Dérèglement hormonal chez la femme : symptômes, que faire ?
Les dérèglements hormonaux sont un motif fréquent de consultation des femmes chez le médecin. Quelles sont les hormones en cause ? Quand penser à la thyroide ? Quand faire le lien avec la pilule ? Comment se manifestent un dérèglement ? Les réponses du Dr Pascale Mirakian, gynécologue et endocrinologue à Lyon.
Définition : qu'appelle-t-on un dérèglement hormonal chez la femme
Notre organisme secrète de nombreuses hormones par le biais des organes endocriniens. Ces hormones ont pour rôle de délivrer des messages à notre corps. "Chez la femme, les principaux dérèglements hormonaux sont ceux des hormones sexuelles et des hormones
thyroïdiennes. Les autres dérèglements hormonaux sont beaucoup plus rares" explique le Dr Mirakian.
Dérèglement hormonal sous pilule, ou après l'arrêt de la pilule : symptômes, que faire ?
"La femme sous pilule n'a pas de dérèglement hormonal puisqu'on lui donne des hormones qui miment le cycle, précise la spécialiste. La pilule est d'ailleurs souvent proposée aux jeunes femmes qui ont un cycle irrégulier, dans le but de le réguler." Pour ces femmes, l'arrêt de la pilule marque le retour des troubles de l'ovulation avec un dérèglement hormonal sous forme d'aménorrhée secondaire post pilule" précise le Dr Mirakian. Ainsi, les femmes sujettes aux dérèglements hormonaux, qui ont pris la pilule très jeune avant d'avoir conscience que leur cycle était irrégulier, ainsi que toutes celles qui ont été mises sous pilule pour réguler leurs cycles, retrouveront inévitablement un cycle irrégulier à l'arrêt de la pilule. En revanche, les femmes sans dérèglement hormonal préalable à la prise de pilule, retrouveront leur cycle entre 3 et 6 mois après l'arrêt de la contraception. "L'arrêt de la pilule ne provoque pas de dérèglement hormonal, mais peut révéler un dérèglement hormonal qui était préalable à la prise de pilule" insiste la spécialiste. La gynécologue précise qu'Il est important de faire un bilan aux jeunes femmes dont les règles sont irrégulières, avant de les placer sous pilule. "La pilule traite le symptôme mais pas la cause. Un dérèglement hormonal doit idéalement être identifié pour pouvoir être pris en charge" précise-t-elle.
Dérèglement hormonal et fausse couche
La fausse couche concerne à peu près une femme sur quatre, c'est donc très fréquent. "On ne s'inquiète qu'à partir de 3 fausses-couches, explique le Dr Mirakian En dessous de 3 fausses couches, on considère que c'est la sélection naturelle et on ne soupçonne pas de problème sous-jacent". Au-delà de 3, le dérèglement hormonal fait partie des causes possibles des fausses-couches. De nombreux dérèglements hormonaux peuvent être à l'origine d'une fausse couche : un manque de progestérones ou d'œstrogènes, un dérèglement thyroïdien, une augmentation de la prolactine, le syndrome des ovaires poly kystiques…. En revanche, comme le précise la spécialiste "une fausse couche ne provoque pas de dérèglement hormonal. C'est un dérèglement hormonal préexistant qui peut favoriser le risque de fausse couche."
Dérèglement hormonal après pilule du lendemain : symptôme, que faire
"La pilule du lendemain va dérégler le cycle hormonal en apportant une dose de progestatifs importante" explique l'endocrinologue.
Les symptômes vont donc être ceux d'un dérèglement transitoire des règles (règles décalées, saignements marron…), qui peuvent durer jusqu'à deux mois après la prise du progestatif. "Le dérèglement hormonal provoqué par la pilule du lendemain est transitoire et bénin" insiste le Dr Mirakian.
Les dérèglements hormonaux de la femme qui ne prend pas la pilule
Ils se traduisent par des troubles des règles, des cycles irréguliers voire une aménorrhée. Ces dérèglements peuvent avoir deux origines :
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) :
C'est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, elle touche environ une femme sur 10. Le SOPK est un dérèglement par excès d'androgènes produits par l'ovaire. Les symptômes du SOPK sont : un cycle irrégulier, de l'acné, une tendance à la pilosité, à l'hyper séborrhée et à l'alopécie (chute de cheveux).
Des troubles du comportement alimentaire
Les troubles des règles associées à des troubles du comportement alimentaires représentent 1 à 2% de la population. "Les femmes concernées sont longilignes, voire en amaigrissement. Elles peuvent souffrir de sécheresse vaginale et de sécheresse cutanée. Elles peuvent être aussi extrêmement sportives" décrit la spécialiste. En pratique, les troubles du comportement alimentaire (anorexie principalement), provoquent un déficit des hormones sexuelles, à l'origine d'une importante baisse de la fécondité. Ainsi, une femme souffrant de troubles de l'alimentation et à l'IMC inférieur à 17, perd presque 90% de sa fécondité.
Thyroïde
Les dérèglements thyroïdiens sont plus fréquents chez la femme que chez l'homme et touchent 1 à 2% de la population féminine. Ils se manifestent par un fonctionnement anormal de la glande thyroïde, située à la base du cou. Il y a deux types de dérèglements thyroïdiens : l'hyperthyroïdie (excès d'hormones thyroïdiennes) et l'hypothyroïdie (insuffisance d'hormone thyroïdiennes). Le dérèglement thyroïdien le plus fréquent chez la femme est l'hypothyroïdie. "Chez la femme, les symptômes de l'hypothyroïdie sont généralement : une fatigue généralisée, une hyper-frilosité, et une tendance à prendre du poids." explique l'endocrinologue. L'hyperthyroïdie est beaucoup plus rare et les symptômes ressentis par la patiente sont inverses : amaigrissement, hypersudation, tachycardie…
Syndrome prémenstruel
Le syndrome prémenstruel (SPM), qui se caractérise par l'apparition de certains symptômes physiques et émotionnels et qui survient 2 à 7 jours avant les règles, est secondaire à un manque de progestérone en deuxième partie de cycle. Les symptômes les plus fréquemment ressentis sont : de la fatigue, une sensibilité des seins, des maux de tête, des douleurs au bas ventre et une irritabilité.
Le SPM touche beaucoup de femme, et empêche même 20 à 30% d'entre elles de poursuivre leur activité habituelle.
"Le SPM peut être corrigé par la pilule qui va pallier ce manque de progestérone" explique la spécialiste.
Merci au Dr Pascale Mirakian, gynécologue et endocrinologue à Lyon.