Pourquoi trop dormir rend mou ?

Après une sieste, une grasse matinée... Cette sensation de "brouillard mental" est appelée l'inertie. 

Pourquoi trop dormir rend mou ?
© Antonioguillem - Adobestock

Il est recommandé pour un adulte à partir de 26 ans de dormir entre 6 et 9 heures par nuit. Lorsque l'on dort davantage, à l'occasion d'une grasse matinée ou d'une sieste, la fatigue et la somnolence sont parfois encore présentes au réveil. Le sommeil n'a donc pas été réparateur. Cette sensation de "brouillard mental" est appelée l'inertie"Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer le manque de forme au réveil après avoir beaucoup dormi" explique le Dr Isabelle Poirot, psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil. A commencer par notre mode de vie.

Notre sommeil ne correspond pas à nos besoins physiologiques

Trop dormir et ne pas se sentir en forme au réveil est le résultat de ce qu'on appelle le syndrome d'insuffisance de sommeil "Pendant toute la semaine de travail, les personnes concernées vont avoir un temps de sommeil qui ne correspond pas à leurs besoins physiologiques. Plus elles avancent dans la semaine, plus la fatigue s'intensifie. Elles vont aussi ressentir un grand besoin de dormir au moment où elles devraient faire une sieste pour récupérer." A la fin de la semaine, le week-end devient un moment de récupération où le temps de sommeil est anormalement important avec un lever tardif et/ou une sieste. Malgré cet important temps de récupération, la totalité de la dette de sommeil de la semaine n'est pas rattrapée et l'inertie de sommeil survient "Le cerveau va lutter contre le sommeil tant qu'il peut." En réalité nous avons dormi à un moment où nous n'aurions pas dû. La professionnelle de santé rappelle que nous sommes aussi des "animaux qui dépendent de l'alternance jour/nuit. Nous avons donc une heure privilégiée de lever le matin car nos horloges biologiques sont faites pour que l'ensemble de notre organisme soit bien réveillé, passée une certaine heure." Or cette horloge biologique ne peut s'adapter qu'au bout de quelques jours et non lorsqu'il y a une trop grande différence entre nos levers de la semaine et nos levers du week-end.

Une sieste plutôt qu'une grasse matinée

Pour récupérer de cette dette de sommeil "il vaut mieux privilégier la sieste à la grasse matinée", conseille la spécialiste. Attention il existe néanmoins deux types de sieste : la sieste courte d'une durée de 20 à 30 minutes et la sieste prolongée d'une durée d'une heure à une heure et demie qui équivaut à un cycle de sommeil. La sieste prolongée permet une récupération mais elle augmente le risque d'avoir trop récupéré le weekend, empêchant de s'endormir le dimanche soir. "Une certaine adaptation est possible, le mieux est d'essayer de respecter son temps idéal de sommeil et ses impératifs de réveil." Enfin, le problème d'inertie est particulièrement caractéristique du sommeil des adolescents : "Ils se couchent généralement trop tard et leur lever est pénible car leur horloge biologique est encore en phase de sommeil alors que leur cerveau est réveillé", explique la psychiatre "les adolescents peuvent faire la grasse matinée le week-end mais elle ne doit pas être trop prolongée pour ne pas que leur sommeil soit décalé. Le lever le samedi et le dimanche ne doit pas dépasser trois heures par rapport au lever habituel de la semaine." Si l'adolescent se lève à 7 heures du matin, il ne devrait pas se lever après 10 heures le weekend. En dehors des perturbations liées à notre mode de vie, un manque de forme au réveil "peut être dû à une pathologie sous-jacente comme l'apnée du sommeil, la dépression ou l'hypersomnie (provoquant un sommeil de plus de 11 heures par nuit)", souligne notre interlocutrice. "Ce sont des raisons médicales qui nécessitent d'en discuter avec un médecin."

Merci au Dr Isabelle Poirot, psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil

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