. Pour la maladie d'Alzheimer par exemple, il est encore très contesté dans le milieu médical.
Se pose ensuite le problème de la confidentialité. Certes, ces entreprises garantissent que seul le principal intéressé peut avoir accès aux données qu'il a commandées. Mais elles sont stockées en ligne. Les systèmes les plus sûrs ont parfois été déverrouillés par des pirates de génie. Que faire si toutes ces données se retrouvent, un jour, en libre accès sur la toile ?
Sans aller jusque-là, on peut également redouter que les entreprises, avant d'embaucher un candidat, ou les compagnies d'assurance avant d'accepter un client, "offrent" à l'intéressé de lui établir son profil génétique. Que reste-t-il alors de l'égalité des chances ?
Législation sévère
Pour toutes ces raisons, la France a décidé non seulement d'interdire aux laboratoires de proposer un tel commerce de tests, mais elle a aussi choisi de punir ceux qui en feraient la commande. En théorie, le "client" est passible d'une peine de prison et d'une amende allant jusqu'à 15 000 euros. Dans les faits, il est pourtant très simple de commander via internet puis de renvoyer par la poste l'échantillon ADN afin d'aller ensuite consulter les résultats en ligne.Le problème a été longuement abordé dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique, qui s'achèvent pour embrayer sur la révision de la loi de 2004. Pour Jean Leonetti, président du comité de pilotage, "ce type de tests sur internet représente un vrai danger. Ils constituent une rupture potentielle de solidarité. Nous allons continuer à être très fermes sur le sujet. Pas question d'autoriser ces sites comme aux Etats-Unis."