L'avenir est-il à la médecine prédictive ? Quels sont les problèmes éthiques posés par ces tests ?

La médecine prédictive bouleverse trop le monde contemporain pour qu'elle ne soit pas sujette à de nombreux questionnements. Sur le plan médical, bien sûr, mais aussi (surtout) sur le plan éthique. De nombreux aspects sont d'ailleurs abordés, codifiés et soumis à un contrôle sévère dans le cadre de la loi de bioéthique révisée en 2004.

 L'une des questions les plus épineuses est certainement celle qui porte sur les diagnostics pré-implantatoires et/ou prénataux. Pour l'heure, ils visent uniquement à déterminer si un embryon est viable ou si le futur bébé sera atteint d'une pathologie grave, incurable et mortelle. Les parents peuvent alors ne pas avoir recours à l'implantation de l'embryon ou décider d'une intervention thérapeutique de grossesse. Mais techniquement, aujourd'hui, il serait possible d'établir la carte génétique de l'embryon. On voit tout de suite jusqu'où cela pourrait dériver : de la à choisir le sexe, la couleur des yeux, des cheveux, la taille, etc., il n'y a qu'un pas, qu'il serait extrêmement dangereux de franchir.

 Autre souci, avec les tests prédictifs d'une manière générale : tant que les résultats restent entre les mains du principal intéressé et de son médecin, pas de problème. Mais que va-t-il se passer si un jour l'assureur ou l'employeur réclame ce genre de "preuves" ?

 Il convient également de prendre en compte le choc que peut recevoir le patient au moment d'un diagnostic qui peut bouleverser sa vie. D'où l'importance de ne mettre cette possibilité de fournir un diagnostic qu'entre des mains médicales avisées.

 On l'a dit : la fiabilité de ces tests n'est pas toujours optimale et, surtout, nombre des maladies potentiellement détectées sont multifactorielles. Ce n'est pas parce qu'on est "prédisposé" qu'on la développera et, inversement, même sans prédisposition génétique, ces pathologies peuvent vous frapper. "Il faut sortir du tout génétique, s'exclame Jean Leonetti, député et président du comité de pilotage des Etats généraux de la bioéthique. Certes notre couleur d'yeux ou de cheveux est peut-être programmée, mais pour le reste, l'environnement joue un rôle primordial, il ne faut pas accorder une importance excessive au patrimoine génétique." Le Dr Aymé abonde dans son sens : "Le marché pour ce type de tests est énorme et les laboratoires privés qui les ont développés veulent les rentabiliser. Mais c'est dangereux. Ces tests ne sont pas utiles et créent une grande confusion dans l'esprit des gens, qui risque de faire du mal."

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