L'avenir est-il à la médecine prédictive ? Quel est l'intérêt de faire un test prédictif ?

A quoi bon lire l'avenir, puisqu'on n'y peut rien, dites-vous ? Justement, c'est là que vous vous trompez. Ce qui est peut-être vrai chez les diseuses de bonne aventure ne l'est pas en termes de médecine. Tout l'intérêt des tests prédictifs réside dans le fait qu'ils permettent d'agir en amont de la maladie.

Prenons deux exemples pour illustrer cette théorie. Le test vient de déterminer que votre bébé est atteint de mucoviscidose. Cette maladie qui s'attaque, entre autres, aux poumons, est très grave. Elle est même incurable. Mais les traitements existent pour soulager l'enfant, de même que diverses précautions à prendre afin qu'il puisse mener une vie quasi-normale. Plus ces thérapies sont mises en place tôt, plus les divers symptômes de la maladie vont pouvoir être reculés dans le temps. Le fait de faire le test ne va pas guérir votre enfant. Mais il va sans doute permettre de prolonger son espérance de vie, puisqu'on aura commencé à combattre la maladie avant même qu'elle ait eu le temps de se manifester.

Hygiène de vie adéquate

Deuxième exemple : votre grand-mère et votre mère ont eu un cancer du sein. Après analyse, il s'avère que c'est la version héréditaire et que vous possédez le même terrain génétique qu'elles. Il y a donc un fort risque pour que vous développiez un jour un cancer du sein. Le fait de le savoir vous permet de faire un choix. Vous pouvez décider d'être suivie très régulièrement, afin de détecter le plus tôt possible un éventuel problème. Dans le même temps, vous pourrez mettre en place un mode de vie vous permettant de réduire en théorie les risques : contrôle du poids, activité physique régulière et fréquente, pas de prise hormonale... Certaines femmes décident de procéder à une ablation des seins avant l'apparition de tout cancer, par mesure de sécurité. Ces différentes stratégies appartiennent à chaque patiente. Mais ce qui est sûr, c'est que le test leur a donné le choix d'agir ou non.

Tests probabilistes

Un autre exemple, un peu particulier, celui des diagnostics pré-implantatoire et pré-natal. Tous deux visent à diagnostiquer des pathologies extrêmement sévères chez des embryons. Le but est cette fois très clair : il s'agit de choisir de donner ou non naissance à un bébé qui ne sera pas viable ou dont la qualité de vie sera nettement amoindrie. 

En revanche, le Dr Aymé ne voit pas d'intérêt aux tests qu'elle qualifie de "probabilistes" et qui consistent à dépister un terrain favorable à la thrombose ou à la maladie d'Alzheimer, alors qu'on n'a rien à proposer en termes de prévention. Pire : pour elle, ces tests peuvent même mettre le grand public en danger. "Il y a par exemple un test qui permet de déterminer une susceptibilité aux thromboses, c'est-à-dire aux risque de phlébite. Les gens se croient atteints d'une maladie génétique et on affole toute une famille dont l'un des membres a fait une phlébite, tout ça pour rien car ils ne feront pas forcément d'accident. Allons même plus loin : 70% des personnes qui sont victimes de thrombose ne possèdent pas ce gène de susceptibilité. C'est bien la preuve qu'il n'est pas pour grand-chose dans la maladie et qu'il faut combattre tous les facteurs de risque comme l'immobilité prolongée." 

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