Pourquoi est-on autant fatigué alors que c'est le printemps ?

L'arrivée du printemps entraîne une modification particulière dans le corps dont nous n'avons pas toujours conscience.

Pourquoi est-on autant fatigué alors que c'est le printemps ?
© 123rf-lopolo

Des températures plus douces, des jours qui rallongent, sont plus lumineux (normalement), des fleurs qui bourgeonnent… À première vue, tous les ingrédients clés sont réunis pour ressentir un regain d'énergie et avoir un moral d'acier pour ce printemps. Pourtant, nombreux sont ceux qui accusent un coup de mou en cette période. Comment expliquer cette sensation de fatigue, de lassitude et d'épuisement que l'on prête plus facilement à l'automne ? Réponses du Pr Damien Davenne, spécialiste en chronobiologie à l'Université de Caen. 

L'arrivée du printemps entraîne en fait une modification de l'équilibre hormonal dont nous n'avons pas toujours conscience. Alors que les longues nuits d'hiver favorisent la production de mélatonine, l'hormone du sommeil, l'augmentation de la luminosité a tendance à la freiner ce qui complique l'endormissement. Dans le même temps, la sérotonine, hormone de la bonne humeur, grimpe en flèche. Un cocktail qui donne envie de repousser l'heure du coucher pour profiter des belles journées, mais dans les faits, ce n'est pas aussi simple. "Le printemps est associé à des changements de luminosité qui ont un impact considérable sur notre horloge biologique centrale et par conséquent, sur nos rythmes circadiens. Tout bouleversement demande de l'énergie à l'organisme pour s'adapter" explique le Pr Damien Davenne. "Les jours rallongent, l'envie de dormir diminue et les réveils nocturnes sont plus fréquents. Si ces petites insomnies ne sont pas graves, elles peuvent entraîner un peu de somnolence diurne (la journée, ndlr), d'où la sensation de fatigue."

Une envie de rattraper le temps perdu qui surchage l'emploi du temps

En plus de ces pertubations du sommeil, le printemps est un moment propice au redémarrage d'une activité physique plus intense. "L'envie de bouger augmente, surtout l'activité en extérieur, et la dépense énergétique associée peut provoquer de la fatigue. Les emplois du temps se surchargent. En sortant de l'hiver, on a envie de rattraper le temps perdu. Les tâches se sont accumulées et doivent maintenant être accomplies (comme par exemple le jardin) sinon il sera trop tard. Cette augmentation brutale de l'activité fatigue le corps qui a du mal à s'adapter" poursuit le Pr Davenne. Sans compter que c'est le moment où nous changeons d'heure pour passer à l'heure d'été. Il faut normalement 3-4 jours pour que l'organisme s'habitue mais chez certaines personnes, notamment les très jeunes et les plus âgées, c'est plus compliqué et cela ajoute de la fatigue pendant plusieurs semaines.

Pour lutter contre la fatigue printanière, pensez à vous exposer à la lumière du jour dès le matin, à boire 1,5 à 2L d'eau par jour, à pratiquer une activité physique quotidienne d'au moins 30 minutes, à manger davantage de fruits et de légumes et à dormir au moins 8 heures par nuit. "La sieste peut être un remède efficace" informe le chronobiologiste, pour rattraper les nuits plus difficiles. Le soir, comme le soleil se couche plus tard, veiller à créer une obscurité suffisante dans la chambre pour favoriser la sécrétion de mélatonine et trouver le sommeil plus facilement. Eviter l'intensité lumineuse des écrans qui a tendance à maintenir éveillé. Enfin, rassurez-vous, pour notre expert, la fatigue de printemps est tout de même moindre que celle de l'automne : "Il n'y a d'ailleurs pas de dépression saisonnière à cette saison."